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  • Grand écran: les Anglaises en guerre pour le droit de vote dans "Les suffragettes""

    maxresdefault[1].jpgAvec ce film, la réalisatrice Sarah Gavron revient, en 1912, sur la lutte des Anglaises de toutes conditions sociales pour obtenir le droit de vote. Maud, une jeune mère de famille décide de s'engager auprès du groupe des militantes féministes, un mouvement radical quaiifié à l’époque d’anarchiste, qui doit affronter les brutalités gouvernementales envers des manifestations pourtant pacifiques,

    Dirigées par la célèbre bourgeoise Emmeline Pankhurst (Meryl Streep), personnage charismatique aux apparitions trop rares, même si dans les faits elle était forcée d’œuvrer en coulisses, elles sont alors prêtes à recourir à la violence et tout risquer, leur travail, leur famille, voire leur vie pour obtenir gain de cause.

    C’est ce que rappelle Sarah Gavron évoquant les conditions difficiles dans lesquelles se bat sa courageuse héroïne exploitée et violée par son chef, maltraitée par son mari. Une héroïne symbolique de toutes ces femmes abusées, bafouées, condamnées à se soumettre à l’autorité du mâle.     

    Entre réalité et fiction

    Remontant largement plus avant que dans les années 60 où nous avait emmenés le décoiffant We want Sex Equality montrant des ouvrières revendiquant l’égalité des salaires, c’est à une guerre des sexes nettement plus acharnée et tragique que l’on assiste dans Les suffragettes. Le droit de vote était en effet pour elles une question cruciale pour l’amélioration de leur souvent misérable existence.

    Dans le rôle principal de cette histoire entre réalité et fiction, alliance sinon complicité de classes côté féminin, on trouve  Carey Mulligan qui livre une interprétation à la fois émouvante fine et subtile. Elle contraste avec le recours appuyé au romanesque et au mélo. Le film manque ainsi de souffle et d’une réelle dimension politique. Il reste toutefois historiquement pertinent, exemplaire, et on ne saurait trop le recommander aux jeunes générations.

    A l’affiche dans les salles de Suisse romande dès mercredi 18 novembre.

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  • Grand écran: "L'Hermine" avec un grand Fabrice Luchini, sacré meilleur acteur à la Mostra de Venise

    l-hermine[1].jpgVingt-cinq ans après La Discrète, Christian Vincent, féru de Simenon,  retrouve Fabrice Luchini pour en faire un président de cour d’assises à la fois aigri et amoureux. On est dans le nord de la France. Redouté, dur, exigeant, Miichel Racine souffre d’une grosse grippe qui le rend encore plus antipathique que d’ordinaire. Il doit pourtant présider le procès d’un jeune homme accusé d’avoir tué sa fille de sept ans et qui crie son innocence.

    Alors que les noms des jurés sortent les uns après les autres, Racine remarque parmi eux une femme qu’il a aimée et qu’il n’a jamais oubliée. Au film à procès se mêle ainsi une sous-intrigue romantique révélant la part sensible de cet homme inflexible où l’excellente Sidse Babett Knudsen, vedette de la série politique danoise Borgen donne la réplique à Fabrice Luchini (photo), remarquable de retenue et de sobriété en magistrat austère, maniaque, désagréable, solitaire et moqué de tous qui revient en quelque sorte à la vie.

    Sortant de sa propension à vouloir amuser la galerie, son interprétation lui a valu d’être sacré meilleur acteur à la Mostra de Venise, tandis que son réalisateur obtenait le prix du scénario. Un triomphe que Christian Vincent (photo ci-dessous) de passage à Genève qualifie de complètement inattendu. "Etre sélectionné, c’est déjà incroyable. D’autant que je n’avais pas été retenu à la Quinzaine des Réalisateurs à Cannes et que le jury était composé de gens que j’admire".

    Ce président de tribunal, c’était du sur mesure pour Luchini.

    Absolument. J’avais envie de retravailler avec lui et je le voyais bien en robe rouge. Par ailleurs il était passionné par le sujet. Il a par exemple fait une chose inédite pour lui. Il a passé une demi-journée aux Assises. Et là, il a vu en quoi son rôle consistait vraiment. .

    Comment avez-vous choisi Sidse Babett Knudsen? Une belle surprise. 

    En effet. Elle n’avait jamais tourné en France. Il me fallait une femme de 45 ans. Mais en écrivant le scénario, j’étais un peu perdu. Et puis j’ai vu la troisième saison de la série et j’ai découvert qu’elle parlait couramment le français. Elle avait été jeune fille au pair. 

    BSidstGd5LzoVxL0er0K22hBtKw[1].jpgVous traitez deux thèmes à la fois dans "L'Hermine". On prétend qu’il est dangereux de courir deux lièvres à la fois.

    Je dirais même trois. Je brosse le portrait intime de cet homme amer, grippé, désirant être ailleurs et trouvant un peu d’amour, tout en devant intéresser le spectateur au procès de ce garçon accusé d’infanticide et en me penchant sur les problèmes du jury, un personnage à part entière. Il faut que tout s’imbrique et j’ai fait de mon mieux pour y parvenir. Avec mon monteur, on ne savait pas si ça marcherait..

    Les débats entre les jurés laissent un peu penser à ceux de "Douze hommes en colère". Vous êtes-vous inspiré du film de Sidney Lumet?

    Non. En réalité, je ne connaissais rien à la justice et j'ai découvert beaucoup de choses. J’essaye de faire des films sans a priori et là, j’ai découvert une institution qui m’a épaté. Si d’une manière ou d’une autre  je peux en faire profiter les gens, réhabiliter les magistrats, les présidents de cour d’assises, c’est bien. C’est de l’ordre de la démocratie. Ma démarche tient du didactisme. J’aime les vertus pédagogiques. Et là, je parle aussi de mon pays.

    On aura l’occasion de retrouver Christian Vincent dans un autre registre. Il est en train d’écrire un scénario qui mettra en scène une jeune Marocaine ayant le malheur de trop plaire aux hommes.
     
    A l'affiche dans les salles de Suiisse romande dès mercredi 18 novembre.

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  • Grand écran: "Sangue del mio sangue", une farce baroque et symbolique, signée Marco Bellocchio

    foto-sangue-del-mio-sangue-3-low[1].jpgUn jour de l’an 1648, un fier cavalier,  Federico Mai, frappe à la porte du couvent de Bobbio, petite ville italienne de la région de Piacenza. Il est venu pour tenter de réhabiliter la réputation de son frère jumeau, le prêtre Fabrizio, qui s’est suicidé pour une jeune nonne, Benedetta.

    La soeur est accusée de l’avoir séduit et passé un contrat avec le diable. Pour l’heure, elle est enfermée en attendant son procès. Si elle est convaincue de sorcellerie, Fabrizio pourra être enterré religieusement. Mais refusant de se soumettre au pouvoir ecclésiastique, Benedetta est condamnée à être emmurée vivante.

    Un audacieux saut en avant dans le temps et nous voici en 2015, où le même couvent est habité par un mystérieux comte qui, ne sortant jamais le jour, passe pour un vampire. A nouveau un homme frappe à la porte. C’est un autre Federico, accompagné d’un milliardaire russe désireux d'acquérir le monastère pour le transformer en hôtel de luxe.

    Le comte, refusant de s’adapter à la modernité n’a aucune intention de vendre et corrompt Federico pour qu’il persuade le richissime Russe de renoncer à son achat. Pour cela il devra sortir de son trou et demander de l’aide. Et du coup miracle, son vieux corps exsangue va se régénérer et retrouver sa vigueur

    Avec Sangue del mio sangue, farce symbolique misant sur la subtilité, la finesse et l’humour, Marco Bellochio le rebelle de 74 ans, évoque en un double récit une Italie toujours sous le joug du pouvoir quels que soient ceux qui l’exercent. Hier l’Eglise, aujourd’hui une classe dirigeante plombante et peu encline à évoluer.

    Cette intrigue à tiroirs, baroque, visuellement splendide, pas toujours facile à suivre, se déroule sur fond de religion, de corruption politique, d’argent roi et de justice à plusieurs vitesses. Autant de forces vampiriques qui n’ont cessé, à travers les âges, de se nourrir du sang des sociétés, peinant ainsi à se libérer.

    A l’affiche dans les salles de Suisse romande dès mercredi 11 novembre. 

     

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