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le blog d'Edmée - Page 230

  • Grand écran: "The Florida Project" ou l'envers du rêve américain. Une réussite

    aaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaflorida.jpgAprès Tangerine, un film sur des prostituées afro-américaines transgenres tourné sur iPhone et Prix du Jury à Deauville en 2015, Sean Baker, réalisateur newyorkais indépendant, revient avec The Florida Project.

    Un film à l’esthétique pop, comme le précédent, évoquant cette fois l’envers du rêve américain, où il dénonce la condition de nombreux laissés pour compte vivant dans des motels miteux, à l’ombre de la féérie Disney et au bord de la route.

    Comme la charismatique Moonee, débrouillarde gamine de six ans et ses potes, livrés à eux-mêmes pendant les vacances d’été en marge des grands parcs d’attraction. Ils en profitent pour faire impunément les 400 coups, canailles insouciantes de la misère, de la dureté et de la crasse ambiantes.

    Leurs frasques n’inquiètent pas trop les parents en situation précaire à l’image de Hally, la très jeune mère de Moonee, qui imagine des plans destinés à assurer un quotidien sans perspective. Pour veiller sur ce petit monde, il y a Bobby, bienveillant gérant du motel, très proche de ses locataires et prêt à les défendre dans cet univers impitoyable.

    Filmant presque entièrement à hauteur d’enfants, Sean Baker peinturlure les choses dans un style lumineux très coloré, rose, violet, vert, jaune. Se penchant plus particulièrement sur les aventures cocasses de son insolente gamine et de son attachante petite bande exubérante et mal élevée, il insuffle un côté comique à un sujet dramatique et déchirant.

    Formidables acteurs

    Evitant tout pathos, complaisance, concession ou jugement, émotionnellement forte, et d’une grande humanité, cette chronique sociale est une vraie réussite qui tient par ailleurs énormément aux personnages extrêmement bien dirigés. A commencer par cette incroyable, impressionnante, pétulante et désinvolte fillette dans le rôle de Moonee, Brooklynn Prince. Originaire de Floride, elle a répondu à une annonce.

    Tout aussi formidable Bria Vinaite (Hally, trouvée sur Instagram), en mère tatouée, les cheveux roses et verts, immature, irresponsable, débordée. Sa relation fusionnelle avec Moonee, plutôt celle de deux sœurs refusant de baisser les bras, est au centre du film. On adore pareillement le paternel, doux, gauche et attendrissant Willem Dafoe, s’essayant à l’autorité pour diriger au mieux son motel.

    aaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaabaker.jpgSean Baker, 46 ans et l'air d'en avoir dix de moins, a tourné The Florida Project en 35 mm. «Je voulais que les spectateurs passent l’été avec les enfants, plongent dans leur environnement, dans l’atmosphère de la Floride, sentent la chaleur, perçoivent le chaos de la route, retournent à leur propre enfance. Seule la pellicule pouvait amener à ce résultat», nous explique-t-il lors d’une rencontre à Genève.

    Il évoque en outre sa volonté de travailler sur des thèmes universels. «Je recherche des histoires qui parlent aux publics du monde entier, mais indirectement, de façon détournée pour donner matière à réflexion».

    Quelle est la genèse du film?

    L’idée vient de mon coscénariste et producteur Chris Berdoch qui a découvert ces motels en aidant sa mère à déménager. Nous avons fait de nombreuses recherches en nous rendant sur place à plusieurs reprises pendant trois ans. Nous avons rencontré des résidents, leur avons demandé de nous parler de leur vie, de nous raconter leurs histoires.

    Ont-ils vu le film?

    Oui. Ils ont très bien réagi. Ils ont trouvé que c’était une bonne représentation de leur existence.

    Les comédiens sont excellents et pratiquement tous non professionnels. Vous avez par exemple casté Bria Vinaite sur Instagram.

    Il me fallait une inconnue. Je ne voyais pas vraiment une star richissime dans ce rôle de mère luttant pour nouer les deux bouts…. Trop déconcertant pour le spectateur,

    Et en ce qui concerne Willem Dafoe? Il est pourtant célèbre et il se retrouve gérant d’un motel miteux.

    C’est différent. Il avait vu mes films et était très intéressé. Je dirais que c’est plutôt lui qui m’a choisi que le contraire. Il s’est beaucoup impliqué et a pris le temps de devenir Bobby.

    A l’affiche dans les salles de Suisse romande dès mercredi 20 décembre.

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  • Grand écran: "Les derniers Jedi" divise et traînasse entre action, humour et drame.

    Star-Wars-ce-qui-fait-la-force-de-l-episode-VIII-Les-derniers-Jedi.jpg«C’est comme cela qu’on gagne. Non pas en détruisant ce qu’on déteste, mais en sauvant ce qu’on aime...» Belle profession de foi entendue au détour d’une scène dramatique dans Les derniers Jedi, le huitième volet de la célèbre saga Star Wars. Evidemment à nouveau espéré comme le messie.

    DIsons-le tout de suite, que le réalisateur Rian Johnson se soit ou non inspiré de cette maxime philosophique pour tenter de remporter le morceau, la chose divise. Autant chez les critiques que chez les fans. Cela va de fantastique, captivant, intense, impressionnant, époustouflant, le meilleur depuis L’Empire contre-attaque, à bourratif, peu enthousiasmant, trop long, se traînant au milieu, peinant dans la narration. Bref, tout simplement décevant. 

    L'heure est grave

    La Résistance étant sur le point d’être éliminée, l’heure est grave dans ce nouvel épisode interprété par les acteurs de la trilogie, Daisy Ridley (image), John Boyega, Oscar Isaac, Adam Driver et Kelly Marie Tran, une nouvelle venue. Ainsi que par Mark Hamill et Carrie Fisher reprenant les rôles de Luke Skywalker et de sa soeur jumelle Leia Organa.

    Daisy Ridley incarne Rey, une femme solitaire sensible à la Force, qui fait  équipe avec un ancien soldat du Premier Ordre, Finn (John Boyega). Tous les deux sont alliés du pilote Poe Dameron (Oscar Isaac) dans leur lutte contre le Premier Ordre et Kylo Ren (Adam Driver).

    Le film reprend exactement là où le précédent s’était achevé (une première dans la mesure où une ou plusieurs années séparaient chacun des autres), avec la jeune Rey qui donne son sabre laser à Luke Skywalker sur une île aux confins de la galaxie. Elle s’en remet alors à lui pour apprendre à maîtriser ses pouvoirs, tout en tentant de le convaincre de reprendre du service. 

    La générale Leia, qui compte notamment dans ses rangs Poe et Finn, s’efforce de diriger les Rebelles d’une main de fer. C’est la dernière de Carrie Fisher, décédée il y a un an et à qui le film rend hommage. De son côté, Kylo Ren, qui a basculé du côté obscur de la Force, se retourne vers le Leader suprême, l'affreux Snoke.

    Les femmes aux commandes et au cœur de l’action

    aaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaajedi.jpgRian Johnson fait la part belle aux personnages féminins, aux commandes et au coeur du combat dans cet épisode entre la lente déconstruction et le renouvellement du mythe mêlant action, humour, drame, émotion. Par ailleurs les effets spéciaux sont réussis tout comme la photographie. On aime également les bestioles bizarroïdes (image) et le petit robot BB-8 est toujours aussi irrésistible.

    Mais en dépit de ses qualités, ce huitième métrage qui se veut un space opera ambitieux, audacieux, misant sur la réflexion, manque de rythme et pêche par un scénario fouillis en multipliant les redites, les batailles à la longue soûlantes entre vaisseaux spatiaux et duels au sabre. Sans oublier une prolifération de protagonistes et d’ intrigues parallèles inutiles car sous-exploitées. Comme la relation trouble entre Rey et Kylo Ren aussi enragé que torturé. Ou entre Finn et Rose l'un des nouveaux personnages. Et surtout, c’est interminable!

    A l'affiche dans les salles de Suisse  dès mercredi 13 décembre

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  • Grand écran: "Jeune femme" raconte les galères d'une trentenaire excessive, larguée par son mari

    jeune-femme.jpgLéonor Serraille, 31 ans, dont le premier long métrage Jeune femme a gagné la Caméra d’0r en mai à Cannes, brosse le portrait complexe de Paula, une fille de son âge au caractère impossible et au tempérament excessif. Elle est interprétée avec talent par une volcanique Laetitia Dosch, de tous les plans.

    Le mari de Paula vient de la plaquer alors qu’ils rentraient du Mexique pour venir vivre à Paris. Elle était tout pour cet artiste devenu célèbre en la photographiant, et soudain elle n’est plus rien. De surcroît il a tout, vit dans un grand appartement parce que sa famille est riche, tandis qu’elle se retrouve à la rue, sans rien, à part son gros chat angora, confesse-t-elle, furibarde.

    Nonobstant son immense colère et son intense frustration, Paula est bien décidée à remonter la pente en poursuivant celui qui l’a abandonnée. Elle est prête à tout pour le récupérer, quitte à se battre farouchement contre la cruauté d'un monde qui la rejette. Et sans s'apitoyer sur son sort.

    On suit donc cette fille singulière, farfelue, fêlée, excentrique, hors normes, différente, insaisissable, exaspérante, parfois attendrissante, dans sa descente assumée de l’échelle sociale, passant d'un d’hôtel miteux à une misérable chambre de bonne. Au cours de ses migrations urbaines, du métro au centre commercial, elle rencontre une lesbienne qui la prend pour une autre, une mère célibataire et sa fillette, un vigile diplômé en sciences économiques.

    Un regard dur de la réalisatrice sur l'errance de son héroïne 

    Autant de personnages secondaires permettant à l’auteure dans cette comédie à la fois désenchantée et baroque, d’évoquer le rapport au travail, à l’argent, tout en posant un regard dur sur l’errance de son héroïne en crise et à la dérive dans un Paris hostille, où elle n’a pas d’amis, ne connaît personne. Même sa mère ne veut pas la voir.

    Elle la laisse tomber, la place face à la solitude, à la faim, mais l’autorise à rebondir. Car même SDF en puissance, Paula n’est pas du genre à sombrer dans la misère. Elle déniche d’ailleurs un job dans un bar à culottes de la Tour Montparnasse, tout en faisant du baby-sitting.

    Largement plébiscité par la majorité de la presse française, encensant par ailleurs sans réserve Laetitia Dorsch en gros qualifiée d'exceptionnellement génialissime, Jeune femme est certes un film curieux, iconoclaste, plutôt original et humoristique, mais qui finit par lasser à force d’exagérer le côté épuisant, hystérique, voire cliché de sa principale protagoniste.

    C'est aussi un film de femme. Autour de Léonor Serraille, enceinte à l’époque du tournage, il n’y avait qu’elles, de l’ingénieure du son à la chef opératrice en passant par la productrice et la monteuse.

    A l’affiche dans les salles de Suisse romande dès mercredi 6 décembre.

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