Cinéma: "Argerich/Bloody Daughter", "Comme des lions à l'entrée de la nuit" (27/02/2013)

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Parmi les nombreuses sorties de la semaine, deux documentaires pour les amateurs du genre. Suisses de surcroît. Fille de la célèbre pianiste argentine, la genevoise Stéphanie Argerich nous laisse pénétrer dans l’intimité de sa famille, dominée par la figure de la grande Martha.

Dans son premier long-métrage, sous-titré Bloody Daughter et qui s’ouvre sur son propre accouchement, elle se  penche plus particulièrement sur la relation entre la "déesse" et ses trois filles. Evoquant leurs souvenirs, elles laissent découvrir un univers, complexe, chaotique, hors du commun.

L’auteur pose à sa fantasque et ardente héroïne des questions parfois embarrassantes sur ses demi-sœurs, l’une née Lyda Chen et l’autre Annie Dutoit, sur la difficulté à mener de front maternité, carrière artistique qui l’emmène aux quatre coins de la planète, vie de couple. L’occasion de donner également la parole à son père, Stéphane Kovacevich, autre géant du monde musical, interprète de Beethoven.

Dans cette plongée sans détour au cœur d’une étonnante galaxie familiale, la réalisatrice alterne les prises de vue en direct avec des images d’archives, tout en livrant ses propres impressions  off. L’ensemble donne un documentaire certes émouvant et inédit dans ce qu’il révèle de sa protagoniste principale, mais bancal.

En réalité, il tient davantage du journal de son auteur que du portrait de sa mère. Du coup cela manque singulièrement de musique. Les fans de l’artiste doivent ainsi se contenter de quelques scènes  lors de répétitions ou de concerts. L’opus n’en a pas moins remporté un Fipa d’or dans sa catégorie au festival de Biarritz.

Comme des lions de pierre à l’entrée de la nuit

LP_04[1].jpgUn autre cinéaste genevois, Olivier Zuchuat, propose la découverte d’un pan tragique et méconnu de l’histoire grecque, en nous emmenant à Makronissos, petite île des Cyclades. Elle a servi, entre 1948 et 1951, de prison à plus de 80.000 soldats et civils, internés dans des camps de rééducation pour activité communiste.

Parmi eux se trouvaient de nombreux écrivains et poètes dont Yannis Ritsos. En dépit de leurs terribles conditions d'existence, ils ont réussi à écrire des textes décrivant cet enfer concentrationnaire.  Certains, cachés dans des bouteilles et enterrés sur place, ont été retrouvés, inspirant son désir de film à Zuchuat. 

Comme des lions de pierre à l’entrée de la nuit mêle à de rares archives photographiques et cinématographiques la lecture de ces poèmes et les discours de rééducation diffusés en permanence par les haut-parleurs. Alors que de longs travellings balayent les ruines du camp, cette résistance à l’oppression par les mots donne un film d’un abord un peu difficile, mais indispensable contre l’oubli.

 

Films à l’affiche dans les salles romandes, mercredi 27 février.

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