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le blog d'Edmée - Page 518

  • Sortie cinéma: "Au-delà des collines" laisse entrer le diable au couvent...

    28c669c4-3303-11e2-8b8c-bebc0bbc3090-493x328[1].jpgEn 2007 Cristian Mungiu décrochait la Palme d’Or pour 4 mois, 3 semaines, 2 jours. En mai dernier, il revenait sur la Croisette avec Au-delà des collines pour nous plonger, pendant 2h30, dans le rude quotidien d’un couvent orthodoxe. Séduisant à nouveau le jury, il  remportait le prix du scénario, tandis que ses deux héroïnes principales, Cosmina Stratan (à droite sur la photo) et Cristina Flutur étaient sacrées meilleures actrices.
     
    Alina, une jeune Roumaine de 25 ans, vient voir Voichita, son amie d'enfance avec qui elle a eu une petite relation amoureuse à l'orphelinat. Elle la supplie de rentrer avec elle en Allemagne. Mais la vie de Voichita a bifurqué sous l’influence d’un pope hirsute, ultra rigoriste, aux méthodes d’un autre âge. Depuis leur séparation, c’est à Dieu qu’elle s’est donnée. Un rival de taille. Alina décide quand même de rester un peu, dans  l’espoir de convaincre son amie de changer d’avis. En vain. 

    Entre prières et corvées domestiques, la jeune femme a du mal à se plier aux règles dans ce monde clos, silencieux, sans électricité, perdu dans un paysage hivernal, désolé, désert.

    De plus en plus minée par le désespoir, la frustration et la rage, Alina profane le mausolée, jette l’icone par terre, critique violemment le rituel. Des comportements violents qui laissent penser au prêtre qu’elle est possédée par le diable. Il s’agit dès lors de protéger la communauté. Sous le regard impuissant d’une Alina désemparée et la complicité servile des autres membres, l’intruse est séquestrée, bâillonnée, attachée à une croix…

    L’histoire, brutale, se base sur des faits authentiques qui s’étaient déroulés en Moldavie en 2005 et où une jeune nonne schizophrène fut retrouvée morte suite à un exorcisme. Cristian Mungiu dépasse ce fait divers tragique pour parler de la pratique de la religion, d’amour, de libre arbitre, et de tous ces éléments qui déterminent notre destin, comme l’endroit où l’on est né, le milieu où on évolue, l’éducation qu’on a reçue.

    Avec ce film magnifiquement porté par Cosmina Stratan et Cristina Fultur, le cinéaste roumain livre une œuvre dense, originale, sous tension, à la mise en scène à la fois simple, sobre et puissante.

    Film à l'affiche dans les salles romandes dès mercredi 28 novembre.

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  • Ski: match au couteau entre la RTS et Eurosport...

    topelement[1].jpgC’est toujours avec un plaisir sans mélange que je retrouve le ski à la télé. Bien que ces malheureux Helvètes fassent franchement pitié pour l'heure. Tir groupé en queue de classement dans les deux premières courses de vitesse, à l'image d'un Didier Défago (photo) portant non seulement tous les espoirs de la nation, mais n'ayant jamais attaqué la saison dans d'aussi bonnes conditions...

    Au secours! Pour ne rien vous cacher, je n imaginais pas que j’allais ressentir aussi cruellement l’absence de ce brave Didier Cuche.

    De quoi se dire que décidément, partout où on se tourne on se rend compte que l'Helvétie n’a que des arbres qui cachent les forêts. A commencer évidemment par le tennis où, lorsque la légende fera ses valises, on n’aura plus que les yeux pour pleurer.

    Rien de tel en revanche et heureusement chez les commentateurs, qui ont débarqué plutôt en forme sur les ondes. Bien que Fabrice Jaton orphelin de la flèche des Bugnenets me semble un chouïa déboussolé, et du coup un poil au-dessous de ses meilleures performances. Mais nul doute qu’il va peaufiner la chose au fil des épreuves.

    Et il a intérêt, car Eurosport paraît prêt à livrer un match au couteau avec la RTS dans le domaine. Certes l’inénarrable William Besse, qui continue à faire se retourner Molière dans sa tombe, a pris une belle option sur la victoire. Dans son style inimitable, il nous déclarait par exemple dimanche lors du super-G de Lake Louise: "La piste n’est pas difficile, mais elle est difficile à être vite… Surtout quand tu dois recréer un ski…"

    Admettez que face à un tel talent, il n’est pas simple de régater côté français. On ne s’est pas moins donné du mal pour y arriver. Consultante pour la chaîne, Christelle Pascal se livrait elle aussi à une étude extraordinairement pointue du comportement des skieuses tricolores, qui avaient tendance à "mettre la charrue devant les bœufs"  défaut rédhibitoire leur interdisant de "claquer une bonne manche". Complétant son analyse d’un ton péremptoire, en n'hésitant pas à affirmer que dans le ski "beaucoup de choses se jouent par les pieds… "

    Dément, le scoop. Et on n’en est qu’au tout début des hostilités. Avouez que ça promet!

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  • Sortie cinéma: "War Witch" se penche sur les enfants soldats

    AFP_120218_u15qv_nguyen-mwanza-rebelle_sn635[1].jpgParticulièrement éclectique, le cinéma québécois continue à se bien porter et à surprendre. Après des films aussi différents que Monsieur Lazhar ou Laurence Anyways, War Witch s'intéresse aux enfants soldats. Jeune Africaine de 14 ans, Komona raconte sa vie à l’enfant, produit d’un viol, qu’elle porte depuis son enlèvement par une armée rebelle qui l’a obligée à faire la guerre. Le seul qui l’aide, la protège et l’écoute est le Magicien, un albinos de 15 ans qui veut l’épouser. Bravant leurs redoutables chefs, Komona et lui s’évadent pour essayer de vivre leur passion.

    Film sur la résilience, la rédemption et la quête de la lumière, War Witch ou Rebelle illustre jusqu’à l’horreur la terrible existence des enfants soldats. Au départ, le premier réflexe du réalisateur Kim Nguyen fut d'ailleurs de dénoncer cette situation. Mais tout en se nourrissant de faits réels, le jeune cinéaste québécois s’en est détaché pour proposer une histoire d’amour entre deux jeunes gens pris dans un monde de violence.

    Mais cette fable humaniste, mélange également de lyrisme, de poésie et d'apparition de fantômes, ne se veut jamais misérabiliste. Elle montre une adolescente qui, à l’image de ses petits camarades, manifeste une incroyable force et ne cesse de vouloir s’en sortir.

    Lors d'un récent passage à Genève, Kim Nguyen a évoqué son quatrième long-métrage, qui va représenter le Canada à la prochaine cérémonie des Oscars.

    Vous le portez en vous depuis une dizaine d’années. Pourquoi une si longue gestation?

    Pour plusieurs raisons, la plus simple étant qu’écrire prend du temps! Mais revenons à la base où il y a de vrais témoignages et  surtout l’histoire de ce gamin de neuf ans, en Birmanie, qui s’est réveillé un beau matin en déclarant qu’il était la réincarnation de Dieu. Suivez mes enseignements, disait-il aux soldats et vous ne mourrez pas.

    Et que leur est-il arrivé?

    Rien, ainsi qu'il l’avait affirmé. Pendant six semaines. J’ai alors fait des recherches sur les enfants soldats et décidé de situer le récit en Afrique subsaharienne. En plaçant au centre une adolescente, Komona, dont j'ai adopté le point de vue. Il s'agit d'une non-professionnelle, à l'image des autres  protagonistes, ce qui pour moi est un avantage. Ils évitent l’autoanalyse…

    Le rôle de Komona est joué par Rachel Mwanza (photo avec son réalisateur), qui a décroché l’Ours d’argent de l’interprétation à la dernière Berlinale. C’est une actrice née. Comment l’avez-vous trouvée?

    Dans la rue à Kinshasa. Pour les besoins d’un documentaire, un millier d’enfants avaient été auditionnés et quelques-uns sélectionnés, dont Rachel. Elle avait 13 ans et habitait chez un caïd qui la contraignait à voler. Du coup elle est devenue une grande bagarreuse. Et comme vous dites une actrice née. Elle a un talent fou, un naturel incroyable, n’a pas peur de la caméra. Elle est aussi d’une rare nonchalence. Elle ne se prépare pas. C’est une instinctive. Elle a transcendé le scénario.

    Vous avez choisi de tourner au Congo, où vous avez passé plus de quatre mois. Un sacré défi.

    Il est vrai que Kinshasa est une des villes les plus dangereuses du monde et nous avons souvent eu très peur. Mais ce n’était pas pour jouer les kamikazes.  Cela m’a permis de remettre nos problèmes occidentaux en perspective et de réaliser à quel point nous dépendons des ressources du tiers-monde. En l’occurrence du coltan, dont 80% proviennent du Congo. C'est un métal rare qu’exploitent les compagnies minières et qui entre dans la fabrication de nos portables. Nous sommes donc en partie responsables des conflits dans la région.

    Film à l'affiche dans les salles romandes dès mercredi 21 novembre.

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