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le blog d'Edmée - Page 232

  • Grand écran: "The Song Of Scorpions", une laborieuse histoire de vengeance. Avec la belle Golshifteh Faharani

    the-song-of-scorpions-1.jpgEn mai 2016, la lumineuse Golshifteh Faharani subjuguait Cannes aux côtés d’Adam Driver dans Paterson de Jim Jarmush. Fantasque, farfelue, lunaire et joyeuse, elle redécorait obsessionnellement en noir et blanc tout ce qui lui tombait sous la main

    Changement radical de style dans The Song Of Scorpions. La belle comédienne se glisse dans la peau de Nooran, chanteuse, guérisseuse, sage-femme et médecin dans la communauté Sindhi du Rajasthan. En l’entendant Aadam, marchand de chameaux (interprété par le célèbre Irrfan Khan, découvert dans Slumdog Millionnaire),en tombe fou amoureux. Econduit, il ourdit une terrible vengeance.

    Trop long, laborieux, sans rythme, l’opus, présenté à Locarno en août dernier, est signé par le réalisateur indien Anup Singh, installé depuis une quinzaine d’années à Genève. Pour son histoire d’amour tordu sur fond de traîtrise et de rédemption, il a décidé de travailler dans le désert. Un milieu dur, sec et aride à l’image du monde, selon lui, où se cache toutefois toujours une source d’eau. Il s'applique par ailleurs à dénoncer, même maladroitement, l’extrême violence notamment sexuelle, faite aux femmes en Inde.

    Nooran en est victime dans The Song Of Scorpions. "En tant que femmes nous sommes violées partout. Notre existence, le fait d'être nées dans certains pays, nous impose de ne pas pouvoir choisir", relève Golshifteh Faharani. "Le viol est une attaque horrible, affreusement humiliante. Cette scène a été pour moi un véritable défi. Mais il ne s’agit pas que de cela dans le film. Il faut continuer à repousser les limites. La vie est remplie de choses non désirées. Allons-nous nous laisser empoisonner par ces malheurs? Dans les ruines, on peut trouver un trésor. Il faut le chercher. Nooran a la rage de vivre. Elle retrouve la lumière, qui l’amène vers le pardon".

    L’autre défi pour elle, c’était la langue, l’une des choses les plus difficiles. *J’ai suivi six mois de cours pour parler de manière acceptable Cela ajoute de la pression, surtout quand on veut être authentique. Jusqu’à présent, j’ai joué en sept langues». Et il y en aura une huitième pour Golshifteh Faharani qu’on retrouvera bientôt dans Red Snake de Caroline Fourest et Le dossier Mona Lisa du réalisateur israélien Eran Riklis

    A l’affiche dans les salles de Suisse romande dès mercredi 14 mars.

     

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  • Grand écran: Vincent Macaigne à quatre pattes dans "Chien", la fable noire de Samuel Benchetrit

    benchetrit.jpgChienne de vie que celle de Jacques Blanchot! Sa femme le flanque à la porte sous prétexte qu’elle est atteinte de blanchoïte aiguë, une maladie qui la pousse à se gratter lorsqu’il s’approche d’elle.

    Son fils profite de lui et il est exploité par son patron. Pour retrouver un peu d’amour il décide, en passant devant une animalerie, de s’acheter un chien. Avec niche, croquettes, laisse et dix leçons de dressage, le tout au prix fort exigé par un terrifiant maître-chien

    Mais le chiot, qui en plus ressemble à Hitler, en ne va pas tarder à passer sous les roues d’un bus. Bouleversé, Blanchot s’installe à l’hôtel, mange les croquettes, dort dans la niche et va jusqu’à prendre les leçons qu’il a payées, se coulant dans le rôle du chien en acceptant les pires humiliations.

    Signé du subversif Samuel Benchetrit, qui l’a adapté de son propre roman, Chien, interprété par Vincent Macaigne parfait face à son maître-chien facho Bouli Lanners, et Vanessa Paradis en épouse odieuse, commence sur un ton burlesque et décalé qui vire rapidement à l’humour noir. Très noir. Pathétique, gênant, limite malsain, cette fable animalière bizarre, absurde, cruelle, glauque, plus pathétique que drôle divise, provoquant la détestation totale ou une adhésion plus ou moins forte.

    Rencontré au dernier Festival de Locarno, l’écrivain réalisateur nous expliquait que son livre, un exutoire, est né suite à un état dépressif et de doutes, où il se demandait pourquoi gagner de l’argent, rester dans le mouvement, avoir tant de préoccupations ridicules alors que la vie est si courte.

    «C’est une histoire simple qui raconte quelque chose d’universel, être quelque chose ici-bas. Je dresse un état des lieux, je parle de dystopie, de cynisme à propos d’un personnage qui en est totalement dépourvu, qui va sortir de ce monde pour en découvrir un différent. Cela m’intéresse ui beucoupde traiter un personnage sans ambition qui rend fou les autres par sa passivité, Une passivité qui les conduit à une violence extrême. Du coup c’est lui qui gagne».

    Et tandis que Jacques Blanchot s’humanise en chien, l'auteur en profite pour dénoncer la déshumanisation de la société. Voir l’interview de Samuel Benchetrit dans notre note du 9 août 2007.

    A l’affiche dans les salles de Suisse romande dès mercredi 14 mars.

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  • Grand écran: "Eva" s'égare entre Annecy et Paris. Avec Isabelle Huppert et Gaspard Ulliel

    eva-berlin-film-festival.jpgDommage, le début promettait beaucoup. Pourtant, depuis qu’il est allé se promener Au fond des bois, Benoît Jacquot a de plus en plus tendance à s’égarer. Preuve en est son vingt-cinquième long métrage, Eva. Une faible et plate adaptation du roman de James Hadley Chase, classique de la Série noire paru en 1946 et déjà porté très librement à l’écran en 1962 par Joseph Losey. Jeanne Moreau y jouait le rôle principal.

    Là, c’est Isabelle Huppert, la muse de Benoît Jacquot qui enfile le costume d’Eva pour une sixième collaboration avec le réalisateur après Les Ailes de la colombe en 1980, L’école de la chair et Pas de scandale en 1998, La fausse suivante l’année d’après et Villa Amalia en 2008. Pour lui donner la réplique Gaspard Ulliel (Bertrand), avec qui elle avait déjà tourné dans Un barrage contre le Pacifique.

    L'auteur situe principalement son action à Annecy, mais c’est à Paris que se noue l'intrigue. Bertrand, un jeune gigolo, laisse cyniquement mourir un vieil auteur dramatique dans sa baignoire et en profite pour lui voler sa pièce. Le succès est immédiat, mais c’est une autre affaire, pour l’usurpateur, que de pondre la nouvelle que son éditeur (Richard Berry) lui réclame avec de plus en plus d’insistance.

    Pour lui permettre de mieux se concentrer, sa petite amie lui prête le chalet de ses parents au-dessus d’Annecy. Il y rencontre bizarrement Eva. Prostituée vieillissante au visage lisse, elle va mener à sa perte le garçon qu’elle ne tarde pas à hanter, qui cherche à tout savoir sur elle et qui, pour la revoir, ne cesse de faire des allers et retours en train entre la province et la capitale. A cet égard, on espère que la SNCF a casqué un maximum... 

    Bref. Fasciné par le roman, marqué dans son adolescence par la version de Losey, Benoît Jacquot livre, entre lac et montagne, une histoire d’imposture sous forme d’un thriller mental tordu manquant de chair, au scénario erratique poussif. Et les comédiens peu convaincants ne contribuent pas franchement à faire décoller le film qui, par ailleurs, ne nous épargne pas des scènes frisant le ridicule.

    Benoît Jacquot prétend brosser le portrait d'une héroïne animale, mystérieuse, perverse, dangereuse, sinon fatale. Mais, bottée et perruquée de noir, Isabelle Huppert se révèle, à l’inverse du personnage d’Elle qu’avait sublimé Paul Verhoeven, nettement plus nonchalante et paresseuse qu’érotique et sulfureuse. Objet du désir si peu obscur et tellement désincarné qu’on se demande comment il pu devenir l’obsession d’un Gaspard Ulliel, alias Bertrand, manipulateur manipulé aussi fade qu’antipathique.

    A l’affiche dans les salles de Suisse romande dès mercredi 7 mars.

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