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Pour Chiara Mastroianni, le cinéma c’est presque plus la vie que la vie

Présente à Locarno dans deux films de Christophe Honoré, Homme au bain  l’un des prétendants au Léopard d’Or et Non ma fille tu n’iras pas danser dans la section Premi Speciali, Chiara Mastroianni  a aussi reçu vendredi soir, sur la Piazza, L’Excellence Award  Moët et Chandon. Un prix qui la gêne horriblement. «Quand j’ai vu la liste je me suis sentie coupable d’imposture», dit-elle avec modestie lors de la conférence de presse organisée par le directeur Olivier Père. Un admirateur de la fille du grand Marcello et de la belle Catherine Deneuve.   

Des parents célèbres, mais classiques

Charmante, Chiara parle avec un plaisir évident  de ses illustres parents. «Ils étaient plus classiques que leurs personnages et ils m’ont assez strictement élevée. J’ai eu une enfance raisonnable. Au lit à l’heure et pas de champagne à six ans…». Evoquant les films de son père, elle trouve que c’est une chance de pouvoir les revoir.  «Je les adore au-delà du fait qu’il joue dedans. Pour moi c’est vraiment un acteur»

La jeune femme avoue aussi sa folle passion pour le cinéma. «Jouer c’est génial, comme entrer dans une autre dimension. C’est presque plus la vie que la vie. Cela me transporte tellement que j’ai de la peine à considérer ce métier comme un travail».

Pourtant, contrairement à ce qu’on imagine, elle ne voulait pas être actrice très jeune. «C’est venu petit à petit. Ma mère, une cinéphile, m’a montré beaucoup de vieux films américains et italiens. Même si cela fait un peu cucul la praline de le dire, cela m’a ouvert  à un monde merveilleux. Mais comme je suis lente, le moment décisif, pour moi, fut la rencontre avec Melvil Poupaud, un copain d’école. Il m’a donné l’impulsion lors du bac ».

Révélée par Xavier Beauvois

Si son père était content qu’elle se lance dans la carrière, sa mère, inquiète, a plutôt cherché à l’en dissuader. «En même temps, elle est la première responsable. Elle m’a mis le pied à l’étrier en me laissant découvrir tous ces films. Donc il a bien fallu qu’elle se fasse à cette idée. Mère et fille se retrouvent dans Ma saison préférée, d’André Téchiné. «C’est ma première expérience auprès d’elle, mais nous n’avions pas de scènes ensemble. Le jeu à deux est venu plus tard. Dans Conte de Noël, où je suis sa belle-fille et où on se déteste».

Chiara a beaucoup  travaillé avec de jeunes cinéastes, comme Arnaud Depleschin ou Xavier  Beauvois qui l’a révélée dans N’oublie pas que tu vas mourir, ainsi qu’avec des  grands, à l’image de Xavier Ruiz ou Manoel de Oliveira, qui l’a rendue célèbre avec «La lettre».  Heureusement qu’il y avait eu Xavier avant. J’ai toujours un peu mal au ventre au tournage et il a une façon de diriger très libératrice. Cela m’a énormément aidée, car  Manoel est terriblement exigeant. Il compose un tableau. Avec lui c’est se retrouver sur une autre planète Il est également d’une extrême précision, ce qui a contribué à m structurer.

Presque toujours choisie

Pour Chiara, ce sont les metteurs en scène qui font tout. «J’ai eu de la chance  à ce niveau-là". Et elle a presque toujours été choisie . «Avec Melvil, on a écrit une longue lettre à Coppola, mais on ne l’a jamais envoyée. Et j’ai sollicité deux réalisateurs. L’un c’était Vincent Paronnaud pour Persépolis. Comme c’était un dessin animé, je me suis montrée moins pudique. L’autre c’est Christophe Honoré pour Homme au bain.  Après Non ma fille tu n’iras pas danser,  j’ai appris qu’il avait un autre projet dont il ne m’avait pas parlé parce que c’était un film de garçons. Mais je l’ai persuadé qu’il avait besoin d’une femme. Cela dit, il faut se méfier des familles au cinéma. Cela peut vous rendre possessif des deux côtés».

Côté envie enfin,  la comédienne, qui en dépit de son ascendance italienne, a toujours travaillé en France à l’exception d’un long-métrage avec Francesca Comencini, adorerait faire un film d’horreur avec Dario Argento.

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