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Sorties de la Semaine - Page 225

  • Grand écran: "Suburra" entre film noir et western urbain. Coup de poing, mais trop complaisant

    suburra-trailer-ufficiale-poster-featurette-e-nuove-immagini-dal-film-di-stefano-sollima-v6-238823-1280x720[1].jpgAprès Gomorra et Romanzo Criminale, Stefano Sollima poursuit dans le genre avec Suburra, adapté du roman éponyme de Carlo Bonini et Giancarlo De Cataldo.

    Dans la Rome antique, La Suburra était un quartier pauvre et populeux, où fleurissaient tavernes et bordels. Toujours aussi malfamé mais destiné à être réhabilité, il est le théâtre d’un ambitieux projet immobilier façon Las Vegas, comprenant hôtels de luxe, casinos et boîtes de nuit. Une conquête d’un paradis sulfureux impliquant l’Etat, le Vatican et la mafia.

    Suburra, mélange de film noir et de western urbain, se déroule en 2011, à J-7  d’une «apocalypse» annoncée. Un compte à rebours au sein d’une capitale italienne au bord du gouffre dans tous les domaines de la société. Avec en prime une possible démission du pape.

    On navigue ainsi entre différents univers, politique, criminalité, argent, usure, drogue, prostitution. Chacun d’eux est représenté par un personnage idoine et particulièrement antipathique, assassin, pourri, vicieux, manipulateur, lâche, du député à la pute en passant par le chef mafieux, le gangster, le religieux ou le jeune organisateur d’événementiel. 

    Le tout révèle un système corrompu, chaotique, illégal à ramifications multiples, en majorité régi par le chantage, la brutalité et le meurtre. Un film à l‘ambiance hyper glauque dans une Rome nocturne noyée sous la pluie où personne n’est épargné.

    Alors certes Stefano Sollima tape très fort là où ça fait mal dans cette sombre fresque d’une humanité décadente et gangrenée, faisant écho à l'actualité. On lui reprochera toutefois des caractères trop stéréotypés, un symbolisme trop appuyé et une complaisance souvent crasse dans sa représentation du cycle infernal de la violence. Avec Pierfrancesco Favino, Elio Germano, Claudio Amendola et Jean-Hugues Anglade.

    A l’affiche dans les salles de Suisse romande dès mercredi 9 décembre.   
     

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  • Grand écran: "Un+une", avec Jean Dujardin et Elsa Zylberstein. Consternant

    499172[1].jpgCinquante ans près Un homme et une femme, Claude Lelouch propose une sorte de variante avec Un+une, où il embarque Jean Dujardin et Elsa Zylberstein, à l’origine du projet, dans une très improbable love story.

    Antoine, composteur de génie qu’Alice, talentueuse pianiste, vient de demander en mariage sans trop de succès pour l’instant, se rend en Inde. Il doit travailler avec un réalisateur de la Nouvelle Vague du cru (une incontournable mise en abyme pour le cinéaste) sur une version carrément révolutionnaire de Roméo et Juliette.

    C’est là qu’il rencontre Anna, la femme de Samuel, l’ambassadeur de France, qui ne peut avoir d’enfant. Elle décide d’emprunter seule (c’est d’un crédible, étant donné sa situation de haut rang…) le chemin de la fertilité et d’aller à la rencontre de Mata Amritanandamayi (appelée Amma et qui joue ici son propre personnage), notamment dotée du pouvoir mystique de changer les destins.

    Pourtant jaloux comme un tigre, Samuel demande à Antoine d’accompagner Anna dans son périple (on ne sait jamais ça pourrait le guérir de sa migraine tenace) et… je ne vous ferai pas l’injure de vous apprendre ce qui va se passer entre ces deux êtres que tout oppose…

    Un fatras de spiritualité

    Comme c‘est du Lelouch, il y a de belles images du pays visité de long en large. Un minimum. En ce qui concerne le reste, c’est consternant, le réalisateur s‘ingéniant à plomber son film, au scénario par ailleurs incohérent, sous un fatras de spiritualité en forme de dialogues d’une rare ineptie.

    Pêle-mêle il évoque le sens de la vie, ce qui compte dans celle-ci c‘est de préparer la prochaine, le temps qui passe, le pouvoir de la pensée, l’amour universel, le cosmos, le lien entre les êtres, d’où on vient et où on va, sans oublier les hirondelles et les boomerangs (!), le tout débité par une Elsa Zylberstein à un Jean Dujardin hilare, grossier, convaincu de son charme irrésistible et de sa drôlerie exceptionnelle, qui a juste envie de la sauter.

    Et qui n’est pas en reste côté phrases d’une rare beaufitude. A son habitude.  On a ainsi droit à des réflexions profondes plus ou moins du genre : quand je suis avec Alice (la femme qu’il hésite donc à épouser) j’ai trouvé mon moi avec des nichons. Ou encore une femme avec un cerveau c’est un mec réussi.

    Vu le couple calamiteux formé par Elsa Zylberstein et Jean Dujardin, on oubliera par charité les pièces rapportées que sont Alice Pol, et surtout le malheureux Christophe Lambert dans un rôle d’ambassadeur qui ne fait pas franchement honneur à la diplomatie française!

    Tout cela ne suffisant pas, Lelouch nous gratifie d’un dénouement évidemment téléphoné. Le contraire nous aurait dans le fond désagréablement surpris…

    A l’affiche dans les salles de Suisse romande dès mercredi 9 décembre.

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  • Grand écran: "Béliers", émouvant drame fraternel sur fond de chronique rurale islandaise

    4635713_7_07c4_une-scene-du-film-islandais-de-grimur_282b6b2c27bb300c26213a70922d262c[1].jpgEleveurs de moutons. les frères Gummi et Kiddi vivent près l’un de l’autre mais ne se parlent pas depuis quarante ans. Comme chaque année, ils participent à un concours de beauté pour béliers que l’un d’eux remporte sous le nez de l’autre. La jalousie aidant, il y a de quoi séparer davantage, si possible, ces deux vikings bougons et obstinés, déjà cachés dans leur maison respective. Mais pas heureux pour autant. 
     
    Ils devront pourtant oublier leurs blessures secrètes et s’unir pour sauver leurs bêtes promises à l’abattage suite à une redoutable épidémie de tremblante. Des bêtes qu’ils aiment d’amour et pour lesquelles ils sacrifient tout, à l’instar des autres villageois. Le réalisateur islandais Grimur Hàkonarson en profite pour évoquer, au-delà du drame fraternel, le quotidien rude et solitaire d’une communauté reculée, vivant au milieu de paysages hivernaux d’une splendeur glacée. 
     
    Cette chronique familiale et rurale en forme de conte universel déborde d’humanité, de tendresse, de bienveillance et d'humour décalé. Elle a valu à son auteur le Prix d’Un certain regard au dernier Festival de Cannes.  «C’est l’un des plus beaux moments de ma vie, sinon le plus beau. J’étais d’autant plus surpris que je ne m’attendais même pas à être sélectionné au départ», nous raconte Grimur Hakonarson, de passage à Genève.

    thumb[1].jpgSon film a cartonné dans le milieu puisqu’il a reçu vingt autres prix dans différents festivals comme Valladolid, Thessalonique ou Zurich. Un travail de cinq ans, dont trois d’écriture, bien récompensé.  «J’y ai mis mon âme et je l’ai fait pour mes ancêtres. Au sens large».   
     
    Béliers est votre deuxième long-métrage. Comment l’idée vous en est-elle venue ? 
     
    Mes parents ont grandi dans une ferme et quand j’étais petit j’ai souvent passé des vacances chez mon grand-père. Je connais la culture du mouton. Et c’est mon père qui m’a raconté cette histoire de deux frères vivant l’un à côté de l’autre sans s'adresser la parole. Je la trouve à la fois tragi-comique, intéressante et révélatrice. En même temps j’avais envie d'explorer le rapport entre l’homme et les animaux, cette communauté obligée d’abattre ses bêtes. Au début cela parlait davantage de cela, puis les choses ont évolué vers cette relation contrariée et conflictuelle entre les deux frères. 
     
    Il y a peu de femmes dans votre récit. 
     
    En fait il y a énormément de célibataires dans les endroits que je connais en Islande. Les hommes restent à la ferme et les femmes s’en vont. Si vous vivez seul avec des moutons à qui vous vouez une véritable passion, leur perte est encore plus importante, plus tragique. C’est surtout ce que j’essaye de montrer. 

    Hrutar+Beliers+Rams+Photocall+68th+Annual+-x1rbB_rhLbx[1].jpgVos deux comédiens principaux Sigurour Sigurijonsson et Theodor Juliusson ont-ils eu du mal à s’adapter à ce tournage exigeant? 

    Non, ce sont des professionnels chevronnés. Ils ont lu des livres sur la vie à la ferme pour mieux s’imprégner de leur personnage. Ils ont dû se laisser pousser la barbe. Nous avons aussi beaucoup répété les dialogues. Mais l’essentiel était qu’ils sonnent authentiques. C’est mon style. La plupart des acteurs sont à mon avis trop jolis dans ce genre de rôles. 
     
    Et les moutons, vous ont-ils donné du fil à retordre? 
     
    Pas autant que le craignais. On m’avait dit que ce serait impossible. J’étais inquiet, je n’avais pas trop de temps pour le tournage. Mais nous avons déniché des béliers parfaits, stables, calmes. Ils se sont révélés excellents face à la caméra à laquelle ils se sont habitués petit à petit. Il y en a eu jusqu’à 200 dans une scène. On pouvait les toucher. Nous avions un spécialiste pour nous aider. 

    Deux mots sur ce singulier concours de beauté pour béliers qui ouvre le film. 
     
    C’est une tradition. Ces compétitions ont lieu en septembre après la désalpe. C’est très sérieux, très professionnel. Les béliers sont examinés sous toutes les coutures. Et le gagnant est particulièrement fier d’avoir présenté le plus beau. C’est aussi une occasion d’être ensemble pour les gens.. 
     
    Il paraît que vous vous êtes si bien entendu avec les béliers que vous envisagez de ne mettre que des animaux en scène.   

    Ce ne sera en tout cas pas le sujet de mon prochain long métrage, puisqu’il s’agit d’un film lesbien… Je vais faire un pas de côté, raconter une histoire politique avec une signification politique. 
     
    A l’affiche dans les salles de Suisse romande dès mercredi  9 décembre.   
     

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