Grand écran: avec "Au revoir là-haut", Albert Dupontel conjuge humour trash, justice sociale et drame intime (25/10/2017)

aaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaurevoir.jpgMaillard et Péricourt, rescapés des tranchées, sortent traumatisés physiquement et mentalement de la boucherie de la Première Guerre mondiale et ne se quittent plus. Albert (Albert Dupontel), qui a perdu sa femme et son métier s’occupe désormais d’Edouard (Nahuel Perez Biscayart), qui a laissé le bas de son visage en lui sauvant la vie.

Mais en dépit de leur sacrifice, personne n’en veut de ces vétérans de retour à la vie civile, découvrant la misère et le chômage. Le premier subsiste en homme-sandwich et le second, héritier rebelle défiguré d’un industriel impitoyable (Niels Arestrup), cache sa gueule cassée sous des masques sublimes de sa fabrication et pense en finir avec la vie.

Leur amitié indéfectible leur permet pourtant de relever la tête. Pour se refaire et se venger de l’Etat qui les ignore, ils montent une juteuse arnaque en vendant de faux monuments aux morts sur catalogue. Tout en cherchant à retrouver le sadique capitaine Pradelle (Laurent Laffite), inmonde crapule qui les a envoyés à l’abattoir après l’armistice.

Coïncidence, l’affreux Pradelle qui s’est recyclé dans le commerce de cercueils vides censés contenir les dépouilles des disparus, a épousé la sœur d’Edouard, tandis que son père, désireux de financer un mémorial, sollicite des artistes. Tous les personnages de cette farce macabre, s’inscrivant dans la lignée du cinéma voyou et politiquement incorrect d’Albert Dupontel, vont se croiser dans le Paris des années folles.

aaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaalà-haut.jpgAvec Au revoir là-haut, Le créatif auteur signe un long métrage ambitieux, brillamment adapté de l’excellent roman éponyme de Pierre Lemaître, prix Goncourt 2013. Un film fourmillant de trouvailles visuelles dont les masques portés par Edouard, où se mêlent humour trash, tragédie filiale, poésie, cynisme, revanche. Un pamphlet politique traitant de lutte des classes, de justice sociale, de cupidité avide d’une minorité de dominants, sur fond de drame intime où le romanesque le lyrisme et l’émotion le disputent au baroque et à l’excentricité.

Dans une mise en scène virtuose, Albert Dupontel propose par ailleurs une reconstitution bluffante de l’époque, notamment avec la formidable scène inaugurale des tranchées. Quant au casting, il est parfait. Albert Dupontel campe un prolo téméraire et généreux, Laurent Laffite excelle à jouer les salauds, Niels Arestrup laisse percer des remords sous sa carapace de despote roublard. Enfin Nahuel Peres Biscayart, merveilleux et mystérieux homme sans visage, confirme le talent démontré dans 120 battements par minute de Robin Campillo.

A l’affiche dans les salles de Suisse romande dès mercredi 25 octobre.

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