Grand écran: "Free Love", un pas décisif vers le marage pour tous aux Etats-Unis (09/02/2016)
C'est une histoire vraie. Tout commence par un coup de foudre entre Laurel Hester, brillante inspecteur de police quadragénaire très respectée des habitants mais cachant son homosexualité et Stacie Andree, une mécanicienne de vingt ans sa cadette qui assume crânement sa différence. L’amour entre ces deux femmes, qu’opposent en outre leur grande différence d’âge et leur condition sociale, choque dans l’Amérique encore frileuse du début des années 2000.
Mais peu importe les préjugés, même s’ils sont durs à vaincre à Ocean County, New Jersey. Elles décident d’habiter ensemble, concluent un contrat de partenariat domestique (un PACS à l’américaine) et vivent intensément la vie ordinaire d’un couple qui s’aime et bâtit des projets d’avenir. Mais leur quotidien bascule le jour où Laurel apprend qu’elle est atteinte d’un cancer des poumons en phase terminale.
Un dernier souhait qui met le feu aux poudres
Alors qu’elle s’est donné corps et âme à son métier pendant 23 ans sans jamais rien réclamer, Laurel a un dernier souhait. Que sa pension revienne à sa compagne pour lui permettre de rembourser la maison. Les élus locaux refusent catégoriquement. Bien qu’ils en aient le pouvoir, ils craignant les réactions négatives de leurs administrés et n’entendent pas traiter les pacsés comme les mariés.
C'est mal connaitre la farouche détermination des intéressées. Soutenues par des activistes, Laurel (qui mourra en 2007) et Stacie se battront envers et contre tout pour faire plier les autorités et finalement obtenir la reconnaissance de leurs droits. Ce premier pas décisif vers l’égalité, conduisit la Cour suprême américaine à décréter l’ouverture du mariage pour tous le 26 juin 2015.
Révélateur d’une société coincée
Free Love, adaptation signée Peter Sollett, raconte la passion, le désespoir et le courage face au cancer, la lutte acharnée de ces deux figures emblématiques, devenues presque malgré elles les porte-paroles d’une communauté discriminée.
Révélateur d’une société coincée dans un passé pourtant si proche, Free Love vaut toutefois davantage par son sujet, la défense du mariage homosexuel, que par son traitement et sa mise en scène. N’est pas Todd Haynes qui veut. Vu l’incroyable impact politico-social de cette simple histoire d’amour, on reprochera à l’auteur un trop plein de romance, un flirt poussé avec les clichés, notamment dans les scènes où Steve Carrell en fait des tonnes en activiste gay, ainsi qu’une insistance maladroite à montrer les ravages de la maladie pour mieux émouvoir les foules.
Belles comédiennes, sobres et justes
En revanche, les comédiennes assurent en se révélant à la fois justes, sobres, touchantes, naturelles. A l’image de la toujours excellente Julianne Moore (en dépit d’un redoutable brushing…) dans le rôle de l’inspecteur et de la benjamine Ellen Page, qui a fait son coming out l’année dernière.
Se sentant proche du combat de ces deux êtres aux rêves et aux ambitions modestes qui ont néanmoins significativement contribué à l’avancée de la cause, elle s’en est expliquée ainsi : *Faire connaître cette histoire, ça signifiait beaucoup pour moi qui suis lesbienne. J’admire ces femmes qui se sont révoltées alors qu’elles vivaient des moments si difficiles. Elles ont osé se battre jusqu’au bout pour défendre la justice et l’égalité pour tous».
A l’affiche dans les salles romandes dès mercredi 10 février
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