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  • Grand écran: Avec "L'Innocence", Hirokazu Kore-Eda continue à explorer les mystères de l'enfance

    Grand cinéaste de la famille en général et de l’enfance en particulier, le Japonais Hirokazu Kore-Eda revient avec L’Innocence (Monster), qui avait obtenu en mai dernier le Prix du scénario et la Queer Palm à Cannes. Il suit Minato, un jeune garçon dont l’attitude intrigue. Cela commence par une drôle de question qu’il se pose en regardant un immeuble en feu du haut de son balcon, où il se tient avec Saori, sa mère. 

    Par la suite, son comportement est de plus en plus bizarre. Il semble qu’un de ses professeurs soit responsable des problèmes qui le bouleversent. Très inquiète, Saori qui l’élève seul depuis la mort de son père, décide de se rendre à l’école pour en savoir davantage. Ce n’est pas facile, la vérité se révèlant plus complexe, subtile et émouvante au fur et à mesure du déroulement de l’enquête. Et ce qui commence comme un drame sur le harcèlement scolaire, montré à travers les points de vue forcément différents de la maman, du professeur et de Minato, évolue vers une relation amoureuse avec un autre petit élève.  

    Interrogeant les mystères de l’enfance, l’éveil aux émotions sexuelles, parfaitement interprété, conçu comme un thriller avec de nombreux rebondissements pour nous amener au fin mot de l’histoire, le film ne nous emporte pourtant pas autant que les œuvres précédentes de l’auteur.  

    Traitant de la question de l’homosexualité restée délicate au Japon qui n’a toujours pas légalisé le mariage homosexuel, montrant les angoisses liées à la peur de l’exclusion et au sentiment d’’injustice, Kore-Eda  nous perd volontairement dans une structure narrative  éclatée tenant du puzzle, au fil d’une intrigue parfois inutilement tarabiscotée. 

    A l’affiche dans les salles de Suisse romande dès mercredi 27 décembre. 

     

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  • Grand écran: "La fille de son père", comédie originale et fantaisiste avec Céleste Brunnquell. Interview

    Après Perdrix en 2018, Erwan Le Duc revient avec La fille de son père. Comédie originale, elle se distingue par son ton, en offrant de la filiation et de la paternité une vision décalée et pleine de fantaisie , en mettant en scène Etienne( Nahuel Pérez Biscayart)  et Rosa (Céleste Brunnquell), deux personnages attachants qui entretiennent une relation fusionnelle..
     
    Flash-back rapide pour la mise en place.  Etienne, 20 ans, rencontre Valérie dans une manif à Paris. Coup de foudre, amour fou, naissance de Rosa.  Et puis Valérie s’en va sans explication, laissant le jeune père-se débrouiller avec le bébé. Faisant preuve de résilience en dépit de sa tristesse Etienne, devenu entraîneur de foot amateur (clin d’œil de l’auteur, ancien journaliste sportif), élève seul sa fille, lui vouant un amour inconditionnel. C'est réciproque, chacun se consacrant à l’autre dans un rapport d’égalité peu commun, évoquant sans tabou et avec humour tous les sujets.
     
    La séparation s’annonce difficile
     
    Joie, tendresse  et bonne humeur règnent dans la maison. Mais seize ans se sont écoulés et le moment semble venu de tourner la page. Etienne voudrait vivre avec sa nouvelle dulcinée (Maud Wyler) et Rosa, admise aux Beaux-Arts de Metz  est sur le point de quitter le nid. Avec réticence. Alors que la séparation s’annonce difficile, Etienne retrouve par hasard une trace de Valérie en regardant une émission télévisée. Le passé ressurgit...
     
    Tout en traitant sérieusement de la perte d’un amour et d’une mère, Erwan Le Duc refuse de dramatiser, émaillant son récit de scènes cocasses, de dialogues farfelus et de situations burlesques. A l’image d’une scène baroque avec Noémie Lvovski au bord d’un terrain de foot.
     
    N’évitant toutefois pas quelques longueurs et bavardages, le film  vaut surtout pour son interprétation.  Nahuel Pérez Biscayart, révélation de 120 battements par minute se glisse avec bonheur dans la peau de ce père qui a mis une croix sur le passé pour mieux s'occuper de son enfant. Il est irrésistible avec son côté Buster Keaton de poche, ses grands yeux étonnés qui lui mangent le visage. 

    De son côté, voulant devenir peintre et amoureuse d’un jeune poète courtois (Mohammed Louridi), Céleste Brunnquell, découverte dans Les éblouis et En thérapie, séduit par son côté cash, pétillant, intrépide, insolent. .
     
    Une actrice qui monte et qui a des convictions
     
    D’origine allemande, 21 ans, née à Paris, Céleste, rencontrée récemment à Genève, est une actrice qui monte et qui affiche des convictions féministes. C’est aussi une grande lectrice et une bosseuse qui s’engage dans ses choix de films. Alors que La fille de son père sort sur les écrans, on la retrouve dans trois autres longs métrages qu’on devrait bientôt découvrir  et s’apprête à en tourner un autre en janvier. Elle s’intéresse par ailleurs de plus en plus aux documentaires qui  traitent de l’intime, du social ou de la politique
     
    Précoce, elle a commencé la danse au berceau et le théâtre à 15 ans, avant d’être choisie pour Les éblouis (2019)  « A l’époque, nous raconte-t-elle, j’’étais encore à l’école, je n’avais aucune idée de rien, je ne savais rien. Progressivement, j’essaye de faire des choses que j’aime, découvrir de nouvelles idées de mise en scène, avec de l’audace».
     
    D’où votre envie de travailler avec Erwan Le Duc.
     
    Absolument. Son premier film, Perdrix m’avait énormément plu et j’ai adoré le rôle de Rosa. Même si je ne le cherchais pas, je me retrouvais dans sa sensibilité artistique, sa façon d’être, de savoir ce qu’elle veut ou pas.
     
    Son univers semble particulièrement vous correspondre  
     
    C’est vrai. La marque de fabrique d'Erwan, c’est de décaler le réel, de faire exister ses personnages différemment, de trouver une harmonie, de montrer l’absurde, comme peut l’être la vie. Car en même temps, le film est très réaliste.
     
    Nahuel Pérez  Biscayart apparaît davantage  comme votre grand-frère que votre père.  
     
    En effet. Dans la mesure où il a eu ce bébé à 20 ans, il n’a pas véritablement mûri. L’écart entre Rosa et lui est marrant-. En fait ils grandissent ensemble. Ils sont complices, se ressemblent, se tiennent, se soutiennent et entretiennent un rapport d’égalité passionnant. C’est rare de le voir au cinéma.
     
    La fille de son père, à l’affiche dans les salles de Suisse romande dès mercredi 20 décembre.  

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  • Grand écran: "Voyage au pôle sud", une plongée au coeur d'une nature fascinante, mêlant poésie et récit intérieur

    En 2005, Luc Jacquet réalisait son premier long métrage, La marche de l’empereur, qui a connu un succès mondial et raflé l’Oscar du meilleur documentaire l'année d'après. Il nous faisait alors découvrir la noblesse et la force de ce grand  oiseau endémique de l’Antarctique. Ce continent qu’îl a dans la peau, dans le cœur et dans la tête.  Ce continent qui lui procure une émotion indicible et l’attire à un point inexplicable.

    En séjours cumulés, il y a passé quatre ans depuis sa première expédition en 1991. Trente ans plus tard, Luc Jacquet retournait où tout avait commencé nous invitant, avec Voyage au pôle sud, à une évasion en noir et blanc avec un bref instant bleuté, au cœur d’une nature fascinante, mêlant beauté, poésie et récit intérieur. 

    Des images grandioses

    Au cours de ce périple couronné par une nouvelle extraordinaire rencontre avec l'Empereur, il veut partager sa réflexion sur l’étrange et puissante attraction qu’exerce depuis toujours, sur les plus grands explorateurs, ce spectaculaire univers libérateur de toutes contraintes, en voie de disparition. Comme dit l’auteur, la banquise d’hiver n’a jamais été aussi faible. 

    De ce tournage en deux étés, difficile, exigeant, méticuleux, Luc Jacquet ramène des images grandioses, somptueuses, que les mots peuvent aussi difficilement décrire que les sentiments  ressentis par l’auteur, victime plus que consentante de l’"Antarctic bite".   

    "Y retourner, encore et encore" 

    "J’aime la neige, les éléments déchaînés,  la violence du vent, du froid, le silence, la dimension infinie, les relations entre les gens, la proximité avec les animaux qui ne nous craignent pas", nous dit le Jurassien à l’occasion d’une rencontre. 

    "Tous ceux qui sont allés sur ce continent  veulent y retourner, encore et encore. On est isolé du monde de sa famille, c’est dangereux, on gèle, on entre dans un temps complètement différent qu’on ne maîtrise plus. Il  faut apprendre la patience. On ne peut rien planifier. Et pourtant le charme, la magie ne cessent d’opérer.  On est comme aimanté. C’est un plaisir un peu masochiste..."

    Une beauté hallucinante 

    L’addiction est évidemment également d’ordre esthétique pour le cinéaste, qui a choisi de nous dissoudre dans le blanc. "On est confronté à une beauté hallucinante. Celui qui la décrit le mieux, c’est l’écrivain Blaise Cendrars. Et pourtant, il n’y est jamais allé! Cet endroit incite par ailleurs à la méditation. On plonge dans un univers d’une rare puissance dont la grandeur nous dépasse..." 

    Luc Jacquet parle autant de lui-même que de son environnement, dans cette œuvre qui est avant tout un voyage intérieur où il emmène les gens pour leur faire comprendre sa passion, son désir constant de s’y retrouver. "Je les guide,  je veux leur faire voir les choses autrement, mais en même temps c’est très personnel. Ce film pourrait être une lettre". 

    "Voyage au pôle sud" à l’affiche dans les salles de Suisse romande dès mercredi 20 décembre. 

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