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Sorties de la Semaine - Page 225

  • Grand écran: avec "Les innocentes", Anne Fontaine raconte un bouleversant drame historique. Interview

    Les_Innocentes[1].jpgDans son dernier film, la réalisatrice, scénariste et comédienne Anne Fontaine s’est intéressée à une tragédie datant de décembre 1945 en Pologne, le viol et le meurtre de nonnes par des soldats soviétiques.

    Jeune interne de la Croix-Rouge française, chargée de soigner ses compatriotes avant leur rapatriement, Mathilde Beaulieu est appelée au secours par une soeur et découvre, parmi trente Bénédictines vivant coupées du monde, que plusieurs d’entre elles, tombées enceintes dans ces circonstances dramatiques, sont sur le point d’accoucher. Avec ce que cela implique d’indicible pour la communauté.  

    Les innocentes est une histoire authentique, poignante, au rythme contemplatif, sur des images magnifiques de la cheffe opératrice Caroline Champetier. Anne Fontaine la traite avec sobriété et pudeur. Tout en explorant la maternité et  la foi, elle fait se rencontrer deux univers. D’un côté celui, monacal, de ces religieuses attachées aux règles de leur vocation, de l’autre celui, rationaliste, de Mathilde athée et communiste. Se tissent alors des relations complexes aiguisées par le danger latent.

    Après avoir suivi une formation accélérée auprès de sages-femmes, Lou de Laâge incarne avec conviction, évitant la compassion facile, cette femme aussi émouvante que courageuse, tout en mesure, retenue et efficacité, aux côtés d’un Vincent Macaigne oubliant pour une fois son côté avachi et agaçant, et qui apporte une note de légèreté bienvenue dans une atmosphère lourde.

    Anne+Fontaine+MSfB-a3vVDKm[1].jpgUne première plongée dans la grande Histoire

    De passage à Genève Anne Fontaine, cinéaste éclectique, auteur entre autres de Nettoyage à secComment j’ai tué mon père, Nathalie, La fille de Monaco, Coco avant Chanel, Perfect Mothers, Gemma Bovery, nous parle de ce film qui est sa première véritable plongée dans la grande Histoire.

    Elle a découvert ce drame grâce au neveu de cette femme médecin, Madeleine Pauliac. Il a gardé des écrits où elle racontait son activité professionnelle de manière laconique et scientifique, jusqu’au moment où elle rencontre ces sœurs. Une sorte de journal de bord pas du tout romancé, dénué de toute dramaturgie, "Il a été travaillé scénaristiquement par Pascal Bonitzer et moi" . 

    Le neveu y avait néanmoins vu la source d’un film qui redonnerait vie à sa tante, une vraie héroïne révolutionnaire, morte à 33 ans. "C’est alors que deux producteurs, Eric et Nicolas Altmayer m’ont approchée en pensant que c’était un sujet pour moi. Sans doute par rapport à certaines de mes thématiques, à la transgression, à la désobéissance, à  des personnages féminins hors norme.  Et il est vrai, après avoir enquêté pour vérifier les faits, que j’ai été tout de suite happée par la situation sidérante de ces sœurs".

    Vous dites même que le sujet a résonné en vous de façon personnelle. Pourquoi ?

    J’ai deux tantes dans les ordres. J’ai reçu une es. j’ai reçu une éducation catholique, j’ai été élevée dans les chants grégoriens  par mon père qui était organiste, ma mère faisait des vitraux, j’ai adopté un enfant-

    Vous vous êtes également retirée à deux occasions dans des couvents, de Bénédictines non loin de Paris, pour vous imprégner de l’ambiance et surtout ajuster de l’intérieur la véracité de la vie monastique.

    Effectivement. D’abord au monastère de Vanves, où j’ai rencontré la mère supérieure ainsi que le père abbé qui faisait justement une conférence sur la fragilité de la foi. Puis je me suis rendue à l’abbaye de Jouarre, A chaque fois j’y suis restée trois jours. .

    Vous avez découvert le côté très particulier de l’existence dans ces communautés, ce monde autarcique coupé du nôtre 

    Le rapport à la vie est très différent. Si on trouve des êtres humains qui s’opposent, des tensions, il y a ces rites qui scandent la journée, la prière, le rapport à la foi, celui des des femmes entre elles, le sacrifice de la maternité pour se donner au Christ à vie. J’ai suivi leur rythme de vie, fait un peu de ménage, pelé des légumes.

    Ce film est d’une  grande modernité Vous l’avez présenté au  Vatican. Comment a-t-il été reçu ?

    L’assemblée de religieux qui l’ont vu se sont reconnus. Un évèque  proche du pape François a parlé de la force de reconnaitre et de voir une  histoires comme celle-ci de la ressortir de l’oubli, Et il a ajouté qu’elle était thérapeutique pour l’Eglise,

    "Les Innocentes" résonne aussi aujourd’hui dans la mesure où le viol est utilisé comme une arme de guerre.

    C’est affreux à dire mais c’est quelque chose qui est parfois encouragé, de manière tacite évidemment, quasiment dans tous les pays en conflit. Cela a fait réagir beaucoup de gens constatant que les choses n’ont pas beaucoup changé.

    Photo-4-Les-Innocentes-e1453824581782[1].jpgDeux mots sur les comédiens qui sont tous excellents. A commencer par Lou de Laâge.  

    J’étais partie sur une autre comédienne, mais cela ne s’est pas réalisé. J’ai alors organisé un casting et en voyant Lou de Laâge, je lui ai trouvé, outre son visage très cynégétique, beaucoup de caractère, de détermination, de grâce et de mystère.

    Et Vincent Macaigne ?

    C’est un acteur atypique, original, inventif. Il a quelque chose de doux et met de la drôlerie et de l’humour. Mais il devait être tenu. Je l’ai stylisé, nettoyé, lui ai fait couper ses cheveux et l’ai obligé à porter un corset sous son uniforme pour qu’il se tienne droit…

    Film à l’affiche dans les salles romandes dès mercredi 24 février.

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  • Grand écran: "A peine j'ouvre les yeux", portrait d'une jeunesse tunisienne insoumise

    a-peine-ouvre-yeux_0[1].jpgNous sommes en été 2010 en Tunisie, quelques mois avant la révolution du Jasmin. Farah, jolie et brillante étudiante de 18 ans, vient de passer son bac avec mention et sa famille la voit déjà entreprendre une carrière de médecin. Ce n’est pas du tout le rêve de Farah, chanteuse dans un groupe de rock engagé qui ne ménage pas ses critiques envers le gouvernement. Elle est aussi secrètement amoureuse du guitariste, son parolier.

    Mais, dans cette société liberticide, une fille qui s’échappe de chez elle en cachette, boit des bières avec des potes dans les cafés, rentre seule la nuit et surtout chante avec rage, devant un public galvanisé, des couplets subversifs sur le désespoir des jeunes avides de liberté, s’attire immanquablement la surveillance de la redoutable police du régime. Multipliant du coup les craintes de sa mère, Hayet, qui l’élève seule.

    Très protectrice, elle a terriblement peur des dangers menaçant son enfant qui s’oppose constamment à elle et dont l’inconscience face aux interdits la rend folle. Avant de réaliser qu’elle finit par l’étouffer autant que le système. La réalisatrice Leyla Bouzid, fait ainsi subtilement évoluer cette attachante relation mère-fille au fil d’un récit ambitieux.

    C’est ainsi qu’à travers l’histoire de l’insoumise Farah, mêlant musique rock électrisante, ferveur politique, émois amoureux pudiques mais sensuels, autant de formes d’émancipation et de résistance, l’auteur se livre à une critique cinglante de la violence faite aux femmes en Tunisie. Brossant en parallèle le portrait d’une génération qui a renversé la dictature de Ben Ali et dont elle se fait la porte-parole.

    Ce premier long métrage très prometteur, délivrant un message fort, est porté sinon habité par la magnifique débutante Baya Medhaffar (photo). Elle s’est tellement battue pour décrocher le rôle qu’elle fait totalement corps avec son personnage rebelle et fougueux..

    A l’affiche dans les salles de Suisse romande dès mercredi 17 février

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  • Grand écran: "Hail, Caesar!", plongée jubilatoire dans l'âge d'or hollywoodien

    george-clooney-dans-la-bande-annonce-de-hail-caesar-des-freres-cohen_5443071[1].jpgJosh Brolin, George Clooney, Channing Tatum, Ralph Fiennes, Scarlett Johansson, Tilda Swinton, Frances McDormand, un casting cinq étoiles convaincant pour une plongée légère et jubilatoire dans l’âge d’or hollywoodien signée Coen. 

    Inspirés par la machine à rêves et son art de l'artifice, les frères nous emmènent dans les coulisses de  la Mecque en compagnie d’Eddie Mannix (Brolin), homme certes providentiel engagé par le grand studio Capitol mais un rien débordé par sa tâche consistant à régler les problèmes des stars, étouffant notamment les scandales dans lesquels elles sont impliquées. 

    La journée s’annonce folle pour le boss avec le kidnapping, en plein tournage d’un péplum, de sa vedette principale le candide Baird Whitlock (Clooney) par une bande de scénaristes, sympathisants communistes en colère, qui tentent de le rallier à leur cause. Un épisode parmi d’autres d’une histoire truffée de clins d’œil, de références et d’anecdotes véridiques, les réalisateurs nous baladant  d’un plateau à l’autre pour nous offrir quelques numéros très réussis.

    Comme la scène de ballet aquatique, avec Scarlett Johansson sortant de l’onde, celle où Ralph Fiennes, cinéaste britannique, se voit imposer un jeune premier (Alden Ehenreich) étiqueté cow boy, et dont le seul talent est de jouer du lasso. Sans oublier Channing Tatum en excellent danseur de claquettes Tilda Swinton campant d’insupportables jumelles potineuses, ou encore l’apparition (trop brève) de Frances McDormand en monteuse manquant de s’étrangler avec un bout de film…

    Bref on s’amuse beaucoup dans Hail, Caesar!, à l’image des comédiens qui, à l’évidence. se font plaisir dans ce fouillis d’intrigues rocambolesques. On reprochera toutefois aux auteurs un scénario plutôt plat, quelques longueurs, un excès de bavardage socio-politique années 50 et une tendance à tourner en rond à la longue. Pas suffisant toutefois pour bouder son plaisir. 

    A l'affiche dans les salles de Suisse romande dès mercredi 17 février.
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