Un cavalier orgueilleux, un cheval caractériel, le couple n’était a priori pas destiné à atteindre des sommets. Et pourtant l’homme et sa monture sont devenus des héros nationaux en 1988. C’est ce qu’on découvre dans Jappeloup, signé Christian Duguay.
Abandonnant sa carrière d’avocat au début des années 80, Pierre Durand décide de se consacrer à sa passion, le saut d’obstacles. Soutenu par son père, il mise sur Jappeloup un jeune cheval dont personne ne veut en raison de sa petite taille ( 1.58 mètre au garrot) et de son côté trop imprévisible. En revanche il a une formidable détente et révèle une grande aptitude au saut dans les diverses compétitions où il est engagé.
Le duo commence à s’imposer dans le milieu, mais subit un cruel échec aux JO de Los Angeles en 1984. Pierre Durand comprend qu’il est le principal responsable de cette défaite et s’applique à gagner la confiance de Jappeloup dont il ne s’est jamais vraiment occupé. Quatre ans plus tard, c’est l’apothéose à Seoul, tous deux rapportant une médaille d’or à la France.
Guillaume Canet, dont la vocation de cavalier professionnel a été stoppée par une mauvaise chute à 18 ans, a lui-même écrit le scénario dont il est le héros. Il s’y montre sans indulgence, tout comme il dépeint sans complaisance ni concession le monde de l’équitation. Mais pour les passionnés de la discipline, le principal intérêt réside dans les scènes de concours de sauts nd'obstacles, particulièrement bien filmées.
Le reste de l’intrigue où interviennent notamment Daniel Auteuil et Jacques Higelin est moins convaincant. On est en revanche séduit par Marina Hands, elle-même ancienne bonne cavalière, qui s’est glissée dans le rôle de Nadia, la femme de Pierre Durand.
No, la campagne de pub fatale à Pinochet
Tandis que Jappeloud et Pierre Durand triomphaient à Seoul, Augusto Pinochet acceptait d’organiser sous la pression, cette même année 1988, un référendum sur sa présidence à la tête du Chili, qui a conduit à son éviction le 5 octobre.
Tête d’affiche dans le film de Pablo Larrain, Gael Garcia Bernal incarne le publicitaire René Saavedra, embauché par les opposants pour les aider à monter leur campagne de communication dans le but de faire gagner le "Non". Il applique ses méthodes habituelles pour contribuer au renversement du dictateur.
Le rôle est taillé sur mesure pour Bernal, militant en faveur de la justice sociale et choisissant ses rôles en fonction de son engagement. Lors d’une rencontre avec le public au dernier festival de Locarno, il estimait que les acteurs sont responsables de leurs films et se déclarait principalement intéressé par les projets posant des questions subversives, dangereuses.
Dans No, profonde réflexion sur le système démocratique et ses contradictions, le réalisateur revient minutieusement sur le calendrier du référendum tout en rappelant les menaces et intimidations dont les auteurs de la campagne ont fait l’objet. Il se sert également de la publicité pour évoquer quelques tendances socio-culturelles de l’époque
Ai Weiwei, provocateur dissident chinois
On reste dans la contestation politique avec un documentaire consacré à l’artiste dissident chinois Ai Weiwei, tout à la fois architecte, sculpteur, photographe, plasticien, auteur d’œuvres monumentales, de pièces et clichés provocateurs. Le séisme qui s’était produit dans la province de Sichuan, causant la mort de 5000 élèves dont le gouvernement avait tu les noms et le nombre, constitue une de ses réalisations majeures.
Actuellement interdit de sortie du pays, ce frondeur charismatique se bat pour la liberté d’expression. La journaliste américaine Alyson Klayman, qui vit en Chine depuis plus de six ans, se fait l'écho de ses luttes, de ses indignations, de ses actes de résistance qu’en fervent utilisateur des réseaux sociaux il consigne soigneusement. A l’image d’une violente agression policière où il a faili y rester et que relatent photos et vidéos postés via son compte Twitter.
Alyson Klayman livre un film intéressant mais qui pourrait être passionnant si elle ne laissait pas traîner des zones d’ombre autour de son protagoniste, contribuant ainsi à maintenirl’ambiguité de ce personnage paradoxal, égocentrique, opposant courageux au régime, mondialement connu et de ce fait protégé par sa célébrité.
Tout en évitant soigneusement d’évoquer des questions d’argent, elle passe aussi comme chat sur braise sur sa participation à la construction du célèbre "Nid d’oiseau" pour les Jeux Olympiques de Pékin en 2008, opérant ensuite un revirement spectaculaire et dressant un de ses fameux doigts d’honneur à la manifestation. Comme il l’avait fait dans sa série face à d’autres symboles de la culture chinoise et occidentale, dont la Tour Eiffel. Omission fâcheuse et frustrante.
Nouveaux films à l’affiche dans les salles romandes.