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Grand écran: "The Square", Palme d'or à Cannes, une satire sociale plutôt pesante

aaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaasquare.jpgCharismatique directeur d’un musée d’art contemporain, écologiste roulant en voiture électrique et soutenant de grandes causes humanitaires, Christian (Claes Bang) est aussi un père divorcé qui aime s’occuper de ses deux filles.

Pour l’heure, il prépare sa prochaine exposition expérimentale intitulée The Square, une installation de quatre mètres sur quatre sur une place de Stockholm encadrant un espace protégé, vision mentale d’un lieu incitant les visiteurs à l’altruisme, à l’égalité, à la bienveillance, à la solidarité, bref leur rappelant leurs devoirs envers leurs prochains.

Jusqu’au jour où Christian se fait voler son portefeuille et son téléphone portable par des pickpockets particulièrement habiles. Un acte qui remet ses valeurs en cause et inspire une réaction peu honorable à l’idéaliste au fond très égoïste, découvrant à ses dépens que la vie est une jungle et qu’on ne peut plus se fier à personne.

Une jungle qu’illustrent deux jeunes communicants travaillant pour le musée et trouvant le concept d’une rare niaiserie. Ils réalisent alors, pour faire le buzz, un clip inhumain sur l’inhumanité du monde à laquelle l’exposition du conservateur naïf, du coup complètement dépassé, voudrait laisser croire qu’on peut échapper.

The Square, satire sociale se voulant à portée philosophique, sombre, cynique, dérangeante, parfois drôle, plutôt lourdingue, est signée du Suédois Ruben Östlund, qui avait beaucoup séduit avec Snow Therapy. On en soulignera certes la belle écriture, la bonne interprétation, la mise en scène virtuose. Sans oublier l’ironie grinçante à l'égard du monde de l'art (le ton est donné d’entrée lors d’une interview burlesque du conservateur par une journaliste américaine), des élites culturelles, de la bonne conscience bobo, du politiquement correct et des nantis.

Cette ironie culmine dans une scène hallucinante lors d’un dîner de gala avec un être monstrueux effrayant le bourgeois. Une performance d'acteur dans la peau d’un homme-chimpanzé qui devient violent et rappelle Les Idiots de Lars Von Trier.

Un fidèle de la Croisette

Dommage pourtant que le réalisateur manque de constance. Après une première partie prometteuse aux allures de farce tragi-comique, The Square, trop démonstratif et répétitif, s’enlise et se délite dans un discours pesant sur la perte de confiance de la société occidentale, au cours d'une intrigue qui traîne en longueur. Voilà qui n’a pas empêché le jury cannois de jouer la surprise en décernant la Palme d’or en mai dernier à ce fidèle de la Croisette, passé par la Quinzaine des réalisateurs et Un certain regard.

A l'affiche dans les salles de Suisse romande dès mercredi 18 octobre.

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