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le blog d'Edmée - Page 619

  • Entre compétition et Piazza, c'est la soupe à la grimace

     A mi-parcours, le festivalier renâcle. Et pour cause. En dépit de quelques éclats de grâce et de beauté, on navigue entre le cul et l’ennui à Locarno. Quand on n’a pas droit aux deux.

    Certes le sexe peut séduire. Par exemple chez Benoît Jacquot, qui a ouvert les feu sur la Piazza Grande avec Au fond des bois. Tombée sous l’emprise mentale d’un vagabond pouilleux une jeune file le suit dans la forêt où elle se fait violer. Mais le cinéaste évite la complaisance en surfant sur ce fait divers datant de 1865. En revanche, si Olivier Père garde le cap côté compétition, il s'est montré nettement plus hard avec le porno gay gore de Bruce LaBruce L.A. Zombie. Où une grotesque créature hypermoche sortie des eaux se mue en thérapeute de choc, baisant  frénétiquement des cadavres pour les ressusciter.

    En vedette donc, François Sagat, spécialiste du X. Apparemment conquis par les dons cinématographiques du monsieur, le nouveau boss n’a pas hésité à placer, toujours en concours, Homme au bain de Christophe Honoré. Permettant ainsi à l’acteur, bodybuilder aussi large que haut, d’exhiber également ses charmes dans ce film de garçons à la libido déchaînée, tourné entre la France et  New York. Ce qui n’a pas empêché Chiara Mastroianni de vouloir s’imposer dans l’histoire. Du coup elle joue les utilités. Sinon l’appât pour les spectateurs. A venir, pour équilibrer les choses, le troisième long métrage d’Isild Le Besco, Heroïne abusée chez Jacquot, l’égérie du réalisateur entraîne un trio lesbien dans les bas-fonds .

    Les neuf autres prétendants au Léopard d’Or vus jusqu’ici se montrent plus réservés sur la question, mais souvent tout aussi plombants  Autant dès lors, bien qu’ils ne méritent pas de mettre le fauve en cage, évoquer les deux ou trois qui émergent de la grisaille. A l’image de Womb du Hongrois Benedek Fliegauf, abordant avec intelligence l’épineux thème du clonage. On peut aussi parler de Im Alter von Ellen de l’Allemande Pia Marais, qui voit une femme en rupture chercher une nouvelle place dans la société.

    Ou pourquoi pas La petite chambre, des réalisatrices lausannoises Stéphanie Chuat et Véronique Reymond, qui ont eu la chance de travailler avec Michel Bouquet et dont on aura l’occasion de reparler. De son côté, le public  s’est paraît-il entiché de Pietro, de l'Italien Daniele Gaglianome. Son film nous raconte l’Italie berlusconienne sinistrée, à travers le quotidien sordide de deux frères banlieusards, dont l’un est attardé mental et l’autre drogué.

     Et ce n’est pas beaucoup moins indigeste, sur la Piazza. L’Islandaise Valdis Oskardottir nous a proposé une comédie noire aussi lourdingue qu’outrancière sur fond de crise économique, tandis que les Américains Mark et Jay Duplass sondaient les vilaines intentions de Cyrus, amoureux de sa maman et déterminé à lui pourrir sa relation avec son nouveau compagnon. De son côté le Français Cédric Anger a concocté L'avocat, un polar en forme de téléfilm, au casting d’enfer (Benoît Magimel, Gilbert Melki, Erica Caravaca) mais au scénario plus troué qu’un morceau d’Emmental. Et dire qu’il était journaliste aux Cahiers du cinéma !

    Bref, autant dire que ça ne rigole pas tous les jours à Locarno. Mais remarquez, à quelque chose malheur est toujours bon. Alors que la rétrospective Ernst Lubitsch peinait à démarrer, la salle affichait complet  dimanche. Dur, dur de régater avec Ninotchka.

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  • Jeanne Balibar à la dérive dans "Im Alter von Ellen"

    Hôtesse de l’air, Ellen ne cesse de parcourir le monde dans des voyages qui ne la mènent nulle part. A l’image d’une existence toute tracée, sans intérêt et de relations aussi décevantes qu’insatisfaisantes. Et puis un jour, victime d’une crise de panique alors que son avion et sur le point de décoller de l’aéroport de Maputo, elle redescend soudain de l’appareil.

    Un geste symbolique dans la mesure où, en traversant la piste, elle se rend compte qu’elle va tout envoyer promener et se donner une chance de s’ouvrir à autre chose, de rencontrer d’autres gens, de vivre d’autres expériences. Après quelques errances, elle se joint d’abord à un groupe de jeunes défenseurs de la cause animale, avant de se retrouver au Mozambique.

    Même si l'oeuvre en lice pour le Léopard d'Or ne tient pas toutes ses promesses, il y a de la grâce et du talent dans Im Alter von Ellen, deuxième long-métrage de la réalisatrice allemande Pia Marais. Qui, après avoir longuement et vainement cherché une interprète dans son pays, s’est tournée vers Jeanne Balibar. Admirative du travail de Pia Marais, la comédienne française n’a pas hésité et du coup tient son premier rôle à l’écran dans la langue de Goethe.

    Une expérience dont elle se sort parfaitement pour l’avoir déjà fait deux fois au théâtre. «Cela m’amuse de jouer dans une langue qui n’est pas la mienne. Il est vrai qu'au cinéma c'est plus difficile parce qu’il faut comprendre tout de suite ce que disent les gens».

    Jeanne Balibar ne s’intéresse pas particulièrement aux animaux. «En tout cas je n’irais pas jusqu’à militer pour eux. En ce qui concerne le militantisme en général, c’est différent. J’ai vu arriver le sida et j’ai fréquenté des gens d’Act Up, qui ont la même approche que celle des activistes dans le film ».

    Mais la comédienne a évidemment surtout été attirée par le caractère d’Ellen, qui se trouve à un point de déséquilibre. C’est une figure émouvante, très présente dans l’histoire du cinéma. Je pense par exemple à Wanda, de Barbara Loden, Une femme sous influence de Cassavetes, Sue Lost In Manhattan, d’Amos Kollek. C’est très excitant de jouer... ou de ne pas jouer ce genre de personnage à la dérive».

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  • Pour Chiara Mastroianni, le cinéma c’est presque plus la vie que la vie

    Présente à Locarno dans deux films de Christophe Honoré, Homme au bain  l’un des prétendants au Léopard d’Or et Non ma fille tu n’iras pas danser dans la section Premi Speciali, Chiara Mastroianni  a aussi reçu vendredi soir, sur la Piazza, L’Excellence Award  Moët et Chandon. Un prix qui la gêne horriblement. «Quand j’ai vu la liste je me suis sentie coupable d’imposture», dit-elle avec modestie lors de la conférence de presse organisée par le directeur Olivier Père. Un admirateur de la fille du grand Marcello et de la belle Catherine Deneuve.   

    Des parents célèbres, mais classiques

    Charmante, Chiara parle avec un plaisir évident  de ses illustres parents. «Ils étaient plus classiques que leurs personnages et ils m’ont assez strictement élevée. J’ai eu une enfance raisonnable. Au lit à l’heure et pas de champagne à six ans…». Evoquant les films de son père, elle trouve que c’est une chance de pouvoir les revoir.  «Je les adore au-delà du fait qu’il joue dedans. Pour moi c’est vraiment un acteur»

    La jeune femme avoue aussi sa folle passion pour le cinéma. «Jouer c’est génial, comme entrer dans une autre dimension. C’est presque plus la vie que la vie. Cela me transporte tellement que j’ai de la peine à considérer ce métier comme un travail».

    Pourtant, contrairement à ce qu’on imagine, elle ne voulait pas être actrice très jeune. «C’est venu petit à petit. Ma mère, une cinéphile, m’a montré beaucoup de vieux films américains et italiens. Même si cela fait un peu cucul la praline de le dire, cela m’a ouvert  à un monde merveilleux. Mais comme je suis lente, le moment décisif, pour moi, fut la rencontre avec Melvil Poupaud, un copain d’école. Il m’a donné l’impulsion lors du bac ».

    Révélée par Xavier Beauvois

    Si son père était content qu’elle se lance dans la carrière, sa mère, inquiète, a plutôt cherché à l’en dissuader. «En même temps, elle est la première responsable. Elle m’a mis le pied à l’étrier en me laissant découvrir tous ces films. Donc il a bien fallu qu’elle se fasse à cette idée. Mère et fille se retrouvent dans Ma saison préférée, d’André Téchiné. «C’est ma première expérience auprès d’elle, mais nous n’avions pas de scènes ensemble. Le jeu à deux est venu plus tard. Dans Conte de Noël, où je suis sa belle-fille et où on se déteste».

    Chiara a beaucoup  travaillé avec de jeunes cinéastes, comme Arnaud Depleschin ou Xavier  Beauvois qui l’a révélée dans N’oublie pas que tu vas mourir, ainsi qu’avec des  grands, à l’image de Xavier Ruiz ou Manoel de Oliveira, qui l’a rendue célèbre avec «La lettre».  Heureusement qu’il y avait eu Xavier avant. J’ai toujours un peu mal au ventre au tournage et il a une façon de diriger très libératrice. Cela m’a énormément aidée, car  Manoel est terriblement exigeant. Il compose un tableau. Avec lui c’est se retrouver sur une autre planète Il est également d’une extrême précision, ce qui a contribué à m structurer.

    Presque toujours choisie

    Pour Chiara, ce sont les metteurs en scène qui font tout. «J’ai eu de la chance  à ce niveau-là". Et elle a presque toujours été choisie . «Avec Melvil, on a écrit une longue lettre à Coppola, mais on ne l’a jamais envoyée. Et j’ai sollicité deux réalisateurs. L’un c’était Vincent Paronnaud pour Persépolis. Comme c’était un dessin animé, je me suis montrée moins pudique. L’autre c’est Christophe Honoré pour Homme au bain.  Après Non ma fille tu n’iras pas danser,  j’ai appris qu’il avait un autre projet dont il ne m’avait pas parlé parce que c’était un film de garçons. Mais je l’ai persuadé qu’il avait besoin d’une femme. Cela dit, il faut se méfier des familles au cinéma. Cela peut vous rendre possessif des deux côtés».

    Côté envie enfin,  la comédienne, qui en dépit de son ascendance italienne, a toujours travaillé en France à l’exception d’un long-métrage avec Francesca Comencini, adorerait faire un film d’horreur avec Dario Argento.

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