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  • Grand écran: "Le musée des merveilles" manque de magie

    maxresdefault.jpgDeux ans après Carol, Todd Haynes revient avec Wonderstruck (Le musée des merveilles), une fable s’ouvrant sur une allégorie d’Oscar Wilde: «Nous sommes tous dans le caniveau mais certains d’entre nous regardent vers les étoiles».C’est la phrase clé de son dernier-né adapté d’un roman graphique de Brian Selznick, l’auteur d’Hugo Cabret.

    L'intrigue se divise en deux parties, deux époques, deux styles, du noir et blanc, de la couleur. En 1977, Ben, 14 ans, un jeune orphelin revenu sourd après avoir été frappé par la foudre un soir d’orage, décide de partir pour New York à la recherche d’un père qu’il n‘a jamais connu.

    De son côté Rose, 12 ans, sourde et muette de naissance, vivant dans une vaste maison du New Jersey avec un père distant et autoritaire, fugue elle aussi à New York en 1927. Elle veut rencontrer son idole, une actrice hollywoodienne dont elle archive les articles de presse. Ben et Rose vont se retrouver par hasard cinquante ans plus tard à Manhattan.

    aaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaamusée.jpgPour interpréter les enfants, Todd Haynes a choisi Oakes Fegley et Millicent Simmonds. Ils portent ce film sur la quête des origines, les liens familiaux et la transmission, thèmes chers au réalisateur, au côté de Juliane Moore tenant deux rôles, celui de Rose grand-mère et de la star du muet que la gamine adulait.

    Manque de rythme

    Vu le titre, on espérait être émerveillé par cette fable qui se veut magique, faite de rêves, de découverte, d’émancipation. A être ému par la quête de ces deux gosses  solitaires tentant de résoudre le mystère qui entoure leur vie, par cette ode à la différence, par cet hommage au cinéma muet.

    Eh bien pas autant qu’on le souhaitait. Même s’il est visuellement réussi, à l’image de cette superbe et spectaculaire maquette géante de New York tapissant le sol du musée, ce conte dégoulinant de bons sentiments manque de rythme et traîne inutilement en longueur.

    On est loin du magnifique Carol, évoquant la relation amoureuse entre deux femmes qui bravaient les interdits de l’Amérique puritaine des années cinquante.

    A l’affiche dans les salles de Suisse romande dès mercredi 29 novembre.

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  • Grand écran: avec *M", Sara Forestier raconte une histoire d'amour entre deux écorchés vifs complexés

    aaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaforsara.jpgLila est bègue. Complexée, maladivement timide, cible des moqueries de ses camarades de classe, elle perd même tous ses moyens face à des inconnus. Un jour Mo, un gros dur trentenaire aux allures de loubard casse-cou, qui participe à des courses de voitures clandestines lui demande son chemin. C’est le coup de foudre et le bad boy sexy et charismatique va prendre sous son aile la fille enfermée dans son mutisme. 

    Lila veut sans cesse communiquer avec lui en écrivant dans son carnet, mais le problème, c’est que Mo est analphabète. Pour lui c’est une honte et comme il ne veut surtout pas que Lila découvre son handicap, il se débat pour éviter les pièges qui lui sont tendus, du texto au courrier en passant par une carte de restaurant.

    Sara Forestier, 31 ans, passée pour la première fois derrière la caméra, n’a pas choisi a facilité en imaginant une grande histoire d’amour fou entre deux écorchés vifs, une jeune fille qui a du mal à dire les mots face à un homme qui ne sait pas les lire. Avec M, drame aux accents kechichiens, le réalisateur qui l’a révélée à l’écran avec L’Esquive en 2004, elle insiste à la fois sur les sentiments qui vous transforment, sur l’importance de la langue pour s’élever socialement et le blocage que provoque son absence de maîtrise.

    Tendu, sincère, émouvant

    Si le scénario est confus et que l’idylle un rien improbable vire au pathos, le film touche par sa sincérité, sa tension, son énergie et l’interprétation des personnages. A côté d’une Sara Forestier carrément habitée, Redouanne Harjane (photo ci-dessous) venu du stand up, s’est donné à fond, parfois excessivement d’ailleurs, pour mériter le choix de la réalisatrice. Après avoir vu plus de 600 prétendants au rôle, elle a détecté chez lui une faille intérieure, une souffrance similaire à celle de Mo.

    M a été un long voyage pour Sara Forestier qui ressemble à son oeuvre, exaltée, tendue, un peu difficile à suivre, à canaliser... «Un film doit être une obsession. J’ai mis sept ans à l’écrire, mais je l’ai en moi depuis seize ans. J’étais alors en couple avec un garçon qui ne savait pas lire. Mais je ne l’ai appris qu'après l'avoir quitté. J’ai trouvé que c’était un bon sujet. Quand un sens vous est ôté, on est un étranger dans la société.»

    aaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaredouanne.jpgCette rencontre entre une bègue et un illettré est assez singulière.

    Non, ce sont des personnes pures, inadaptées, mues par une nécessité absolue de rencontrer quelqu’un comme eux. Ils étaient dans  un besoin de reconnaissance de pureté, une quête de vérité. Et c’est là qu’ils commencent à vivre. Grâce à l’amour. Mais l’amour peut vous sauver et vous détruire. Les névroses ressortent, les peurs, les défauts, tout ce qui vous constitue. Dans le film, tout vient de leurs émotions. Rien n'arrive de l'extérieur

    Adèle Exarchopoulos devait jouer le rôle. Finalement c’est vous. Pourquoi ce choix?

    J’ai d’abord casté de jeunes bègues, mais je n’ai pas trouvé. Puis j’ai pensé à Adèle Exarchopoulos. Mais elle n’a pas pu pour des questions d’agenda. Du coup, j’ai décidé de jouer moi-même. C’était dur, ça demande beaucoup. Bégayer est un travail de titan. Avant de tourner les scènes je m’exerçais au point que j’avais peur de devenir réellement bègue.

    Dans votre vie, vous prônez le naturel, la simplicité.

    J’aime parler des êtres humains qui sont vrais, qui recherchent la vérité. La société est terrible. Elle me rebute avec son excès de consommation. J’aime que la vie m’apporte des choses. Je n’achète jamais de fringues, de montre de portable. e dors sur un simple matelas. Consommer n’est pas ma vie. Ma vie c’est le bordel, rencontrer des gens, le voyage. La vraie vie c’est manger boire dormir faire l’amour, avoir des enfants.

    Et le cinéma dans tout ça?

    C’est mon travail, ma balise. Mais j’en ai de moins en moins envie. Quand j’aurai fondé une famille, j’arrêterai. A côté, un film ce n’est rien. Même si je suis actuellement dans un autre projet, Alpha, sur la féminité. Ce sera plus fougueux.

    A propos de féminité, on rappelle que Sara Forestier a refusé d’être coiffée et maquillée pour l’émission Stupéfiant! de Léa Salamé, où elle en a notamment profité pour défendre la place des femmes dans le cinéma.

    «J’adore le maquillage, j’adore la féminité, j’aime les nus, mais j’ai un problème avec l’injonction. Il y a cette injonction à être toujours sexy, glamour. Or, une femme ce n’est pas que ça.» Ajoutant: «Mon métier, ce n’est pas d’être sexy, ce n’est pas d’être glamour, mon métier c’est de créer de l’émotion.»

    A l’affiche dans les salles de Suisse romande dès mercredi 29 novembre.

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  • Grand écran: hier, aujourd'hui, demain se mêlent dans "La Villa", de Robert Guédiguian. Politique et poétique

    aff._la_villa_cr1.jpgLa calanque de Méjean, près de Marseille, en hiver. Une villa avec une grande terrasse, donnant sur la mer. Angèle, Joseph et Armand, une soeur et ses deux frères se retrouvent autour de leur père en fin de vie. Les deux premiers sont partis, elle pour devenir, actrice, lui pour prôner la révolution, tandis que le troisième restait pour reprendre le restaurant ouvrier familial.

    Mais les rêves de chacun se sont envolés. Angèle a perdu sa fille unique, Armand vivote l’été grâce aux touristes. tandis que le capitalisme et la mondialisation ont été fatals à Joseph, viré sans ménagements. Retraité déprimé, il vit avec une fille trop jeune pour lui, que son mal-être et son amertume agacent.

    Pour eux c’est le moment de mesurer ce qu’ils ont conservé de l’idéal que leur père leur a transmis, de la fraternité qu’il avait construite. Des réflexions chamboulées par l‘arrivée de migrants, représentés par trois enfants ne parlant pas un mot de français, retrouvés dans les collines,

    Entre fable, constat et espoir, le militant Robert Guédiguian évoque avec nostalgie, poésie et générosité un monde perdu, observe celui d’aujourd’hui et imagine un futur possible dans La Villa. Son 21e film où il réunit à nouveau sa bande. A commencer par les potes de toujours, sa femme Ariane Ascaride, Jean-Pierre Darroussin, Gérard Meylan. Et ceux qui sont devenus des habitués, Anaïs Demoustier, Yann Trégouët, Robinson Stévenin.

    media.jpg-Pourquoi aimez-vous tant travailler avec les mêmes acteurs. Je parle plus particulièrement d’Ascaride, de Meylan et de Darroussin ?

    -Parce que c’est un plaisir. Nous avons le même âge mes camarades et moi. Quand j’ai commencé, j’en avais besoin pour incarner mes idées. Au bout de quatre, cinq films, c’est devenu ma manière de faire. 

    -Participent-ils à l’écriture à force de vous accompagner?

    -Chacun son boulot. C’est la division normale du travail. Je nuance. Comme on est ensemble depuis longtemps, ils ont une forte influence sur moi. On partage les mêmes valeurs, la même vision du monde, les mêmes idées politiques. Leurs voix sont la mienne et je parle à travers eux.

    -Comment est né La Villa ?

    -Cela vient du lieu qui est pour moi comme un théâtre où on joue du Shakespeare ou du Tchékov. Une ville ouverte sur la mer représente toujours le monde. Si on veut le résumer, il faut le raconter à travers un minimum de personnages d’âges différents dans un petit endroit.

    -Hier, aujourd’hui, demain se mêlent dans l’histoire. A propos du passé, il y a cette scène émouvante de Ki lo sa, datant de plus de trente ans. C’est d’ailleurs l’intérêt de tourner avec les mêmes comédiens. Pas besoin d’effets spéciaux pour voir la calanque telle qu’elle était!

    -Il s’agit d’une scène exceptionnelle. Tous ceux qui n’ont pas vu le film sont abasourdis. Je voulais montrer Angèle, Armand et Joseph dans l’enthousiasme, l’insouciance et la joie.

    -Vous évoquez les migrants venus de la mer avec les trois petits réfugiés recueillis et cachés des militaires par le trio.

    -Ce sont eux qui vont le remettre en marche. L’intéressant, c’est qu’il s’agit d’une fratrie symétrique à celle de La villa. Une fille et deux garçons.

    -Qu’ils soient politiques, climatiques, économiques, parler des réfugiés vous tient à cœur.

    -Comment l'éviter? Ils nous renvoient à l'essentiel de l'humanité. On est dans lun refus du partage atroce. Les politiques exploitent les gens. Je voulais être au cœur de la problématique. On n’a pas le droit d’être pessimiste. Il faut faire des constats précis mais aussi annoncer des temps nouveaux. Avoir une vision juste du monde qui ne sera jamais aussi beau ni aussi mauvais qu’on le dit. Sans être angélique, je trouvais nécessaire de montrer une possibilité de renaissance à travers ces trois enfants.

    A l'affiche dans les salles de Suisse romande dès mercredi 29 novembre.

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