Grand écran: "Voyage au pôle sud", une plongée au coeur d'une nature fascinante, mêlant poésie et récit intérieur (18/12/2023)

En 2005, Luc Jacquet réalisait son premier long métrage, La marche de l’empereur, qui a connu un succès mondial et raflé l’Oscar du meilleur documentaire l'année d'après. Il nous faisait alors découvrir la noblesse et la force de ce grand  oiseau endémique de l’Antarctique. Ce continent qu’îl a dans la peau, dans le cœur et dans la tête.  Ce continent qui lui procure une émotion indicible et l’attire à un point inexplicable.

En séjours cumulés, il y a passé quatre ans depuis sa première expédition en 1991. Trente ans plus tard, Luc Jacquet retournait où tout avait commencé nous invitant, avec Voyage au pôle sud, à une évasion en noir et blanc avec un bref instant bleuté, au cœur d’une nature fascinante, mêlant beauté, poésie et récit intérieur. 

Des images grandioses

Au cours de ce périple couronné par une nouvelle extraordinaire rencontre avec l'Empereur, il veut partager sa réflexion sur l’étrange et puissante attraction qu’exerce depuis toujours, sur les plus grands explorateurs, ce spectaculaire univers libérateur de toutes contraintes, en voie de disparition. Comme dit l’auteur, la banquise d’hiver n’a jamais été aussi faible. 

De ce tournage en deux étés, difficile, exigeant, méticuleux, Luc Jacquet ramène des images grandioses, somptueuses, que les mots peuvent aussi difficilement décrire que les sentiments  ressentis par l’auteur, victime plus que consentante de l’"Antarctic bite".   

"Y retourner, encore et encore" 

"J’aime la neige, les éléments déchaînés,  la violence du vent, du froid, le silence, la dimension infinie, les relations entre les gens, la proximité avec les animaux qui ne nous craignent pas", nous dit le Jurassien à l’occasion d’une rencontre. 

"Tous ceux qui sont allés sur ce continent  veulent y retourner, encore et encore. On est isolé du monde de sa famille, c’est dangereux, on gèle, on entre dans un temps complètement différent qu’on ne maîtrise plus. Il  faut apprendre la patience. On ne peut rien planifier. Et pourtant le charme, la magie ne cessent d’opérer.  On est comme aimanté. C’est un plaisir un peu masochiste..."

Une beauté hallucinante 

L’addiction est évidemment également d’ordre esthétique pour le cinéaste, qui a choisi de nous dissoudre dans le blanc. "On est confronté à une beauté hallucinante. Celui qui la décrit le mieux, c’est l’écrivain Blaise Cendrars. Et pourtant, il n’y est jamais allé! Cet endroit incite par ailleurs à la méditation. On plonge dans un univers d’une rare puissance dont la grandeur nous dépasse..." 

Luc Jacquet parle autant de lui-même que de son environnement, dans cette œuvre qui est avant tout un voyage intérieur où il emmène les gens pour leur faire comprendre sa passion, son désir constant de s’y retrouver. "Je les guide,  je veux leur faire voir les choses autrement, mais en même temps c’est très personnel. Ce film pourrait être une lettre". 

"Voyage au pôle sud" à l’affiche dans les salles de Suisse romande dès mercredi 20 décembre. 

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