Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Sorties de la Semaine - Page 227

  • Grand écran: "Le pont des espions", Spielberg plonge Tom Hanks au coeur de la guerre froide

    le_pont_des_espions_1[1].jpgTom Hanks seul contre tous. Les Soviétiques, la CIA, les Allemands de l'Est, ses collègues, l'opinion publique. Un homme ordinaire ou presque qui se mue en héros au destin hors du commun. Comme Steven Spielberg les aime et nous les a fait aimer dans Munich, Il faut sauver le soldat Ryan, Attrape-moi si tu peux, La liste de Schindler. Avec Le pont des espions, cet amoureux d’histoire, de retour trois ans après Lincoln, un film centré sur le courage politique, nous plonge au cœur de la guerre froide. Une histoire vraie, encore que dans le genre, on ne sait trop où s’arrête la réalité et où commence la fiction.
     
    Toujours est-il que Spielberg s’intéresse à l’étonnante carrière de James Donovan, brillant avocat spécialisé en droit des assurances dans un grand cabinet newyorkais. En 1957, il est engagé pour défendre l’indéfendable, en l’occurrence Rudolf Abel, artiste tranquille et discret accusé d’être un espion soviétique. Ce qui est le cas.
     
    Le pays enter attendant une condamnation, ses associés, à l’instar du gouvernement, incitent Donovan à s’en tenir au minimum. Mais en avocat consciencieux, il prend l’affaire très à cœur, provoquant la détestation de ses concitoyens et ira jusqu’à la Cour suprême. S’il perd le procès, il évite la mort à son client qui écope de 30 ans de prison. En 1962, un an après l’édification du Mur de Berlin, un avion espion américain est abattu et son pilote fait prisonnier par les Soviétiques.  Les services secrets étatsuniens demandent alors à Donovan de négocier l’échange de leur ressortissant contre Rudolf Abel.
     
    Arrivé sur place, l’avocat apprend qu’un étudiant américain a été arrêté à Berlin-Est. Balayant les instructions de la CIA, Donovan exige de les échanger tous les deux contre l’espion. L’opération aura lieu au célèbre pont de Glienicke, qui reliait à l’époque le secteur américain de Berlin-Ouest à Postsdam en ex-RDA, et où l’agence américaine et le KGB troquaient leurs hommes de l’ombre. De préférence sous l‘oeil des caméras.

    Spielberg montre sa virtuosité
     
    La virtuosité du réalisateur se révèle dès l’ouverture avec cette scène métaphorique dévoilant un homme aux trois visages, le sien, celui que lui renvoie le miroir et celui de l’autoportrait qu’il est en train de peindre. Puis lors d’une haletante séquence de filature, magistralement découpée, dans un Brooklyn des fifties incroyablement réaliste, qui se conclut par l’arrestation du chétif Rudolf Abel en sous-vêtements. Et dont la principale préoccupation en cette heure gravissime pour lui est de récupérer son dentier… 

    193450[1].jpgUne touche burlesque des frères Coen, auteurs du scénario. Ils en produiront d’autres, plus ou moins cyniques, dans leur apport remarqué à l’univers spielbergien. Mais surtout, avec ce vingt-huitième long métrage intelligent, fin, élégant à l’atmosphère intimiste, le réalisateur propose un récit historique captivant et puissant, un drame humain au suspense efficace ainsi qu’une bluffante reconstitution d’époque où on revit comme si on y était l’édification du Mur de la honte (photo). Il recrée également non sans un certain humour les tensions de ces années aux Etats-Unis et les moyens sécuritaires déployés pour faire face à la hantise du fléau communiste.

    Un thriller qui dépasse le film d'espionnage
     
    Spielberg l’humaniste poursuit ainsi son exploration de l’identité américaine dans ce thriller classique qui, dépassant le simple film d’espionnage, porte haut les valeurs de justice et de liberté, exalte la prépondérance de l’individu, l’amour du droit garantissant à chacun y compris à l’ennemi une défense digne de ce nom. Le tout enrobé d’un patriotisme parfois excessif, où l’on comprend bien que tout est un peu mieux qu’ailleurs outre-Atlantique.
     
    Impressionnant enfin le jeu des acteurs. Celui bien sûr de Tom Hanks le comédien fétiche de l’auteur, formidable héros malgré lui et père de famille adulé par les siens. Un personnage hollywoodien un peu trop cliché malgré tout, qui se fait du coup voler la vedette par le Britannique Mark Rylance, exceptionnel dans son rôle d’espion  d’une retenue et d’une sobriété rares, saupoudrées d’un détachement et d'un fatalisme irrésistibles, répondant invariablement "Est-ce que çela aiderait?", chaque fois que son avocat compatissant et finalement complice lui demande s’il est inquiet. A leurs côtés, on trouve Amy Ryan, Alan Alda ou encore Sebastian Koch, le principal protagoniste de l’excellent La vie des autres.
     
    A l’affiche dans les salles de Suisse romande dès mercredi 2 décembre.

     

    Lien permanent Catégories : Sorties de la Semaine
  • Grand écran: "Strictly Criminal", du polar mafieux déjà vu, mais avec un Johnny Depp méconnaissable

    blackmass[1].jpgBoston dans les années 70. On retrouve James "Whitey" Bulger et John Connolly, deux gamins des rues qui ont grandi ensemble. Le premier a choisi le crime, le second le FBI. Le caïd et l’agent du célèbre bureau s’unissent secrètement pour éliminer l’ennemi commun: la mafia italienne. Mais les choses se gâtent.

    Strictly Criminal de Scott Cooper, l’auteur de Crazy Heart retrace l’histoire vraie de cette alliance contre nature qui a dégénéré et permis à Bulger d’échapper à la justice, de consolider son pouvoir et de devenir l’un des gangsters le plus redoutable et puissant de sa ville natale, voire des Etats-Unis.

    On navigue ainsi entre loyauté, corruption, rapport de force, difficulté à différencier flics et malfrats. Un filon surexploité. Et il y a tant de bons fllms de Walsh à Scorsese en passant par De Palma, Friedkin, Coppola et j’en oublie un paquet, qu’il est difficile de se lancer avec succès sur un terrain labouré à l’envi par tous ces maîtres. .

    Ce biopic est pourtant intéressant et l'intrigue assez simple. Mais Scott Cooper s’ingénie, dans cet opus à l’ancienne, à prendre des chemins tortueux pour la raconter et a ainsi tendance à se perdre en route.

    Du coup ce polar mafieux recuit qui ressemble à du Scorsese mais qui n'est pas du Scorsese, échoue dans sa volonté d’être féroce, implacable, sous haute tension. A l‘exception de quelques scènes certes glaçantes, comme celle du repas de famille, on n’est pas véritablement scotché à son fauteuil et on trouve même le temps longuet. Il faut dire que  les épuisants fuck, fucker et autres fucking débités à longueur de dialogues par ailleurs peu transcendants, n’arrangent pas les choses….

    En revanche les comédiens assurent. A commencer évidemment par Johnny Depp méconnaissable avec sa calvitie avancée, ses lentilles qui lui donnent un regard bleu acier et ses dents pourries. Il est inspiré, sobre, méchant, dangereux, dans son rôle de criminel le plus violent de l’histoire de Boston. Il apparait également comme un bon père de famille durement éprouvé par la mort de son fils, et comme un mari drôlement inquiétant. Le mot Oscar a déjà été prononcé.

    A l’affiche dans les salles de Suisse romande dès mercredi 25 novembre.

    Lien permanent Catégories : Sorties de la Semaine
  • Grand écran: "Francofonia, le Louvre sous l'Occupation". Mélancolique, poétique et plein d'enseignements

    francofonia[1].jpgNous sommes en 1940. Paris est occupé et les musées, plus précisément le Louve menacés par les bombardements. Mais que ferait la Ville Lumière sans son joyau, ses chefs d'œuvre et ses prestigieuses collections?

    Forcés de collaborer, deux ennemis éclairés s’allient pour les  préserver.  Il s’agit du conservateur de la célèbre maison Jacques Jaujard (Louis-Do de Lencquesaing) et de son homologue nazi le comte Franz Wolff-Metternich (Benjamin Utzerath), nommé à la tête de la commission allemande pour la protection des oeuvres d’art en France. Il réussira à éviter que ces représentants uniques du patrimoine hexagonal, cachés en grande partie dans des châteaux, soient envoyées à Berlin.

    A travers cette collaboration, Alexandre Sokourov, auteur de L’Arche russe, virtuose plan séquence de 96 minutes sur un autre musée prestigieux, l’Ermitage de Saint-Petersbourg, explore les rapports entre l’art et le pouvoir, l’art et l’homme, l’art et la civilisation. Livrant au fil d’une méditation humaniste et passionnée, une histoire méconnue assortie d’un portrait très personnel du Louvre.

    Le film commence au présent, Sokourov communiquant par skype avec le capitaine d’un cargo en pleine tempête qui transporte des œuvres du coup en péril. Des captations contemporaines symboliques entrecoupant par la suite la narration du cinéaste, évoquant en voix off par le biais d’images d’archives, l’art et le déclenchement de la Seconde Guerre mondiale en France et en Russie. 

    Tout en s’attardant sur d’inestimables toiles, Sokourov mélange les époques, laissant audacieusement des bombardiers allemands avions survoler la pyramide du Louvre inaugurée en 1989 et faisant se rencontrer Napoléon et Marianne. Cette dernière, effrayée, affirme que les musées sont les marqueurs de l’identité d’une nation et des victimes collatérales des conflits armés.

    Avec cette déclaration d’amour au Louvre, Sokourov défend et réaffirme avec force, sinon exaltation, la place centrale des musées en Europe. C’est un essai en forme de conte mélancolique, lyrique, poétique, non dénué d'humour. Certes parfois brouillon, oscillant entre reconstitution et documentaire, il n’en est pas moins souvent bouleversant et plein d’enseignements. 

    On est par exemple à des années-lumière de Monuments Men, où sept hommes s’étaient lancés avec leurs gros sabots et sous la direction de George Clooney, dans une course contre la montre en 1945, pour restituer à leurs propriétaires les trésors volés par les nazis. Même si certains font un peu la fine bouche, jugeant par exemple que Sokourov s’est… emmêlé les pinceaux dans son entreprise.

    A l’affiche dans les salles de Suisse romande dès mercredi 25 novembre.

    Lien permanent Catégories : Sorties de la Semaine