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  • Festival de Cannes: "Saint Laurent" de Bonello montre YSL en proie à ses démons

    Très attendu en compétition, Saint Lstlaurent[1].jpgaurent de Bertrand Bonello, sorti quelques mois après celui de Jalil Lespert, tient ses promesses. Mais comparaison n'est pas raison d'autant qu'une constatation s'impose: si celui de Lespert était un film d’acteurs (les excellents Pierre Niney et Guillaume Galienne), celui de Bonello est un film de réalisateur à la mise en scène sophistiquée faite de contrastes, d’allers et retours dans le temps, de montage en split-screen.

    A gauche de l’écran par exemple se succèdent des images d’actualité, Mai 68, guerre du Vietnam, de Gaulle, tandis qu’à droite les mannequins descendent les marches de la maison de couture avec les dates des collections qui s‘inscrivent.

    En outre, alors que Lespert se concentrait sur l’histoire d’amour entre YSL et Pierre Bergé, son compagnon pendant plus de cinquante ans, l’auteur de L’Apollonide, s’est plus particulièrement penché, avec la complicité de Gaspard Ulliel et de Jérémie Renier, sur la période 1965-1976. La décennie la plus riche en terme de mode et de vie du héros de l’histoire.

    Grandeur et décadence
     
    Elle montre YSL professionnellement au sommet de son génie et de sa gloire, qui vient de sortir la collection  Mondrian, va créer le fameux smoking pour femmes et un parfum. Mais, en proie à ses tourments existentiels et aux démons qui le rongent, il tombe sur le plan personnel.
     
    Le film ouvre en 1974. On voit de dos une silhouette descendre dans un hôtel. Yves Saint Laurent prend une chambre sous le nom de Swann, téléphone à un journaliste et lui raconte sa dépression pendant son service militaire, sa cure d’électrochocs et sa dépendance aux drogues.
     
    la-production-de-saint-laurent-de-bertrand-bonello-repoussee,M108198[1].jpgOn pense alors se diriger droit vers le biopic avec fllash back à l'appui. Sauf que ce n’est pas du tout cela. Il ne s'agit pas non plus à proprement parler d'un processus de création même si on voit relativement fréquemment Saint Laurent dessiner. Parfois fiévreusement. Il est également, outre quelques défilés spectaculaires, assez peu question de mode. En fait, qui ne connaît pas le grand couturier, n’en saura pas vraiment davantage au bout de 2h30. Une longueur qui se fait parfois un peu sentir.

    Entre aventures, shoot et partouzes homos
     
    Il existe par ailleurs un aspect côté documentaire dans cet opus montrant les couturières et les petites mains au travail, la rigueur hiérarchique qui règne dans l’atelier, tandis qu’Yves Saint Laurent s’étourdit dans le monde de la nuit. Ce qui permet à Bonello d’insister sur ses aventures sexuelles et notamment sa relation sulfureuse avec le dandy Jacques de Bascher.

    En pleine autodestruction, YSL erre avec son amant du moment en quête d’aventures, se shootant aux médicaments ou se perdant dans des partouzes homos, laissé inconscient et blessé sur un chantier où vient le récupérer Pierre Bergé au petit matin. 
     
    Gaspard Ulliel est formidable
     
    C’est un Louis Garrel plutôt torride qui se glisse dans la peau de Jacques de Basher. Quant à Gaspard Ulliel, il est formidable. Un candidat sérieux au prix d’interprétation. Evitant le mimétisme et l’imitation, il ne cherche pas à être Saint Laurent mais se révèle juste et vrai dans la voix, la démarche, la gestuelle, On n’en dira pas autant de Jérémie Renier, qui se révèle moins bon que Guillaume Gallienne chez Jalil Lespert. Assez logiquement dans la mesure où il est réduit, à quelques exceptions près, au rôle ingrat de businessman froid que lui a assigné Bertrand Bonello.
     
    On connaît la polémique entourant les deux opus. Celui de Lespert est adoubé par Pierre Bergé qui détient un droit moral sur l’œuvre d’YSL. En revanche il n’a pas donné son approbation à l’adaptation de Bertrand Bonello. Une question évidemment posée au cinéaste lors de la conférence de presse. «Je n’ai pas vu l’autre film, dont le projet était postérieur. Je me suis concentré sur le mien et pris la liberté de faire ce dont j’avais envie », a-t-il déclaré en substance, son producteur ajoutant que «le film de Lespert nous a libéré du biopic traditionnel ».

     

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  • Festival de Cannes. "Timbuktu", une ville prisonnière des djihadistes. Le choc

    imagesCANPSPVW.jpgAprès l’insipide, sinon affligeant Grace de Monaco, descendu par la critique, on est passé aux choses sérieuses. Et subi un choc avec le premier film en compétition Timbuktu du Mauritanien  Abderrahmane Sissako qui lui, au contraire, semble faire l’unanimité sur la Croisette.

    Il a planté sa caméra à Tombouctou pour raconter le quotidien infernal de cette ville tombée aux mains des djihadistes. A travers les yeux de Kidane, menant jusqu'ici une vie simple et heureuse sous sa tente en compagnie de sa femme et de sa fille, il nous laisse éprouver la terreur que font régner des extrémistes religieux parcourant les rues armés de kalachnikov. D’une redoutable bêtise, ils représentent les nouveaux visages de l’obscurantisme.

    Les interdictions pleuvent. Pas de musique, pas de cigarettes, pas de rires, pas de football, pas de flânerie.  Les hommes sont forcés de retrousser leurs pantalons, les femmes contraintes de porter non seulement le voile, mais des gants et des chaussettes.

    Tout manquement signifie mort ou torture décrétée par de ridicules juges siégeant dans des tribunaux improvisés au terme de simulacres de procès. D’où des images insoutenables d’un couple lapidé ou d’une jeune femme ayant commis l’’imprudence de chanter condamnée à quarante coups de fouets. Et qui hurle de douleur au milieu du désert.

    Dans ce film dénonçant les atteintes aux libertés et aux droits de l’homme, l’auteur de Bamako, son précédent long-métrage, réussit à éviter le piège du manichéisme et du pathos, allant jusqu’à se permettre quelques notes d’humour. A la violence des hommes et des situations, il mêle des moments de douceur, de poésie, de somptuosité des paysages. Ou encore de grâce bafouée, comme cette gazelle traquée, galopant dans les dunes en ne sachant comment échapper aux bourreaux.  

    Timbuktu  figure parmi les outsiders. Mais de cette fable en forme de pamphlet, on ressort bouleversé par un propos d’une brûlante et cruelle actualité.

    Un Mike Leigh peu enthousiasmant en dépit de sa beauté

    images[3].jpgGrand cinéaste britannique, Palme d’Or en 1996 pour Secrets et mensonges, Mike Leigh revient pour la cinquième fois en compétition avec Mr Turner, précurseur des impressionnistes. Evoquant les 25 dernières années de celui qui fut surnommé le peintre de la lumière, il capte ses deux visages. Celui d’un artiste visionnaire et celui de l’homme « très mortel » personnage complexe et tourmenté, dévoré par son art et par ses blessures.

    Ce personnage hors normes, autodidacte instinctif à la fois rustre et doté de grandes capacités intellectuelles était victime, en dépit de sa célébrité, de sarcasmes et de  railleries venant à la fois du public et de l’establishment. Il avait notamment de grosses difficultés à s’exprimer. Au lieu de parler il grognait, déclarait en conférence de presse l’acteur Timothy Spall (photo) qui a enfilé le costume de l’artiste et qui se trouve déjà parmi les favoris dans la course au prix d’interprétation. Il s’est amusé à se comparer à Turner en se qualifiant également de drôle de gros petit bonhomme.

    Malgré son talent, les qualités formelles et visuelles de cette œuvre ambitieuse, on peine toutefois à s’enthousiasmer véritablement. Mike Leigh a tendance à ronronner dans ce portrait classique et un peu trop calibré cannois pour surprendre.

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  • Festival de Cannes: de Nicole Kidman à Jane Campion, la Croisette en effervescence

    nicole-kidman-est-grace-de-monaco-99807_w1000[1].jpgLes voitures roulent pare-chocs contre pare-chocs, les piétons envahissent les trottoirs, Lambert Wilson se cherche une cool attitude pour son rôle de maître de cérémonie et le beau Mastroianni, regardant par-dessus ses lunettes noires, trône sur d’immenses affiches de 300m2, ornant les façades du Palais.

    En plus petit, il décore les vitrines de toutes les boutiques et devantures des restaurants, tandis que 17 stars internationales, de Scorsese à Natalie Portman, immortalisées par les photographes de l’agence Getty, s’exhibent sur les murs de la ville.

    Côté cinéma, c’était la bousculade des grands jours. Sans surprise Nicole Kidman avait rameuté une foule immense avide de suivre la conférence de presse qui suivait la projection, sifflée par les journalistes, de Grace de Monaco, présenté hors compétition.

    Impatiemment attendue pendant plus d’une heure par les "happy few" ayant décroché un siège, la star, glamourissime, a fait son entrée. Robe blanche fluide, longs cheveux blonds ondulés, teint de porcelaine pour un visage illuminé au rouge baiser éclatant. Entre Cannes et elle, c’est une histoire d’amour. « Il y a dix ans que je viens ici. Ma carrière est marquée par ce festival. Lorsque j’étais membre du jury, en 2013, j’ai vécu la quinzaine la plus fabuleuse de mon existence ».

    Aujourd’hui, elle défend le long-métrage d’Olivier Dahan auquel elle aurait évidemment donné la Palme d'Or si elle avait œuvré dans cette 67e édition aux côtés de la présidente Jane Camion. Vu la qualité contestable de l'opus, il n'est pourtant pas sûr qu'elle eût réussi à convaincre ses petits camarades Rappelons que l’opus tendant parfois au ridicule en frisant l’outrance, évoque la période particulière où Grace Kelly a dû choisir entre rentrer à Hollywood pour tourner Marnie sous la direction d’Alfred Hitchcock et rester Altesse Sérénissime sur le Rocher. Tandis que le général de Gaulle menace d’annexer Monaco.

    Proche de la star devenue princesse

    Pour Nicole Kidman, ce rôle fut un énorme défi à relever. "Cela m’a donné la chair de poule. Je cherche des films de ce genre et c’était le cas". Elle a eu cinq mois pour se documenter. "J’ai écouté la voix de Grace, consulté beaucoup d’archives. J’ai vu nombre de ses films dont ceux réalisés par Hitchcock. Mon préféré est Fenêtre sur cour. Mais si je me suis glissée dans la peau de cette femme, il était important de ne pas me sentir piégée par elle". 

    "L’amour est une émotion fondamentale"

    La comédienne se sent proche de l’actrice devenue princesse. "Elle a choisi l’amour. Beaucoup de personnes le font. C’était une grande star américaine, mais elle voulait se marier, fonder une famille. Je comprends sa décision. En même temps, quand on a une passion comme la sienne on est poussé vers sa carrière et c’est difficile de s’en éloigner. J’ai des points communs avec elle, dans la mesure où je me pose les mêmes questions. Sauf que je n’ai pas épousé un prince…  (le chanteur Keith Urban)".
     
    Bien qu’elle n’y ait jamais été contrainte, Nicole Kidman pourrait elle aussi envisager de mettre un terme à sa carrière au profit de sa vie privée. "L’amour est l’émotion la plus fondamentale. Lorsque j’ai eu mon Oscar (pour The Hours), j’ai vécu une période d’extrême solitude. J’étais au sommet professionnellement, mais au creux le plus profond sur le plan personnel. Et puis, quand on a des enfants, tout change et on remet tout en place. 

    Interrogée sur la polémique entourant le film et entretenue par Albert, Caroline et Stéphanie qui refusent de le voir, Nicole Kidman affirme être attristée par la controverse tout en comprenant la réaction des enfants de Grace et de Rainier. "Ce sont leur père et de leur mère. C’est normal qu’ils veuillent garder une certaine discrétion. Mais il ne s’agit pas d’une critique envers le prince. Si on a pris des libertés avec la réalité, on a tourné avec beaucoup de respect et d’amour pour la famille Grimaldi".

    images[6].jpgJane Campion entre ses girls and ses boys

    Pas de répit pour les braves. On a enchainé avec la conférence du jury. La présidente Jane Campion s’est montrée en compagnie de ses quatre girls et de ses quatre boys. Mais ne dérogeant pas à l'habitude, ni les filles ni les garçons, n’ont fait preuve d’une folle originalité.

    Tous, boss compris, se sont en gros déclarés heureux, fiers et honorés d’être là. Et ont promis le silence radio jusqu’à la remise des prix le 24 mai. On n’en attendait franchement pas moins…

     

     

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