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le blog d'Edmée - Page 231

  • Grand écran_dans "Suburbicon", George Clooney se moque du rêve américain. Avec Matt Damon et Julianne Moore

    9f481b85d02397b69139a9cdb71dfa59.jpgPaisible banlieue résidentielle blanche créée après la guerre, Suburbicon est un petit paradis aux maisons rutilantes et aux pelouses verdoyantes bichonnées. Mais au cours de l’été 1959, sa sérénité est troublée par l’arrivée d’une famille noire, bientôt accusée de tous les maux. Mais alors que les passions racistes se déchaînent, une affaire encore plus grave se trame dans le pavillon voisin.

    Faute de pouvoir payer ses dettes, l’employé de bureau Gardner Lodge, père de famille rigide et guindé est pris en otage par des gangsters, avec sa femme Margaret, sa belle-sœur Rose et son fils de dix ans, Nicky. Margaret est assassinée et Gardner se transforme en justicier sanguinaire, tandis que Nicky s’interroge sur le comportement étrange de son père et de sa tante venue s’installer chez eux.

    Pour son sixième film en tant que réalisateur George Clooney, se moquant copieusement au début du rêve américain avec cette banlieue éprouvette à l’harmonie factice, nous fait découvrir la face cachée d’une Amérique idyllique où le mal n’est pas, comme veulent le voir les résidents le fait d’une minorité innocente, mais bien derrière les murs de ces pavillons, dissimulant une réalité faite de mensonge, de duperie, de cupidité et de violence.

    Au départ, l’intrigue s’inspire de l’ostracisme véritablement subi par une famille à Levittown, en Pennsylvanie en. 1957. Faute de trouver véritablement son bonheur, le beau George s’est replié sur un scénario des Coen vieux de 20 ans, que les frères avaient fini par abandonner. Clooney a alors greffé sa réflexion politico-sociale sur une comédie noire bien barrée du fameux tandem, avec arnaque, héros branques et tueurs bas de plafond.

    Ces deux niveaux de lecture produisent une histoire un peu bancale,vue à travers les yeux de Nicky, qui observe avec crainte la violence des adultes. A la fois à l’extérieur avec celle des racistes criant leur haine et celle qui règne dans sa propre maison avec des parents sanguinaires, pathétiquement minables, égoîstes et sidérants de bêtise.

    Une actualité hélas toujous brûlante

    C’est un Matt Damon plutôt massif, qui a enfilé le costume du père. A l’image du film qui privilégie la caricature facile à la satire féroce et à l’humour mordant, il se révèle décevant avec son air constamment abruti. A ses côtés Julianne Moore semble beaucoup s’amuser dans son inquiétant double rôle de jumelle, comme Oscar Isaac en détective moustachu, tout droit sorti des films noirs de l’époque.

    On se demande certes ce qu’aurait été Suburbicon réalisé par les Coen face à la farce macabre inaboutie de Clooney, notamment dans la sous-exploitation de l’histoire de cette famille noire installée dans un quartier (trop) blanc et menant à des émeutes. Reste que l’égérie de Nespresso ne fait pas moins passer un salutaire message politique anti-Trump en rappelant que plus de soixante ans après, les éruptions de violence raciale demeurent hélas d’une actualité brûlante.

    A l'affiiche dans les salles de Suisse romande dès mercredi 6 décembre.

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  • Grand écran: avec "Les gardiennes", Xavier Beauvois rend hommage aux femmes et révèle une actrice

    425602_0.jpgRares sont les films qui ont évoqué le rôle primordial des femmes qui, restées à l'arrière pendant la Première Guerre mondiale, ont continué à faire tourner l’économie française alors que les hommes étaient partis au  front, en assurant le fonctionnement des exploitations agricoles et des usines.

    C’est à ces héroïnes que rend hommage Xavier Beauvois, dans son septième long-métrage Les gardiennes, très librement adapté d’un roman oublié d’Ernest Pérochon publié en 1924.

    Le film, qui s’inscrit dans la lignée de Des hommes et des dieux, débute en 1915 à la ferme du Paridier, dans le Limousin. Mère de trois enfants, Solange, Constant et Georges, Hortense, travailleuse acharnée, a pris la relève des hommes réquisitionnés, dont ses deux fils et Clovis, le mari de Solange, lui-même père de Marguerite, née d’un premier mariage.

    Mais les tâches s’accumulent et Hortense fait de plus en plus difficilement face d’autant que Solange rechigne à l’ouvrage. Elle embauche alors Francine, 20 ans, qui vient de l’assistance publique. Aussi infatigable qu’Hortense, la jeune femme sait tout faire, labourer la terre, moissonner, traire les vaches, s’occuper du potager et du ménage. Très vite, naissent entre elles de l’affection, de la confiance et du respect.

    Leur vie est rythmée par les rudes labeurs et le retour des hommes en permission, oubliant pendant quelques jours l'atrocité des combats. A l’image de Georges, dont Marguerite est follement amoureuse. Mais c’est avec Francine qu’il va échanger des lettres, de plus en plus passionnées. Xavier Beauvois, qui s’était beaucoup focalisé dans une première partie sur la dure routine quotidienne aux champs et à la ferme, donne alors à l’histoire une dimension plus romanesque, plus intime, où se mêlent jalousie, injustice et manipulation. Le drame familial couve.

    Xavier Beauvois prend le temps d’installer son récit et de laisser exister ses personnages dans ce film de guerre où on ne voit pas la guerre sinon dans les cauchemars des permissionnaires, le nom des morts égrenés à l’église, la disparition d’un fils, d’un mari, sobrement annoncé par le maire du village à une mère qui s’effondre, la présence de soldats américains qui serrent d’un peu trop près les jolies campagnardes…

     aaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaairis.jpgPorté par d’excellents comédiens

    De bonne facture classique, proposant une mise en scène et une photographie soignées ce portrait sensible de vaillantes résistantes, gardiennes d’un bout de patrimoine, est porté par d’excellents comédiens.

    Vieillie, dure à la tâche, stricte et sévère dans son comportement, son allure (on regrette toutefois une redoutable perruque grise comme plaquée à la hâte !), Nathalie Baye se révèle très convaincante. Elle rencontre pour la première fois sur grand écran sa fille Laura Smet, avec qui elle avait déjà joué dans la série Dix pour cent.

    Mais la révélation, c’est la lumineuse Iris Bry, magnifique dans le rôle parfaitement incarné, de cette jeune femme courageuse, sacrifiée au nom de l’honneur familial. Elle a sans surprise été présélectionnée pour le César du meilleur espoir féminin. A signaler également la belle présence de Cyril Descours, Nicolas Giraud et Olivier Rabourdin.

    A l'affiche dans les salles de Suisse rmande dès mercredi 6 décembre.

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  • Grand écran: "Ultimos Dias" en La Habana: tragi-comédie dans un Cuba suspendu entre présent et futur

    Últimos-días-en-La-Habana-2-850x500.jpgMiguel et Diego, la quarantaine avancée, vivent ensemble dans un appartement délabré au centre de la Havane, une ville sur le point de connaître de grands changements. Plongeur dans un restaurant, le taciturne et morose Miguel (Patricio Wood), déçu d’un régime plein de contradictions, n’espère rien de la révolution. Il rêve de fuir aux Etats-Unis et se prépare à l’aventure en regardant une carte de son eldorado épinglée au mur de la cuisine, tentant également d’apprendre chaque jour quelques mots d’anglais.

    Dans l’attente impatiente de son visa, il prend soin de Diego (Jorge Martinez) cloué au lit, le nourrit et veille à satisfaire ses désirs. En phase terminale du sida, ce dernier garde paradoxalement une incroyable vitalité, un sens aigu de l’humour et de la dérision. Continuant à affirmer haut et fort une homosexualité qualifiée de perversion par le gouvernement et qui lui a valu le rejet de sa famille, il veut jouir le plus possible d’une existence qu’il a tant aimée. Ces deux hommes que tout semble séparer, sont pourtant liés par une amitié profonde, indéfectible.

    Solidarité dans un pays miné par la crise

    Tandis qu’on suit son agonie, on assiste à une sorte de valse des habitants de l’immeuble décrépit, un vieux bonhomme, un coiffeur, une prostituée, une voisine pratiquant la Santeria, qui viennent rendre visite au malade, proposant leur aide. Ils manifestent une solidarité que l’on retrouve ailleurs dans la capitale, au sein d’une population hétéroclite. Affrontant son lot quotidien de difficultés, elle se débrouille avec les moyens du bord, plus ou moins catholiques, pour les surmonter dans un pays miné par la crise économique, celle du logement et la corruption.

    Certains partent d’autres restent dans cette île qui n’est plus ce qu’elle était, mais ignore ce qu’elle deviendra. Avec Ultimos Dias en La Habana, (Derniers jours à La Havane) tragi-comédie pleine de finesse et de subtilité, Fernando Pérez, documentariste à ses débuts, nous offre l’instantané contrasté d’un Cuba comme suspendu entre présent et futur. Celui-ci est représenté par la jeune nièce de Diego, une adolescente fugueuse à la langue bien pendue qui veut camper chez son oncle pour échapper à sa mère.

    Le réalisateur semble envisager cet avenir avec un certain optimisme. D’où ce film en forme de leçon d’humanité, à la fois triste, drôle, émouvant. Dénué de pathos et de misérabilisme, il montre l’amour que son auteur éprouve pour la ville, ses compatriotes et la culture cubaine. –

    A l’affiche dans les salles de Suisse romande dès mercredi 6 décembre.

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