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  • Cinéma: "Tout est permis" pointe nos comportements coupables au volant

    coline-serreau-sera-presente-ce-mardi-pour-la-projection-en_1646783_800x400[1].jpgLe documentaire est un genre que semble apprécier Coline Serreau (photo). Quatre ans après son pamphlet écologique Solutions locales pour un désordre global, elle y revient avec Tout est permis où elle nous emmène dans un stage de récupération de points. On y rencontre des conducteurs de tous les milieux sociaux qui racontent leurs expériences.

    D’où une série de témoignages édifiants ou provoquant le rire. Celui de cette femme qui éprouve du plaisir à accélérer brutalement avec sa puissante machine, de cet homme assurant ne pas téléphoner au volant, seulement répondre, ou encore de cet autre qui perd son permis vingt minutes après l’avoir récupéré… Mais il y en a de plus dramtiques évidemment.

    Aux récits des automobilistes fautifs, souvent récidivistes, inconscients et de mauvaise foi s'insurgeant  contre les radars bouffeurs de fric et de points, des avocats qui blâment le système, répondent en les contredisant des éducateurs, des professeurs de médecine, des animateurs, ou des victimes d’accidents graves qui leur ont bousillé l’existence.

    C’est à la fois intéressant, révélateur, tant Coline Serreau, qui a elle-même participé à ce genre de stage, sait mettre le doigt sur nos comportements coupables en voiture. Mais formellement c’est faible et l’ensemble a davantage sa place à la télévision que dans une salle de cinéma. Encore que cette promotion pour la sécurité routière, en dehors de statistiques très parlantes et d'images chocs, souffre de sa longueur et de son filmage paresseux pour retenir jusqu’au bout l’attention de n’importe quel spectateur. 

    Film à l’affiche dans les salles de Suisse romande dès mercredi 7 mai.
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  • Cinéma: "Recycling Lily" se moque d'une Suisse propre en ordre. Laborieux

    bb3f48bb5bb6775b72d2217463a1a1836a887b02[1].jpgDans ce village suisse alémanique on ne plaisante pas avec les ordures ménagères, qui sont ramassées  entre 6h et 7h. Ni avant, ni après. L’inspecteur de la voirie Hansjörg Stähli veille jalousement sur le tri sélectif,  tout en donnant des cours de sensibilisation au recyclage, deux  missions capitales dont il s’acquitte avec rigueur. 

    Mais ne voilà-t-il pas qu’un vandale se met à semer des sacs et des sacs de détritus dans la nature. De quoi  perturber gravement l’univers de notre homme, obnubilé par sa fonction et les règles strictes qu’elle implique. Jusqu’au jour où il découvre que ce dangereux terroriste n’est autre qu’Emma, la fille de Lily, une serveuse dont il est secrètement amoureux. Mais la situation se complique car Lily est une entasseuse compulsive, vivant parmi des monceaux de déchets qu’elle ne cesse d’amasser et dont Emma cherche à se débarrasser. 

    Recycling Lily est signé de Pierre Monnard, publiciste lausannois souvent récompensé pour ses courts-métrages et ses clips musicaux, qui a grandi à Châtel-Saint-Denis, étudié le cinéma en Angleterre et vit aujourd’hui à Zurich. L’idée de son premier long-métrage est parti du portrait d’un inspecteur de la voirie à Bâle lu dans la presse et de la découverte de la syllogomanie, ou accumulation pathologique d’objets divers. Une névrose propice à faire régner le chaos au pays du propre en ordre. 

    Et surtout matière à en rire. En soi, vouloir se moquer d’une Suisse obsédée par la propreté et autres psychoses est séduisant. Mais encore faut-il maîtriser son sujet et ses clichés. Ce que ne réussit guère Pierre Monnard dans cette laborieuse comédie, où on retiendra surtout le côté visuel avec ses couleurs acidulées façon années 70.

    Pour le reste, non seulement la plupart des personnages imaginés sont ridicules, mais leurs interprètes sont mauvais. De la tête d’affiche Bruno Cathomas (photo) au malheureux Romand d'occasion Claude Blanc, pathétique dans ses débuts cinématographiques. Seule la petite Luna Dutli (Emma) parvient à tirer un peu son épingle du jeu.

    Film à l’affiche dans les salles romandes dès le 7 mai.



     

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  • Cinéma: "Two Men In Town", avec Forrest Whitaker entre damnation et rédemption

    la-voie-de-l-ennemi[1].jpgAvec Two Men In Town (La voie de l’ennemi) deuxième volet, après Just Like A Woman, de sa trilogie consacrée aux relations entre les Etats-Unis et le monde arabe, le réalisateur maghrébin Rachid Bouchareb propose un remake de Deux hommes dans la ville (1973), vibrant plaidoyer contre la peine de mort de José Giovanni, où Alain Delon et Jean Gabin tenaient les rôles principaux.  

    Là, c’est Forrest Whitaker (l’ancien gangster William Garnett) qui donne la réplique à Harvey Keitel (le shérif Bill Agati). Garnett vient d’être libéré sur parole après avoir passé 18 ans derrière les barreaux pour le meurtre d’un flic. Alors qu’il tente de reprendre une vie normale avec l’aide de l’agente Emily Smith (Brenda Blethyn) chargée des mises à l'épreuve, il se heurte à l’irrépressible désir de vengeance du shérif, qui veut lui faire payer cher la mort de son adjoint et n'a de cesse de le voir replonger. 

    Tout en montrant la fragilité de la réinsertion d’un ex-taulard, Rachid Bouchareb étoffe son portrait. Garnett s’est converti  à l’islam en purgeant sa peine. La bague à l’étoile et au croissant musulmans au doigt, son tapis de prière sous le bras, il s’est forgé une nouvelle identité. Mais celle-ci, tout comme son aspiration à une existence poaisble en saisissant cette deuxième chance offerte et la relation qu’il noue avec une jeune femme ne pèsent pas lourd face au harcèlement du très rancunier Bill Agati. Sans oublier un vieux complice qui vient le relancer.

    L’action s’étire lentement dans la chaleur accablante, la poussière et l’aridité des paysages désertiques du Nouveau Mexique. Un décor de western, prétexte à de magnifiques images pour ce polar à la fois noir et contemplatif, qui vaut surtout par la prestation des acteurs.

    A commencer par Forrest Whitaker, excellent dans ce personnage qui, entre damnation et rédemption, lutte pour contenir sa rage et sa violence. Brenda Blethyn se montre également convaincante en policière intransigeante, dure mais éprise de justice. Quant à Harvey Keitel, un rien rassis sur les bords, il fait correctement son boulot. En revanche, on peine à croire à l’histoire d’amour  de Garnett, tandis que sa conversion en principe importante, apparaît curieusement plus que secondaire dans le traitement sans enjeu que Bouchareb lui réserve.

    Film à l’affiche dans les salles romandes dès mercredi 7 mai.

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