Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

  • Grand écran: "Mise à mort du cerf sacré", jeu de massacre barge et malsain

    aaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaakiling.jpgVariation pasolinienne macabre avec le thème de l’adolescent étrange qui s’immisce dans une famille bourgeoise. En l’occurrence celle, américaine, que forment le riche et brillant cardiologue Steven (Colin Farrell), son élégante femme Anna (Nicole Kidman), ophtalmologue réputée, leur fille Kim, 14 ans et leur fils Bob, 12 ans.

    Une famille apparemment heureuse, sans histoire. Pourtant, en-dehors de la clinique, Steven voit régulièrement le jeune Martin (Barry Keoghan), ce qui laisse planer un soupçon de relation perverse, sinon d’enfant né hors mariage. Rien de tout cela. Martin, garçon dérangé à problèmes, issu d’un milieu modeste, est en fait le fils d’un patient décédé du célèbre chirurgien.

    Toujours est-il qu’il est invité dans la belle maison du couple et sympathise avec les rejetons. Très vite pourtant il s’incruste de façon inquiétante. Plus menaçant de jour en jour, il finit par exiger de Steven, qui tente de mettre des limites à cette invasion, l’inconcevable sacrifice suprême.

    Avec Mise à mort du cerf sacré (The Killing Of The Sacred Deer), débutant avec un plan fixe sur une opération à coeur ouvert, tout un programme,  le Grec Yorgos Lanthimos joue avec les codes du film d’horreur pour livrer un drame glaçant tendu, tordu et malsain empreint d’humour noir et d’une touche de fantastique. Il avait raflé le prix du scénario à Cannes en mai dernier.

    L'auscultation d'une société malade

    Se voulant à la fois provocateur, immoral, transgressif, un rien kubrickien, voire haneckien, l’auteur ne débordant pas de sympathie pour le genre humain, ausculte une société malade à travers le mode de vie des nantis. Engoncés dans leur conformisme, ils sont plus ou moins vus comme des zombies dans leur routine quotidienne, se manifestant jusque dans les jeux sexuels rituels des parents, où l’épouse simule… une anesthésie générale.

    Avec des comédiens qui assurent, à l’image du terrifiant Barry Keoghan (photo), de la parfaite et robotique Nicole Kidman, du sinistrement passif Colin Farrell, cette fable cruelle en forme de cauchemar morbide eût pu être une vraie réussite. Dommage pourtant que Yorgos Lanthimos, privilégiant une rare complaisance dans l'atroce, à la violence sous-jacente bien plus perturbante et anxiogène des deux premiers tiers de l’opus, ne tienne pas la distance. Comme dans son long métrage précédent The Lobster, où il perdait le fil après une partie particulièrement originale.

    A l’affiche dans les salles de Suisse romande dès mercredi 1er novembre.

    Lien permanent Catégories : Sorties de la Semaine
  • Grand écran: avec "Au revoir là-haut", Albert Dupontel conjuge humour trash, justice sociale et drame intime

    aaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaurevoir.jpgMaillard et Péricourt, rescapés des tranchées, sortent traumatisés physiquement et mentalement de la boucherie de la Première Guerre mondiale et ne se quittent plus. Albert (Albert Dupontel), qui a perdu sa femme et son métier s’occupe désormais d’Edouard (Nahuel Perez Biscayart), qui a laissé le bas de son visage en lui sauvant la vie.

    Mais en dépit de leur sacrifice, personne n’en veut de ces vétérans de retour à la vie civile, découvrant la misère et le chômage. Le premier subsiste en homme-sandwich et le second, héritier rebelle défiguré d’un industriel impitoyable (Niels Arestrup), cache sa gueule cassée sous des masques sublimes de sa fabrication et pense en finir avec la vie.

    Leur amitié indéfectible leur permet pourtant de relever la tête. Pour se refaire et se venger de l’Etat qui les ignore, ils montent une juteuse arnaque en vendant de faux monuments aux morts sur catalogue. Tout en cherchant à retrouver le sadique capitaine Pradelle (Laurent Laffite), inmonde crapule qui les a envoyés à l’abattoir après l’armistice.

    Coïncidence, l’affreux Pradelle qui s’est recyclé dans le commerce de cercueils vides censés contenir les dépouilles des disparus, a épousé la sœur d’Edouard, tandis que son père, désireux de financer un mémorial, sollicite des artistes. Tous les personnages de cette farce macabre, s’inscrivant dans la lignée du cinéma voyou et politiquement incorrect d’Albert Dupontel, vont se croiser dans le Paris des années folles.

    aaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaalà-haut.jpgAvec Au revoir là-haut, Le créatif auteur signe un long métrage ambitieux, brillamment adapté de l’excellent roman éponyme de Pierre Lemaître, prix Goncourt 2013. Un film fourmillant de trouvailles visuelles dont les masques portés par Edouard, où se mêlent humour trash, tragédie filiale, poésie, cynisme, revanche. Un pamphlet politique traitant de lutte des classes, de justice sociale, de cupidité avide d’une minorité de dominants, sur fond de drame intime où le romanesque le lyrisme et l’émotion le disputent au baroque et à l’excentricité.

    Dans une mise en scène virtuose, Albert Dupontel propose par ailleurs une reconstitution bluffante de l’époque, notamment avec la formidable scène inaugurale des tranchées. Quant au casting, il est parfait. Albert Dupontel campe un prolo téméraire et généreux, Laurent Laffite excelle à jouer les salauds, Niels Arestrup laisse percer des remords sous sa carapace de despote roublard. Enfin Nahuel Peres Biscayart, merveilleux et mystérieux homme sans visage, confirme le talent démontré dans 120 battements par minute de Robin Campillo.

    A l’affiche dans les salles de Suisse romande dès mercredi 25 octobre.

    Lien permanent Catégories : Sorties de la Semaine
  • Grand écran. "Logan Lucky", braquage jouissif sur fond de comédie déjantée et de satire sociale

    aaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaalogan.jpgSteven Soderberg, qui s’était reconverti dans la série télévisée The Knick après des adieux prématurés au cinéma il y a quatre ans, revient sur grand écran pour notre plus grand plaisir avec Logan Lucky. Optant pour un changement radical de catégorie sociale, il livre une sorte d’Ocean’s Eleven du plouc, abandonnant les gangsters pros en costume trois pièces et les palaces de Las Vegas pour les péquenauds de Virginie occidentale, fiel électoral de Donald Trump, et les installations d’une piste automobile.

    Et c’est là qu’interviennent les deux frères Logan estimant être poursuivis depuis toujours par la malédiction. Comble de malchance, l’aîné Jimmy (Channing Tatum) a non seulement dû mettre un terme à une belle carrière de footballeur suite à une grave blessure au genou provoquant également son licenciement d’un chantier, tandis que son cadet Clyde (Adam Driver ) a perdu une main dans la guerre en Irak.

    Voulant pour rune fois conjurer le mauvais sort, les frangins pas trop fute-fute décident de monter le casse du siècle en empochant les recettes de la plus importante course NASCAR de l’année via des tubes pneumatiques souterrains.

    Toutefois, pour réussir l’affaire, ils ont besoin du meilleur braqueur de coffres-forts du pays, Joe Bang. Problème, il faut faire sortir, pendant quelques heures, le criminel qui purge sa peine dans une prison où les détenus sont vêtus de combinaisons à grosses rayures blanches et noires, comme dans les vieilles BD ou rappelant la chemise d’Elvis Presley dans son clip du Jailhouse Rock.

    Humanité, empathie et tendresse

    Soderbergh prouve évidemment sa science du sujet avec une mise en scène spectaculaire et redoutablement efficace de l’évasion et du braquage, imaginant des situations hilarantes, prônant notamment la débrouillardise dans la composition d’un explosif à base de faux sel, de javel et de nounours en gélatine!

    Mais au-delà de s’amuser du folklore des ruraux dans une comédie jouissive, déjantée et haletante à l’humour décalé façon frères Coen, l'auteur évite toute condescendance. Sur fond de satire sociale se moquant du capitalisme, il montre au contraire de l’humanité, de l’empathie voire de la tendresse à l’égard de ces prolos laissés-pour compte, mal-aimés de l’Amérique profonde qui se vengent et dont il brosse le portrait.

    Le réalisateur réussit aussi son coup dans le choix des comédiens. A côté des handicapés Channing Tatum et Adam Driver (photo), écoeurés par le système, Daniel Craig le cheveu peroxydé virant au jaunâtre, casse son image de James Bond (il sera de retour dans le prochain) en s’illustrant dans un registre aussi drôle qu’inédit. A noter aussi la jeune et attachante Farrah McKenzie, Katie Holmes jouant l’ex de Tatum ou encore Hilary Swank, trop fugace hélas, en mystérieuse enquêtrice du FBI.

    A l'affiche dans les salles de Suisse romande dès mercredi 25 octobre.

    Lien permanent Catégories : Sorties de la Semaine