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  • Grand écran: dans "L'atelier", Laurent Cantet donne à nouveau la parole aux jeunes

    aaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaatelier.jpgLaurent Cantet ne se lasse pas d’explorer la jeunesse française. Dans son dernier film, L'atelier, co-écrit avec son complice de 30 ans Robin Campillo, il reprend les codes d’Entre les murs (Palme d’or 2008) en réunissant une petite troupe multi-ethnique à la scolarité difficile. Durant un été à La Ciotat, elle suit un atelier d’écriture en vue de rédiger et de publier un roman noir. Il est dirigé par Olivia, une auteure connue.

    Par le biais de l’art, ce travail vise à susciter le débat, permettant à chacun d’affirmer son identité et ses différences, surtout quand les participants entrent en conflit sur de grandes questions actuelles, terrorisme, radicalisation, chômage galopant, précarité, désindustrialisation à l’instar du chantier naval de La Ciotat fermé depuis 25 ans.

    Bientôt pourtant, le film va se focaliser sur Antoine, garçon mutique et en retrait qui aime les armes, tenté par l’extrême-droite et les sensations fortes. Il va rapidement s’opposer au groupe et surtout à Olivia que sa violence inquiète, séduit, fascine.

    S’engage alors dans ce film sous tension qui vire au thriller, un duel captivant entre le jeune homme et l’intellectuelle. Magnifiquement interprété par le débutant Mathieu Lucci et Marina Fois (photo), comme  d’ailleurs par tous les autres protagonistes. Excellent directeur d'acteurs, Laurent a en plus passé des mois sur le casting à la recherche de personnalités fortes.. 

    "Comment avoir 20 ans dans une société aussi dure?"

    Evoquant deux mondes qui se regardent, le réalisateur récemment de passage à Genève, explique avoir décidé, concernant Antoine, de créer un personnage assez inadmissible auquel cependant on s’attache. «Ce n’est pas un méchant mais un paumé qui va vers l’extrême-droite parce que cela pimente un peu sa vie. C’est une grenade dégoupillée avec un fort pouvoir de séduction et une grande intelligence, mais gaspillée».

    «Il a dépassé le stade de pouvoir se prendre en main. Il y parviendra par la crise qu’il traverse avec Olivia, qui s’intéresse à lui parce qu’il lui fait peur, nonobstant une certaine attirance sexuelle et une envie de le sauver du pire. Par ailleurs, tout en servant de révélateur à Antoine, elle se remet elle aussi en question en tant que romancière».

    Mais le plus important pour Laurent Cantet, au-delà de montrer la puissance de la parole permettant notamment à Antoine de mettre des mots sur son malaise, était de se demander comment avoir 20 ans dans un monde aussi dur socialement, où les jeunes enfermés dans des cases ne sont pas pris en compte, végètent dans de petits boulots avec peu de chance de se réaliser. Comment par ailleurs, vivre dans une société d’une violence aussi inédite. «J’ai commencé à écrire après Charlie et j’ai eu envie d’en rendre compte». 

    A l’affiche dans les salles de Suisse romande dès mercredi 25 octobre.

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  • Grand écran: "La belle et la meute", un thriller politique et féministe prenant

    aaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaabelle et.jpgUne  fête étudiante est organisée dans un hôtel tunisien du bord de mer. La jolie Mariam au visage rond enfantin, qui vient de troquer sa sage tenue noire pour une robe moulante et décolletée que lui a apportée une amie, s’amuse sur la piste de danse et croise le regard de Youssef. Ils se plaisent, bavardent un moment puis sortent faire une promenade sur la plage.

    Changement radical d’ambiance dans le plan suivant, montrant la jeune femme en état de choc, courant dans la rue, hagarde, en larmes. Sa robe est froissée, ses cheveux défaits, son maquillage coule. Elle a été violée par des policiers. Elle veut porter plainte, mais va vivre une longue nuit cauchemardesque pour tenter de le prouver.

    Journaliste militant, Youssef tente de l’aider et l’emmène à l’hôpital, mais une réceptionniste méprisante la juge trop sexy et refuse de lui donner le certificat nécessaire. Puis elle se heurte aux dénégations, intimidations, menaces au sein du commissariat de ses agresseurs, où elle se bat farouchement pour le respect de ses droits et de sa dignité. Car ils ne se gênent pas pour la déclarer coupable. Une coupable qui ose réclamer justice alors que la police ajoute au déni de viol, l’outrage aux mœurs.

    Adaptation d'une histoire vraie

    Luttant contre un système perverti dont elle démonte les rouages, la réalisatrice Kaouther Ben Hania, caméra au poing, signe avec La belle et la meute un singulier thriller politique féministe, en adaptant une histoire vraie qui s’était déroulée post Printemps arabe, en 2012. Et avait fait l’objet d’un livre Coupable d’avoir été violée. Une scène traumatisante laissée hors-champ mais que l'auteure nous fait ressentir plus brutalement en montrant l’angoisse, l’impuissance, la détresse d’une Mariam confrontée aux chiens enragés.

    Le danger est croissant dans ce métrage sous tension permanente. Il est filmé en neuf plans séquences constituant une sorte de chemin de croix pour l’héroïne, contrainte de se défendre désormais seule (on l’a cruellement séparée de Youssef), et sur qui le piège se referme à chaque étape. Jusqu’au bout ou presque…

    Au-delà d’un instantané critique de la société tunisienne, Kaouther Ben Hania brosse un magnifique portrait de femme dans ce drame (douloureux écho à une actualité brûlante) porté par la formidable et bouleversante Mariam El Ferjani. Elle incarne si bien son personnage qu’on pourrait imaginer la voir vivre sa propre histoire.

    A l’affiche dans les salles de Suisse romande dès mercredi 18 octobre.

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  • Grand écran: "The Square", Palme d'or à Cannes, une satire sociale plutôt pesante

    aaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaasquare.jpgCharismatique directeur d’un musée d’art contemporain, écologiste roulant en voiture électrique et soutenant de grandes causes humanitaires, Christian (Claes Bang) est aussi un père divorcé qui aime s’occuper de ses deux filles.

    Pour l’heure, il prépare sa prochaine exposition expérimentale intitulée The Square, une installation de quatre mètres sur quatre sur une place de Stockholm encadrant un espace protégé, vision mentale d’un lieu incitant les visiteurs à l’altruisme, à l’égalité, à la bienveillance, à la solidarité, bref leur rappelant leurs devoirs envers leurs prochains.

    Jusqu’au jour où Christian se fait voler son portefeuille et son téléphone portable par des pickpockets particulièrement habiles. Un acte qui remet ses valeurs en cause et inspire une réaction peu honorable à l’idéaliste au fond très égoïste, découvrant à ses dépens que la vie est une jungle et qu’on ne peut plus se fier à personne.

    Une jungle qu’illustrent deux jeunes communicants travaillant pour le musée et trouvant le concept d’une rare niaiserie. Ils réalisent alors, pour faire le buzz, un clip inhumain sur l’inhumanité du monde à laquelle l’exposition du conservateur naïf, du coup complètement dépassé, voudrait laisser croire qu’on peut échapper.

    The Square, satire sociale se voulant à portée philosophique, sombre, cynique, dérangeante, parfois drôle, plutôt lourdingue, est signée du Suédois Ruben Östlund, qui avait beaucoup séduit avec Snow Therapy. On en soulignera certes la belle écriture, la bonne interprétation, la mise en scène virtuose. Sans oublier l’ironie grinçante à l'égard du monde de l'art (le ton est donné d’entrée lors d’une interview burlesque du conservateur par une journaliste américaine), des élites culturelles, de la bonne conscience bobo, du politiquement correct et des nantis.

    Cette ironie culmine dans une scène hallucinante lors d’un dîner de gala avec un être monstrueux effrayant le bourgeois. Une performance d'acteur dans la peau d’un homme-chimpanzé qui devient violent et rappelle Les Idiots de Lars Von Trier.

    Un fidèle de la Croisette

    Dommage pourtant que le réalisateur manque de constance. Après une première partie prometteuse aux allures de farce tragi-comique, The Square, trop démonstratif et répétitif, s’enlise et se délite dans un discours pesant sur la perte de confiance de la société occidentale, au cours d'une intrigue qui traîne en longueur. Voilà qui n’a pas empêché le jury cannois de jouer la surprise en décernant la Palme d’or en mai dernier à ce fidèle de la Croisette, passé par la Quinzaine des réalisateurs et Un certain regard.

    A l'affiche dans les salles de Suisse romande dès mercredi 18 octobre.

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