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"L.A.Zombie" en compétition à Locarno, juste parce qu'il le vaut bien...

 Epineuse question existentielle, Olivier Père se moquerait-il ? Si je m’interroge, c’est parce qu’il a prétendu  n’avoir pas songé une minute à une éventuelle provocation et  donc sélectionné «L.A.Zombie» uniquement sur ses qualités artistiques. Après l’avoir vu, le doute n’est plus permis. Déjà après son bannissement du festival  de Melbourne, j’avais du mal à croire cette histoire. N’était-ce que par le ravissement de son réalisateur frétillant d’aise à l’idée de la publicité que cette interdiction allait lui faire pour Locarno, puis pour Toronto cet automne.

 A  propos de cette censure évidemment stupide, je me demande juste en passant pourquoi le Bureau australien de classification des films et de la littérature a cru bon de se justifier en disant que l’opus de Bruce La Bruce était «aux limites du porno».Elles  me paraissent pourtant  franchies. Olivier Père a  beau raconter qu’il s’agit d’un métrage d’art qui joue avec l’esthétique  des films d’horreur et du cinéma gay, c’est quand même un porno gore homo. Même si, outrageusement fabriqué, il en devient ridicule.

 La  chose, à peu près sans paroles heureusement, montre  une étrange créature  à la libido exacerbée  émergeant de l’océan sexe au vent, et qui se met à fouiller les blessures des morts de son immonde queue fourchue. Pour les arroser ensuite d’une semence tout aussi répugnante. Car c’est  un zombie compatissant. En réalité, il veut les ramener les malheureux à la vie. A commencer par un surfer victime d’un accident de voiture.

 Puis, traînant dans les endroits glauques de Los Angeles et se confondant avec un SDF schizophrène, notre zombie  tente de ressusciter un criminel en col blanc, un violeur, un drogué et un groupe de stars du X toxicomanes. Avant d’aller, fatigué des  dures réalités de la Cité des Anges, creuser une tombe dans un cimetière. Le tout sur fond d’hémoglobine et avec, dans le rôle principal, l’acteur de porno français François Sagat. Que l’on verra également aux côtés de Chiara Mastroianni dans « Homme au bain » de Christophe Honoré.

 Certes, tous les goûts étant dans la nature,  «L.A..Zombie» offre un intérêt pour les amateurs du genre qui y voient de la beauté visuelle et une certaine poésie. Mais le perturbant dans l’affaire reste, alors qu’il aurait pu par exemple faire l’objet d’un événement spécial, sa place en compétition. D’autant qu’il ne bénéficie pas du même traitement que les autres films en concours, montrés l’après-midi au FEVI, qui compte quelque 2500 places. Mais, celui-ci, interdit aux moins de dix-huit ans, a été projeté jeudi soir à 23 heures et le sera ce soir à 21 heures. Dans des petites salles de surcroît. Cherchez l’erreur. En effet quel dommage de priver une bonne partie du public d’un tel chef d’œuvre!

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