Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

le blog d'Edmée - Page 519

  • Sortie cinéma: "Thérèse Desqueroux", le dernier défi de Claude Miller

    20183107.jpg-r_640_600-b_1_D6D6D6-f_jpg-q_x-xxyxx[1].jpgSpécialiste de l’adaptation littéraire, Claude Miller, mort le 5 avril dernier, avait décidé pour son dernier film de porter à l'écran Thérèse Desqueroux, le chef d’œuvre de François Mauriac. Publié en 1927, le roman avait déjà tenté Georges Franju et avait valu à Emmanuelle Riva le prix d’interprétation à la Mostra de Venise en 1962.

    Un double défi à relever pour Claude Miller, qui a fait appel à Audrey Tautou pour incarner la fascinante Thérèse. Personne ne remplacera Emmanuelle Riva, mais le choix se révèle plutôt judicieux, la comédienne se montrant convaincante dans le rôle de cette avant-gardiste de l'époque à l'allure un peu austère, de cette intello qui a lu quelques livres, élevée par un père radical, exaltée mais froide, mère indifférente, pleine d‘idées folles mais décidée à les refouler et croyant vraiment que le mariage allait la rendre heureuse. 

    Avide de liberté, elle ne tarde pourtant pas à étouffer sous le poids des conventions bourgeoises dans l’environnement de ces Landes où on arrange les mariages pour unir les terres et allier les familles. Elle tente, sans le haïr vraiment, d’empoisonner son mari Bernard à l’arsenic. Pour éviter l’éclatement du scandale et alors que tous la savent coupable, Bernard, de connivence avec son beau-père et l'avocat, la disculpe devant le tribunal qui prononce un non-lieu.

    Le roman commence tandis que le procès se termine. Puis, le narrateur opère un retour en arrière pour évoquer le parcours de Thérèse, suggérant ce qui l’a poussée à cette tentative de meurtre. La jeune femme se rappelle alors son adolescence joyeuse avec la jeune Anne, le mariage avec  son demi-frère, sa déception sentimentale en se voyant réduite à la maternité, sa cruelle intervention pour détruire l’amour qu’Anne voue à un bel étudiant juif bordelais en vacances, la naissance de sa fille…
     
    Et surtout le jour où elle surprend son mari, stressé par un gros incendie menaçant leur maison, à avaler deux fois la dose d’un médicament à base d’arsenic. Ces doses qu’elle augmentera chaque jour, jusqu’au moment où le médecin découvre une ordonnance falsifiée et porte plainte.…
     
    Hostile au flash back, Claude Miller a lui complètement renversé la structure, estimant que l’histoire était parfaitement racontable d’une façon linéaire. Qu’elle en prenait même de la force et permettait de se sentir plus proche de Thérèse. Il a pris d’autres libertés avec le livre, à commencer par le personnage de Bernard, qu’il rend moins brutal, moins rustre, moins dur, moins moche.

    Alors que le rôle était tenu par Philippe Noiret il y a cinquante ans, c’est Gilles Lellouche qui s’y colle. Il surprend par une bonne interprétation, presque à contre-emploi, de ce mari hypocondriaque, attaché aux valeurs familiales, qui dans le fond semble aimer sa femme et préfèrera le faux-témoignage à la souillure de son nom.

    Ce remake de Thérèse Desqueroux, d’une facture très académique, n’est pas le meilleur de Claude Miller. Mais tout acquis à Thérèse, il porte un éclairage et un regard intéressants sur la condition féminine dans les années 20. Donnant aussi très envie de (re)lire le roman de Mauriac et de (re)voir l’adaptation de Franju.

    Film à l’affiche dans les salles romandes dès le mercredi 21 novembre.

    Lien permanent Catégories : Sorties de la Semaine
  • Sortie cinéma: Clint Eastwood revient jouer l'acteur

    20120920-trouble-with-the-curve-02-x306-1348152462[1].jpgEn attendant de tourner le remake d'Une étoile est née, Beyoncé s’étant retirée du projet, Clint Eastwood repasse avec bonheur devant la caméra. A 82 ans, c'est la première fois qu’il refait l’acteur depuis 2008 et le formidable Gran Torino qu’il avait réalisé et qui devait être sa dernière prestation de comédien. A travers un vétéran de la guerre de Corée rongé par la culpabilité, veuf aigri et xénophobe, le cinéaste se penchait, rapppelons-le, sur une Amérique profonde minée par les conflits communautaires, tout en explorant le côté sombre de son patriotisme.

    Rien de tel dans Trouble With The Curve, même si on retrouve un peu du personnage de loup solitaire, grognon et râleur impénitent. Il incarne Gus, un recruteur de baseball à l’ancienne qui éprouve douloureusement l’âge de ses artères, avec ses problèmes de prostate et la perte progressive de la vue.

    A trois mois de la fin de son contrat, il entreprend un ultime voyage à Atlanta dans le but de dénicher un de ces génies dont il a toujours eu le secret. Et tente d’en profiter pour se réconcilier avec sa fille Mickey qu’il a toujours négligée mais qui, inquiète, est venue lui donner un coup de pouce. Un découvreur de talents de la nouvelle génération complète le trio.

    Fidèle assistant du réalisateur sur sept films, son ami et producteur Robert Lorenz signe là un premier long-métrage au scénario cousu de fil blanc et à l’action téléphonée du début à la fin. Qu’il s’agisse de la capacité à réagir du vieux singe qu'on veut mettre au rancart mais à qui on n’apprend pas à faire la grimace, de ses retrouvailles avec son enfant, en passant par la romance de celle-ci avec le jeune recruteur.

    Mais dans le fond on se moque un peu de cet aspect mièvre et convenu, tant l’attachant et irrésistible Clint Eastwood fait bien le job. Dans le registre autodérision et humour acerbe, il est de surcroît en pleine harmonie avec Amy Adams, parfaite en fille prétendument mal aimée qui se noie dans son travail d’avocate pour oublier le père absent. On est moins convaincu par Justin Timberlin, sorte de pièce rapportée et pas aussi séduisant qu’on le laisse croire.

    Film à l’affiche dans les salles romandes dès le mercredi 21 novembre.

    Lien permanent
  • Sortie cinéma: "The Impossible" nous plonge dans l'enfer du tsunami

    339415-affiche-francaise-the-impossible-150x200-1[1].jpgLe 26 décembre 2004, un séisme sous-marin d’une violence exceptionnelle déclenchait des raz-de marée dévastateurs dans une grande partie de l’océan indien, tuant et portant disparus plus de 280.000 personnes. Un bilan humain dépassant tout ce qu'on connaissait dans le domaine des catastrophes naturelles. Parmi les innombrables endroits submergés, la côte ouest de la Thaïlande, où des murs d’eau se sont abattus, faisant près de 9000 victimes.

    Henry, sa femme Maria et leurs trois fils, Lucas, Simon et Thomas, sont venus passer les vacances de Noël dans un hôtel de luxe de l’un ces villages côtiers. Ils seront pris en quelques secondes dans l’enfer du tsunami. Séparés les uns des autres, blessés, ils luttent pour survivre et se retrouver au milieu de centaines de milliers d’autres personnes. C’est ce que raconte le film de Juan Antonio Bayona en s’inspirant de l’histoire vraie et hallucinante d’une famille espagnole, les Alvarez Belon.

    Dans The Impossible, les protagonistes sont anglais. Ewan McGregor dont le personnage travaille au Japon et Naomi Watts, un médecin, jouent les parents aux côtés des trois garçons Tom Holland, Oaklee Pendergast et Simon Joslin.

    Ce matin-là, c’est le bonheur parfait au bord d'une plage idyllique. Papa et les enfants jouent à la piscine sous le soleil, tandis que que maman se prélasse dans son transat. Mais soudain un sourd grondement se fait entendre, des oiseaux s’envolent en criant… Et puis la vague déferle, noire, gigantesque, meurtrière. Un cauchemar. Henry attrape les deux plus jeunes, mais la violence des flots le force à lâcher prise. Engloutie, percutée par les débris, Maria refait surface pour voir son aîné à quelques mètres d’elle, emporté par le courant...

    Avec ce genre de sujet, abordé de surcroît sous forme de mélodrame hollywoodien, on pouvait craindre le pire, à savoir la volonté du réalisateur de nous noyer à son tour sous des torrents de sentimentalisme lacrymogène. Juan Antonio Bayona, l’auteur de L’Orphelinat en 2008, évite cet écueil. Du moins jusqu’au dénouement, où il ne peut s'empêcher de trop tirer sur la corde sensible.

    largethumb_616334[1].jpgMais avant de se laisser aller à faire sangloter dans les chaumières, il arrive dans une première partie à allier une terrible catastrophe, magistralement montrée avec un réalisme saisissant, et un récit de survie poignant, une fois le premier choc passé. La mère et le fils se soutiennent au milieu des décombres, s’accrochant à ce qu’ils trouvent, tout en révélant, en dépit de leur affolement et de leur épuisement, cette incroyable capacité à aider encore plus démuni dans la plus extrême des situations. 

    Le cinéaste évoque ensuite l’après désastre, où il mêle angoisse, traumatisme et suspense, décrivant là également de manière très réaliste l’invraisemblable chaos, les hôpitaux, les médecins, le secouristes débordés, l'espoir fou et la difficulté de retrouver un proche dans la confusion générale.  

    On est, parfois malgré soi, happé par cette histoire démente aux allures de film d’horreur. Evitant la plupart du temps d’en faire trop, les comédiens contribuent à l’intensité de cette dramatique aventure humaine qui parle surtout de détermination, d’amour, de solidarité et de courage. Clint Eastwood s'y était essayé de façon finalement moins convaincante dans un volet de son Au-delà à vocation mystique. 

    Film à l’affiche dans les salles romandes dès mercredi 21 novembre.

    Lien permanent