le blog d'Edmée - Page 617
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Le tsunami bleu sur les courts de l'US Open
La TSR et Eurosport clamaient qu’elles nous présenteraient Flushing Meadows par le menu. Moralité, juste des mots et trois images sur leur site. Côté émissions en direct, c’est la cata. Tandis que l’antenne française ne daigne montrer que les filles, les amateurs de tennis en général rongent leur frein devant Drôles de dames sur la chaîne romande.Outre le différé de 10 h 30 du matin (les forcenés du boulot leur disent merci…), les fans n’ont eu droit qu’à un seul match tronqué en diffusion instantanée, celui de Sa Grâce jeudi soir contre Andreas Beck.Une rencontre sans véritable intérêt de surcroît. Face à ce second couteau allemand à peine moins ébréché que la lame argentine du premier tour, la légende helvétique n’a guère eu le loisir et le besoin d’étaler sa science.En revanche, Rodgeur ne s’est pas privé d’afficher son égoïsme en racontant, avant le tournoi, qu’il joue pour lui «désormais». Un adverbe carrément déplacé. Je brûle en effet de savoir pour qui d’autre que sa petite personne notre patriote à la noix, comme le prouve son dédain de la Coupe Davis, a déjà évolué sur un court!A tout prendre, je préfère les sornettes des experts tricolores. Les pauvres n’en peuvent plus du tsunami bleu qui s’est abattu sur l’US Open. Certes, ils vont devoir rapidement se calmer avec l’inévitable reflux de la vague. Mais ils auront du mal à se remettre de certaines victoires. A l’image de celles de Llodra sur Berdych et de Gasquet sur Davydenko.Admirateurs fous de l’incomparable Biterrois, les commentateurs n’ont pas hésité à affirmer que s’il n’était pas malencontreusement tombé contre la génération des Federer, Nadal, Murray ou Djokovic, il aurait remporté plein de Grands Chelems!Bref, heureusement que le marquis de La Palice n’a pas la télévision dans sa tombe, sinon il serait vert de jalousie. D’autant que des truismes, il ne cesse d’en pleuvoir dans la lucarne. Le pompon dans le genre revoent sans conteste au Suédois Mats Wilander. Faisant la pige à un Pierre-Alain Dupuis, le fleuron d’Eurosport vient de sortir, à propos de Caroline Wozniacki, une de ses fines analyses dont le pointu vaut son pesant de raquettes.Un rien contraint et forcé dans la mesure où il doute beaucoup du talent de la Danoise, il a déclaré en substance d’un ton pénétré: «Il est vrai que si elle progresse et gagne match après match, elle pourrait bien inquiéter Williams ou Clijsters…»Aussi audacieux que ravageur, le pronostic. Je me demande combien on le paie. -
La nouvelle invincible armada du crampon!
Avant la rencontre, les superlatifs ne cessaient de pleuvoir. Alors vous imaginez le délire après la victoire des footeux lausannois qui, contre toute attente, s’en sont allés battre in extremis les Russes chez eux.Immense, colossal, monumental. Bref, majuscule, comme diraient les commentateurs de la TSR, très fiers de l’invention de ce nouveau mot.L’engouement dépasse en effet l’imagination. Selon un sondage, seuls 13% d’esprits chagrins boudent la performance. En revanche, 80% d’aficionados se déclarent convaincus que le club va renouer sans tarder avec son glorieux passé.Ils sont tellement fabuleux, ces Vaudois, qu’ils en apparaissent presque effrayants. Preuve en est la question quasi existentielle des observateurs éberlués par leur prodigieux exploit, se demandant qui arrivera à stopper cette fantastique machine lancée à plein régime depuis des semaines.En d’autres termes, il faudra un formidable adversaire pour parvenir à freiner l’avancée inéluctable de la nouvelle invincible armada du crampon helvétique.A mon avis, ce pourrait simplement être le prochain. Bien que les spécialistes mégotent drôlement sur le sex-appeal du CSKA Moscou. Si proche de zéro qu’il sera inutile de squatter le Stade de Genève pour le recevoir. A croire que c’est donner de la confiture à des cochons que d’obliger le diamant lausannois à affronter ces vulgaires zircons moscovites...Rien de comparable en somme avec leurs compatriotes du Lokomotiv, que les Vaudois ont réussi à faire dérailler l’autre soir. Gare au péché d’orgueil. Car non seulement le train en question marchait plus à la vapeur qu’à l’électricité, mais encore les hommes du cru manquaient singulièrement de charbon pour alimenter la chaudière.Du coup, il n’est pas si étonnant que les Lausannois, déjà portés aux nues, se mêlent de jouer les coqs en Europa League. Je l’admets, cela n’a pas mal de gueule pour des seconds couteaux. Je nourris cependant des espoirs plus flamboyants qu’une modeste phase de poules, avec l’US Open qui se profile.Je veux évidemment parler des fermes résolutions de Sa Grâce, piquée au vif par des allusions blessantes, de se comporter en big boss à Flushing Meadows.Et j’avoue que ça me ferait particulièrement plaisir de voir la légende remporter son dix-septième Grand Chelem. Surtout à la barbe du pitbull ibérique, du Schtroumpf serbe et de la belette écossaise, assez certains de lui barrer la route. -
Les cadors à la niche, Sa Grâce sauve l'honneur
Bon d’accord, Rodgeur a remporté son 17e Masters, ce qui va sans doute pousser les fans à crier au génie retrouvé. D’autant que le roi à la couronne en berne depuis Melbourne a égalé le record de Bjön Borg en décrochant son 63e titre.
Il n’y a pourtant pas de quoi en faire un fromage. C’était la moindre des choses pour le Bâlois que de triompher plus ou moins sans gloire après avoir vaincu carrément sans péril dans ses deux premiers matches à Cincinnati. Grâce à la blessure bienvenue d’Istomin et au forfait providentiel de Kohlschreiber. Vingt-sept minutes sur un court pour rallier un troisième tour, voilà qui aussi peu banal que fatigant.
Bref du tout cuit en principe. Mais ce fut au contraire tellement dur en finale face au courageux Mardy Fish que je voyais déjà la légende recommencer le coup de Toronto, Et perdre en deux sets contre le second couteau américain en jouant bêtement au Père Noël.
Vous me rétorquerez qu’il s’en est quand même heureusement mieux sorti que ses rivaux Nadal, Djokovich et Murray. A la niche la tête basse, les trois autres cadors du circuit, tous misérablement éjectés en quarts de finale. Et devant compter sur Federer pour sauver leur honneur perdu.
Pour autant, j’imagine assez mal le Suisse ajouter quatre Grand Chelems à son palmarès, ainsi qu’il l’a récemment claironné, très agacé par l’insolence des journalistes toujours prompts à évoquer son déclin à la plus petite faille.
Après l’avoir observé, plus cheval de labour que pur-sang, ahaner contre Berdych et Djokovich la semaine dernière et suer ferme face à Fish dimanche, j’avoue que le gain de l’US Open dans huit jours pour commencer à viser l’objectif, ne me paraît pas franchement acquis les doigts dans le nez.
A l’image d'ailleurs du succès du pitbull de Manacor en trois coups de cuillère à pot. Et pas seulement parce qu’il me semble fâcheusement émoussé de la canine, notamment suite à son pitoyable échec contre Baghdatis. Mais surtout parce que McEnroe ne cesse de clamer que l’Ibère va s’imposer cette année à Flushing. Or il est comme Mats Wilander, le grand John. Il suffit que l’un et l’autre étalent leur science de la raquette pour que leurs certitudes volent en éclats. Avec évidemment retournement de veste à la clé.