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le blog d'Edmée - Page 231

  • Grand écran: Le dissident chinois Ai WeiWei à la rencontre des migrants dans "Human Flow"

    maxresdefault.jpgVisage de la dissidence chinoise, célèbre pour ses démêlés avec Pékin, star de l’art contemporain, Ai WeiWei se penche dans Human Flow sur l’ampleur catastrophique de la crise migratoire et ses terribles répercussions humanitaires.

    Un documentaire choc sans commentaires tourné sur une année dans 23 pays avec l'objectif de provoquer un éveil des consciences devenu des plus urgent. Plus de 65 millions de personnes ont été forcées de partir de chez eux pour fuir la guerre, la famine et les bouleversements climatiques. Il s’agit du plus important flux migratoire depuis la Seconde Guerre mondiale.

    Dans ce premier long métrage fleuve, l’artiste peintre, sculpteur et plasticien suit plusieurs trajectoires d’hommes et de femmes en détresse et en souffrance sur l’ensemble de la planète, de l’Europe (Italie, Grèce, Allemagne, France) à l’Afrique, en passant par le Bangla Desh, l’Afghanistan, l’Irak, Israël, le Mexique, la Turquie, la Birmanie.

    Des gens qui, pratiquement sans espoir de retour, ont tout quitté dans une quête désespérée de paix, de justice et de sécurité, mais dont les droits à la dignité, à l’accueil et à la protection sont violés sans scrupule. Allant à la rencontre de ces migrants, dont il salue le courage, la résilience et la volonté d’intégration, Ai WeiWei recueille quelques témoignages évoquant les dangereuses traversées en mer, les longues marches épuisantes pour buter sur des barbelés, la rude errance dans les rues des capitales. Des images saisissantes, bouleversantes, jamais vues.

    Il montre ainsi la situation dramatique des réfugiés vivant dans des camps surpeuplés, notamment au Kenya, le plus grand du monde, ou parqués dans un ancien aéroport berlinois. Il pointe le sort de la minorité musulmane des Rohingyas persécutée ou l’expulsion des réfugiés afghans du Pakistan.

    Le tableau de l’état du monde dressé dans cette œuvre politique, humaniste, est accablant. Dans cette optique, on ne peut certes que rendre hommage à l’auteur engagé que d’en appeler à la compassion, à la tolérance, à l’ouverture envers l’autre, au vivre ensemble, au lieu de se replier sur soi.

    Mais il veut aussi faire œuvre de création. Toutefois, avec son projet colossal consistant à embrasser toutes les problématiques, il finit par livrer un film désordonné, fourre-tout, où la mise en images conceptuelle l'emporte sur le regard du cinéaste.

    Par ailleurs, on déplore de la part d’Ai WeiWei arguant de son lien naturel avec des réfugiés, lui-même se considérant comme tel, une volonté choquante sinon parfois indécente de se mettre en scène. Au lieu de s’effacer derrière son sujet absolument tragique.

    A l’affiche dans les salles de Suisse romande dès mercredi 21 mars.

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  • Grand écran: Dubosc drague Alexandra Lamy en fauteuil roulant dans "Tout le monde debout"

    maxresdefault.jpgAprès Les Tuche et La Ch’tite famille, on pouvait craindre une nouvelle daube avec le premier passage de Frank Dubosc derrière la caméra pour Tout le monde debout. Pourtant l’un des humoristes préférés des Français parvient à nous surprendre avec une comédie plutôt bien écrite (par lui-même), où il évoque le handicap tout en surfant sur la romance.

    Hésitant longuement à se donner le premier rôle, Dubosc a fini par endosser le costume de Jocelyn, puissant dirigeant d'une entreprise de sport. Crâneur, menteur, dragueur invétéré, il multiplie les conquêtes. Jusqu'au jour où il se retrouve par hasard à séduire Julie, une jeune et jolie auxiliaire de vie, en se faisant passer pour un handicapé.

    Bientôt il est invité dans la famille de Julie, qui lui présente sa sœur Florence, vraiment paraplégique, dont il va tomber fou amoureux. Mais son faux handicap se retourne contre lui. Craignant de la perdre, Jocelyn ne sait pas trop comment lui avouer la vérité.

    Le véritable handicapé n'est pas celui qu'on pense

    A quelques exceptions près, Dubosc laisse de côté ses gros sabots et son humour beauf. Certes on ne va pas jusqu’aux escarpins vernis et à la standing ovation, mais il faut reconnaître de la délicatesse et de la pudeur dans le traitement du sujet au nouveau réalisateur. Jouant sur les sentiments, mêlant émotion et tendresse, il veut non seulement démontrer que le fauteuil n’est pas une barrière à l’amour, mais que finalement le véritable handicapé n’est pas celui qu’on pense...

    Franck Dubosc est particulièrement bien entouré par les personnages féminins. Sa partenaire, la ravissante, gaie, rayonnante et lumineuse Alexandra Lamy, se montre juste et crédible en violoniste qui joue par ailleurs au tennis. Dans le rôle secondaire d’assistante de Jocelyn, Elsa Zylberstein se révèle incroyablement douce, sensible et authentique.

    On n’en dira peut-être pas autant de Gérard Darmon et de Claude Brasseur qui viennent jouer les utilités dans un film sans prétention. Il aurait tout de même gagné à être plus court et on regrette une fin lourdingue. Mais on ne se refait pas…

    A l’affiche dans les salles de Suisse romande dès mercredi 14 mars.

     

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  • Grand écran: Léa Pool explore l'univers d'une Lolita québécoise dans "Et au pire on se mariera"

    une-premiere-bande-annonce-pour-le-tres-attendu-film-et-au-pire-se-mariera-433503.pngAïcha, 14 ans, vit avec sa mère Isabelle à qui elle ne pardonne pas d’avoir viré le beau-père algérien qui abusait d’elle mais qu’elle adorait. Elle espère toujours qu’il reviendra la chercher, Solitaire, vivant dans un autre monde, elle cherche son identité, n’a pas d’amis, sauf deux prostitués travestis de son quartier miteux du Centre-Sud de Montréal.

    Un jour, dans un parc, elle rencontre Baz, un musicien nettement plus âgé qu'elle. C'est le coup de foudre. Elle s'y attache jusqu’à l’obsession. Baz tient à aider cette gamine, mais elle veut bien plus de lui et est prête à tout pour l’obtenir. Très vite elle s’empêtre dans ses mensonges, ses fantasmes, ses affabulations qui vont conduire au drame.

    Treizième long métrage de Léa Pool, Et au pire, on se mariera est une chronique intimiste qui traite des amours adolescentes, interdites et de leurs conséquences. Après La passion d’Augustine, la cinéaste d’origine vaudoise qui a choisi de vivre et de travailler au Québec il y a 25 ans, retrouve ainsi un thème qui lui est cher. Basé sur le roman monologue de Sophie Bienvenu, coauteure du scénario, le film évoque une première passion violente où le bien et le mal ne se traduisent pas simplement par le noir et le blanc, mais comportent plusieurs nuances de gris…

    Une actrice totalement investie

    Les comédiens constituent le principal atout. A commencer par l’excellente Sophie Nélisse (photo), qui porte l’opus sur ses épaules. Elle s’investit totalement dans le personnage d’Aïcha, qu'elle est plus qu'elle ne l'incarne.  D’autant qu’elle a vécu la situation de la jeune fille, étant elle-même amoureuse d’un garçon plus âgé.

    Avec Isabelle, la mère, Léa Pool retrouve Karine Vanasse qu’elle avait engagée il y a 20 ans pour Emporte-moi, son premier film. A signaler également Jean-Simon Leduc, très convaincant dans le rôle de Baz, qui semble ne pas bien comprendre ce que cherche Aïcha.

    Léa Pool, récemment rencontrée à Genève a eu l’idée d’adapter le roman de Sophie Bienvenu grâce à sa fille. « Elle l’a lu et m’a encouragée, Cela tombait bien. J’avais envie d’aller dans une structure éclatée, où je pourrais me laisser aller à une plus grande liberté créatrice. Mais surtout j’ai été bouleversée par le personnage d’Aïcha

    Qu’est-ce qui vous a tellement plu chez cette Lolita québécoise?

    Sa complexité, sa maturité, sa philosophie de la vie, son expression, sa façon de parler, son vocabulaire particulier. Par ailleurs, on ne sait jamais si elle ment ou dit la vérité. Je voulais aller dans son univers, sa poésie, sa solitude, rentrer dans sa tête, mettre des images sur ce quelle raconte.  

    Vous aimez également parler de la cellule familiale. Aïcha a des rapports très tendus avec sa mère.

    Elle lui en veut beaucoup pour avoir mis son beau-père chéri à la porte. A ma connaissance, c’est la première fois qu’un enfant montre l’absence de choc dans une relation avec un adulte. C’est toutefois une situation très délicate. Il ne faut pas oublier que c’est une petite fille qui la vit. Le roman décrit des scènes très osées et la fille a 13 ans. Mais je ne me sentais pas à l’aise avec cela et je ne suis pas allée aussi loin.

    Vos films donnent en général la parole aux femmes. De tous âges.

    Il y a eu une statistique sur les films primés aux Oscars à propos du temps pendant lequel elles parlent: 15%, contre 85% pour les hommes. Edifiant, non? Chez moi, c'est l'inverse. Et parce que je suis une femme, je choisis des sujets qui m’interpellent. J’ai été amoureuse de mes profs, et je suis fascinée par les liaisons interdites, les amours impossibles. Il y a là quelque chose qui exalte le sentiment.

    A l'affiche dans les salles de Suisse romande dès mercredi 14 mars.

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