Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

- Page 2

  • Festival de Cannes: La Palme d'or pour "La vie d'Adèle"... et l'exception Spielberg

    2013-05-26T181957Z_640469615_LR2E95Q1EWYMS_RTRMADP_3_FILM-CANNES_0[1].jpgDu jamais vu. Le jury du Festival de Cannes présidé par Steven Spielberg ne s’est pas contenté de récompenser  le meilleur film de la compétition. Il a décidé d’innover en décernant  la récompense suprême au réalisateur Abdellatif Kechiche et à ses deux actrices Adèle Exarchopoulos et Léa Seydoux. 

    Ce geste grandiose a provoqué une intense émotion, des larmes de bonheur et une standing ovation de la part du public sous le charme.

    Certes il m’était impossible d’imaginer une autre issue pour cette perle de trois heures somptueusement mise en scène et plébiscitée par la quasi-totalité des critiques, toutes nationalités confondues. Il n’empêche que j’en avais des frissons d’angoisse dès le début de la cérémonie de clôture joliment animée par Audrey Tautou.
     
    Les lauréats se succèdent sur la scène de l’Auditorium Lumière, recevant leur médaille des mains de stars. Kechiche n’est toujours pas cité… Et puis Uma Thurman arrive et…ouf ! Au bout du suspense la Palme d’or va à La vie d’Adèle, chapitre 1 et 2, un chef d’œuvre qui a tout simplement créé l’événement de cette 66 e édition. En racontant la plus belle et la plus torride des histoires d’amour entre deux jeunes femme sublimes, qui ont livré une prestation  aussi  bouleversante qu’exceptionnelle.

    Des frères Coen à Bérénice Bejo

    Du coup, face à la fièvre d’une telle œuvre,  le reste du palmarès en devient presque anecdotique. Il correspond aux rumeurs qui agitaient la Croisette ces derniers jours. Ainsi les frères Coen ont décroché le Grand Prix pour Inside Llewyn Davis, ou  une semaine dans la vie d’un jeune chanteur folk à Greenwich Village en 1961.

    Le Japonais Hirokazu Kore-Eda a obtenu le prix du jury pour Tel père, tel fils, drame émouvant sur fond d’échange de bébés à la naissance. Le Chinois Jia Zhangke  a raflé celui du scénario  pour A Touch Of Sin décrivant les dérives brutales dans la Chine contemporaine et le Mexicain Amat Escalante celui de la mise en scène pour Heli. Un long-métrage radical sur le destin dune famille confrontée à la violence extrême des narcotrafiquants. Certaines scènes sont insoutenables.

    L’interprétation pour terminer. Bérénice Bejo en pleurs et sans voix a été sacrée meilleure actrice pour son rôle dans Le passé de l’Iranien Ashghar  Farhadi, tandis que le vétéran Bruce Dern  remportait le prix du meilleur acteur dans Nebraska d’Alexander Payne. Le film raconte l’odyssée rocambolesque d’un vieil homme têtu, qui croit avoir gagné un million de dollars à la loterie et tient absolument à toucher son argent

    Globalement, ce cru 2013 a de la classe. Notamment en compétition, où on a vu davantage de  très bons films que d’habitude. Dommage toutefois que certains n’aient pas répondu aux attentes, comme Only God Forgives de Nicolas Windingh Refn, l’auteur culte de Drive, ou encore Un château en Italie de Valeria Bruni Tedeschi,  la seule femme en lice.

    Caméra d'or singapourienne

    Belles découvertes également dans les volets parallèles, plus particulièrement à la Quinzaine des réalisateurs où le directeur Edouard Waintrop avait déniché Ilo ilo du Singapourien Anthony Chen, récompensé par la Caméra d’or qui distingue le meilleur premier film de toutes les sections du festival. 

    En fait, à part la pluie, la véritable ombre au tableau fut la présence surprise de DSK samedi soir, qui a jugé bon de venir s’exhiber sur tapis rouge et dans une montée des fameuses marches avec sa nouvelle compagne. Pour reprocher ensuite aux journalistes d’en faire tout un plat. Décidément pas gêné ce monsieur!

    Lien permanent
  • Festival de Cannes: A qui la Palme d'or? Plébiscite critique pour "La vie d'Adèle". Mon palmarès.

    590353_abdellatif-kechiche[1].jpgDès la projection de La vie d’Adèle, chapitre 1 et 2, l’affaire était pour moi entendue. J’avais vu ma Palme d’or. Pourtant, après Abdellatif Kechiche (photo), trois grands réalisateurs restaient en lice pour décrocher le Graal cannois.
     
    Eh bien ni James Gray avec The Immigrant, mélo sur fond de débarquement, dans les années 20 à New York, d’une jeune Polonaise obligée de se prostituer, ni Jim Jarmush avec Only Lovers Left Alive, évoquant deux fragiles vampires métaphores de la vie humaine actuelle, ni Roman Polanski et sa délurée Vénus à la fourrure n’ont réussi à faire bouger les lignes.

    Autrement dit, la compétition achevée, La vie d’Adèle caracole toujours largement en tête de la course. Du moins si je me réfère aux critiques de la presse hexagonale qui distribue ses étoiles dans Le film français. Ils ont décerné douze palmes sur quinze possibles au film du réalisateur franco-tunisien. Du  jamais vu dans les annales du magazine. J'espère simplement que cela ne portera pas la poisse à l’auteur de la perle rare.

    Pour les autres récompenses, Gand Prix, Prix du jury, Prix du scénario et de la mise en scène, ressortent dans le désordre les favoris suivants des journalistes, toutes nationalités confondues: Le passé de l’Iranien Asghar Farhadi, Inside Llewyn Davis des frères Coen, A Touch Of Sin du Chinois Jia Zhangke La grande bellezza de l’Italien Paolo Sorrentino, ou encore Tel père, tel fils du Japonais Hirokazu Kore-Eda .

    606x403_la-vie-d-adele-exarchopoulos-seydoux-2405[1].jpgCôté interprétation féminine, la révélation du festival Adèle Exarchopoulos et Léa Seydoux, les deux héroïnes de Kechiche (photo) semblent remporter la majorité des suffrages médiatiques. Mais il est aussi question ici et là de Bérénice Bejo dans Le passé, de Kristin Scott Thomas dans Only God Forgives de Nicolas Winding Refn, de Marine Vacth dans Jeune & jolie de François Ozon, d'Emmanuelle Seigner dans La Vénus à la fourrure, de  Marion Cotillard dans The Immigrant.

    Les hommes se bousculent également au portillon pour le sacre du comédien. On trouve ainsi  le tandem Michael Douglas et Matt Damon pour Ma vie avec Liberace de Steven Soderbergh, Tony Servillo pour La grande bellezza, Oscar Isaac pour Inside Llewyn Davis, ou encore Mathieu Amalric présent dans Jimmy P. d'Arnaud Depleschin et La Vénus à la fourrure.

    Des pronostics que je partage pour la plupart. Mais comme il faut un peu se mouiller dans l’existence, voici mon propre palmarès:

    Palme d’or : La vie d’Adèle chapitre 1 et 2, d’Abdelattif Kechiche
    Grand prix: Le passé d’Asghar Farhadi
    Prix du jury: Tel père, tel fils d'Hirokazu Kore-Eda
    rix du scénario: Inside Llewyn Davis des frères Coen
    Prix de la mise en scène: La grande bellezza de Paolo Sorrentino 
    Prix d’interprétation féminine: ex-aequo Adèle Exarchopoulos et Léa Seydoux pour La vie d’Adèle.
    Prix d’interprétation masculine: Michael Douglas dans Ma vie avec Liberace de Steven Soderbergh.

    Rassurez-vous, je n'oublie pas pour autant la formule consacrée: le journaliste propose, le jury dispose… Verdict dimanche soir.

    Lien permanent
  • Festival de Cannes: "La vie d'Adèle" pour une Palme d'or

    La%20Vie%20d'Adèle_0[1].jpgContrairement aux stars américaines, le réalisateur franco-tunisien Abdellatif Kechiche qui vivait sa première à Cannes avec son cinquiuème film et ses deux sublimes héroïnes n’avaient pas rameuté la grande foule en conférence de presse.

    Et pourtant ce sont bien eux qui nous ont procuré jusqu’ici  la plus formidable émotion du festival en nous racontant la plus bouleversante des histoires d’amour vues au cinéma depuis longtemps. Un pur joyau de trois heures qui passent comme un éclair.

    La révélation cannoise Adèle Exarchopoulos et Léa Seydoux sont évidemment pour beaucoup dans la réussite de l’œuvre. Elles mériteraient le prix d’interprétation pour leur extraordinaire prestation dans cette torride passion homosexuelle, magnifiquement mise en scène.
     
    Coup de foudre se muant en liaison, puis en rupture sur fond d’éducation, de transmission, ce film toujours vrai, juste, sous tension érotique extrême, contraste avec la platitude de certains autres prétendants à la Palme d’or. Il est librement inspiré de la bande dessinée de Julie Maroh, Le bleu et une couleur chaude.

    On y suit Adèle, une très jolie fille de 17 ans. Exaltée par la lecture de La vie de Marianne de Marivaux, elle sort avec des garçons, mais n’est pas très emballée par une brève aventure avec l’un d’eux. Sa vie de lycéenne bascule alors en rencontrant dans un bar lesbien Emma, un peu plus âgée qu’elle. Adèle succombe follement à cette jeune femme aux cheveux bleus qui veut devenir peintre et lui fait découvrir le désir.

    Une confiance aveugle en leur réalisateur

    Terrassées, toutes les deux se laissent emporter par l’ivresse et la violence irrépressible des sentiments qui culminent dans de sulfureuses scènes sexuelles, mais dont le côté sculptural des corps et la grâce des visages font oublier la crudité. Un total don de soi de la part des deux actrices, avouant  non seulement leur confiance aveugle en Abdellatif Kechiche, mais leur grosse envie  de travailler avec lui.

    Adèle Exarchopoulos a parfois oublié la caméra tant elle se sentait libre. Ce n’est pas  vraiment le cas de Léa Seydoux qui entretient un rapport particulier avec l’objectif. "On a tourné très longtemps et il nous arrivait d’avoir des fous rires. C’était un challenge". Rappelant un rôle osé, elle avouait sa fébrilité à l’idée de voir ces scènes dans la grande salle de l’Auditorium Lumière. "Cela s’est fait dans des conditions particulières, c’était assez éprouvant et cela va provoquer c’est sûr".

    De son côté, le cinéaste dédramatise en  évoque la notion de jeu. "En plus de la beauté de l’acte en soi, c’est amusant pour des acteurs de jouer quelque chose qui ne leur appartient pas".

    Interrogé sur la  coïncidence du sujet avec le battage autour de l’égalité des droits et du mariage gay, Kechiche répond que ce contexte politique n’existait pas quand il s’est lancé dans l’aventure de La vie d’Adèle. "Je n’ai pas réalisé un film militant sur l’homosexualité. Mais s’il est vu de cette manière, cela ne me dérange pas".

    Serait-il prêt à procéder à des coupes pour le vendre dans des pays qui ont d’autres manières d’aborder l’amour ou le sexe? "Je considère qu’un film sert à exprimer quelque chose d’artistique. On m’a parfois demandé des coupes à cause de la censure. Je n’ai pas envie qu’un film ne soit pas vu à cause d’une scène. Je peux donc faire des compromis".

    Cela dit, l'opus est par exemple déjà vendu aux Etats-Unis parfois à cheval sur la morale, mais il n’y a eu jusqu’ici pas une seule demande dans ce sens.

    Lien permanent