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le blog d'Edmée - Page 520

  • Sorties cinéma: "La chasse", un redoutable sport danois...

    The-Hunt-Jagten-film-stil-008[1].jpgEn 1998, le Danois Thomas Vinterberg, l’un des signataires avec Lars Von Trier du fameux Dogme, faisait irruption en compétition à Cannes avec Festen, où il révélait le passé pédophile d’un père écoeurant en plein dîner de famille. Il revenait en mai dernier avec La chasse (Jagten) où se penchant à nouveau sur la pédophilie, il raconte la descente aux enfers d’un homme innocent du crime dont on l’accuse.
     
    Lucas, un quadra séduisant luttant pour voir davantage son fils Marcus après un divorce difficile, a noué une nouvelle relation et trouvé un boulot d'éducateur dans une école maternelle où les enfants l’adorent. Et puis un jour, c’est le drame. La fille de son meilleur ami, une gamine de 5 ans au visage d’ange, perturbée par des images pornos que lui a montrées son frère aîné, raconte à la directrice que Lucas s’est exhibé devant elle.

    Le mensonge se propage comme un virus par la faute d’autres enfants, poussés par des parents irresponsables à s’avouer eux aussi victimes d’attouchements. Malgré leurs récits fumeux et surtout les vigoureuses dénégations de Lucas, la chasse s’organise. C’est la curée. De traqueur de gibier à ses heures avec ses copains, l'éducateur interprété par le remarquable Mads Mikkelsen (photo), sacré à meilleur acteur sur la Croisette, est devenu la proie d’une communauté hystérique.

    Ce drame noir qui se déroule pendant les fêtes de Noël, se révèle moins percutant que Festen. Mais à la fois consensuel et peu original, il n’en analyse pas moins avec pertinence et vraisemblance le redoutable comportement grégaire du groupe, à qui de vagues rumeurs suffisent pour se transformer en implacable meute prête à déchiqueter l’animal blessé.

    Ma Nouvelle Héloïse, encore un hommage à Rousseau

    photo1G[1].jpgPour ses 300 ans, le grand  Jean-Jacques n’en finit plus d’alimenter la création artistique. A son tour, Francis Reusser lui rend hommage avec Ma Nouvelle Héloïse. Un riche mécène japonais, amoureux de Rousseau, propose au réalisateur Dan Servet de tourner une version filmée du roman épistolaire de l’écrivain philosophe.

    Servet réunit alors trois jeunes acteurs pour un atelier cinéma dans un palace désaffecté au-dessus de Clarens pour mettre en images la passion de Julie, St Preux et Claire, qui va rapidement influencer les personnages contemporains.

    Les comédiens lisent bien leur texte et sont jolis, à l'image de la délicate Mali Van Valenberg. Mais quelques belles pages de Rousseau et une défense de la pellicule ne suffisent pas à donner de la chair à un film qui se veut gracieux, érudit et littéraire, mais agace souvent par son côté artificiellement ludique, affecté et poseur.

    Shanghaï, Shimen Road, évoque une jeunesse perdue dans la mégapole

    shanghai89shimenlu_shanghai_05_[1].jpgXiaoli, 16 ans, dont la mère a émigré aux Etats-Unis vit avec son grand-père dans un vieux quartier de Shangaï. Sa meilleure amie, Lanmi, travaille dans une usine. Elle est un peu plus âgée et Xiaoli souffre bientôt de la voir s’éloigner de lui, attirée par les possibilités qu’offre une Chine commençant à s’ouvrir à la culture occidentale en cette fin des années 80.

    Il se rapproche alors de Lili, sa camarade de classe, une jeune fille dynamique qui veut l’emmener à Pékin où se déroulent sur la place Tian’anmen les manifestations de 1989, déclenchées par des étudiants, des intellectuels et des ouvriers qui dénoncent la corruption et demandent des réformes politiques.

    Xialoli ne se rendra pas à Pékin, mais la contestation qui s’étend aux grandes villes, gagne Shanghaï, forçant le jeune garçon à grandir. Le film de Shu Haolun, générationnel et initiatique, évoque une jeunesse troublée, à l’avenir incertain, perdue dans une ville gigantesque, tentaculaire et tentant de trouver sa propre voie. L’excellente interprétation des comédiens contribue largement à la réussite de l’opus.

    Films à l’affiche dans les villes romandes dès mercredi 14 novembre.

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  • Sortie cinéma: Gad Elmaleh, requin de la finance dans "Le Capital" de Costa-Gavras

    20283496.jpg-r_640_600-b_1_D6D6D6-f_jpg-q_x-xxyxx[1].jpgDocumentaires et fictions se multiplient depuis le début de la crise sur l’univers impitoyable de la finance. Toujours prompt à mettre le doigt là où ça fait mal, à s’enflammer contre les dérives  de la dictature grecque (Z), du communisme (L’aveu) ou  de  l’Eglise (Amen), Gosta-Gavras le rebelle ne pouvait laisser passer l’occasion de  nous livrer à son tour son brûlot contre les excès désastreux du capitalisme sauvage. Un sujet qu’il avait d’ailleurs déjà abordé dans Le couperet.

    Adaptant le roman éponyme de Stéphane Osmont, le réalisateur évoque ainsi,dans Le Capital, l’ascension de Marc Tourneuil, un valet de banque aux dents longues, prêt à tout pour grimper  les échelons quatre à quatre. Il n’en aura pas franchement besoin, puisqu’il est soudainement propulsé au sommet d’un des plus grands établissements européens par son patron tombé gravement malade. Du coup, évoluant dans une nasse aux forts relents mafieux, il devient la cible privilégiée des autres requins avides de se débarrasser de lui au plus vite.  

    Pour le rôle de cette petite ordure uniquement motivée par le pouvoir et la jouissance que lui procurent l’argent, mais curieusement censée forcer la sympathie, Costa-Gavras a choisi Gad Elmaleh, acteur comique à contre-emploi donc, que tout le monde ou presque s’accorde à trouver excellent, sinon carrément génial. Ce n’est pas vraiment le cas dans la mesure où, se muant en espion façon James Bond dans les réunions des pontes, il paraît souvent à côté de son sujet. Et il ne lui suffit pas non plus de prendre un air sérieux pour se montrer convaincant.

    Comme les femmes, pièces rapportées dont l’auteur offre une vision outrancièrement caricaturale. A l’image de Natacha Régnier en improbable épouse sujette à une vague culpabilité face aux licenciements massifs opérés par son homme, ou de Liya Kebede, top model style pute de luxe marchant à la coke, et extorquant de substantiels cadeaux aux hommes qu’elle excite pour mieux se refuser à eux.  

    Par ailleurs, outre le fait qu’on peine un peu à se passionner pour l’aspect assez ennuyeux du milieu bancaire et le traitement compliqué de ce Wall Street à la française, Costa-Gavras rechigne à se décider entre la satire féroce, le thriller financier faussement vitriolé et la grosse farce. Pour preuve cette scène de fin où Gad Elmaleh s’écrie: "Je suis votre Robin des Bois moderne. Continuons à prendre aux pauvres pour donner aux riches!"

    Formidable de clairvoyance et de cynisme ce Tourneuil! D’autant que les actionnaires s’esclaffent, pleinement conscients du mal qu’ils font, croit-on. Mais non. Il s’agit d’une simple saillie, un bon mot pour amuser une brochette de vilains méchants, banalement ramenés à une bande de potaches turbulents et joueurs. Dommage. Même s'il se prend pour l'un d'eux en l'occurrence, le cinéaste nous a habitués à mieux.

    Film à l’affiche dans les salles romandes dès mercredi 14 novembre.

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  • Sortie cinéma: Avec "Après Mai", Olivier Assayas revisite les années 70

    200full-[1].jpgL’un des bons films de la semaine, Après Mai revient avec un peu de nostalgie et de mélancolie sur l’effervescence politique,  le bouillonnement des idées d’il y a quarante ans. Situé en région parisienne, il commence en 1971 avec une manifestation  réelle interdite et violemment réprimée par les CRS, en faveur des leaders de la gauche prolétarienne emprisonnés.

    Il nous emmène ensuite dans un cours de philo, puis s’attache à suivre, de France en Italie en passant par Londres, le destin de quelques lycéens utopistes, anticapitalistes. Désireux d’emboîter le pas aux  étudiants de  68, d’être aussi bien qu’eux et de se faire eux aussi entendre, ils militent à coups de tracts, d’affiches, de slogans révolutionnaires importés de Chine ou de Cuba.

    A l’image de Gilles, dont l’engagement s’oppose à ses aspirations artistiques, vouloir écrire ou peindre étant alors considéré comme petit bourgeois, tous cherchent à tracer leur route entre premières amours, premières manifs, études et choix d’un métier. De quoi permettre à Olivier Assayas d’explorer les combats, les rêves et les désillusions d’une jeunesse fervente qui fut aussi la sienne.

    Un film né de plusieurs désirs

    Rencontré récemment à Genève, le cinéaste nous explique qu’Après Mai  est né de plusieurs désirs. Dont celui de donner une sorte de prolongement à L’eau froide, œuvre très personnelle tournée en 1994, où il parlait déjà, mais d’une façon plus poétique, de sa génération. "Ce film a beaucoup compté pour moi, mais il m’était toujours resté comme un sentiment d’inachevé. Après Mai complète  sa dimension autobiographique ou celle, politique, de la décennie 70 telle que je l’ai vécue".

    En 2010, vous avez  réalisé "Carlos", excellent opus en trois parties sur le célèbre terroriste de ces années-là. Y a-t-il un rapport avec votre volonté de revisiter cette époque sous un prisme différent ?

    Effectivement, j’ai eu beaucoup du plaisir à reconstituer cette période. En plus, avec Carlos, j’ai appris de nouvelles manières de filmer, de regarder. Je les ai donc appliquées à un cinéma plus intime. Mais je précise que mes souvenirs sont fatalement subjectifs, chacun ayant vécu Mai 68 à sa manière.

    Il y a une part autobiographique dans "Après Mai". La revendiquez-vous?

    Je ne crois pas trop à l’autobiographie au cinéma. Mais disons que je me reconnais dans ces jeunes gens. Plutôt dans Gilles que dans les autres.

    Vos héros paraissent assez naïfs, prêtent même parfois à sourire. Ils fantasment sur une alliance avec les ouvriers, les paysans, prônent l’aventure et la liberté. Ils vilipendent  la bourgeoisie alors qu’ils apparaissent comme des fils et des filles à papa.

    Je n’aime pas du tout entendre la dernière partie de votre phrase. Je parle d’un lycée de banlieue où on trouvait toutes les classes sociales. Je me fiche de savoir d’où viennent mes protagonistes. Ils ont une  détestation de la consommation, un rapport très modeste au monde matériel. Aujourd’hui les gens sont beaucoup plus riches. Contrairement à hier ils sont obsédés par leur carrière, la construction d’une famille bourgeoise.

    Votre film est donc porté par l’élan d’une époque.

    Oui car il évoque un moment où le monde change, où certes l’idéologie est confuse, mais où il  y a une foi dans la révolution. Contrairement à ce qui se passe maintenant avec une génération qui vit dans un présent amorphe. Avant Mai 68 personne n’imaginait qu’un tel événement puisse se produire. C’était une révolution contre le mode de vie et les valeurs de l’époque. L’irruption du réel dans un monde rigide et qui ne voulait pas en voir la transformation.

    Film à l'affiche dans les salles romandes dès mercredi 14 novembre.

     

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