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Sorties de la Semaine - Page 222

  • Grand écran" "Trumbo" rappelle les heures sombres d'Hollywood, dans le viseur de McCarthy

    btrumbo.jpgEn 1947, on est à l’aube de la Guerre froide entre les Etats-Unis et l’URSS. C’est aussi cette année-là que commence la chasse aux sorcières, à l’initiative du sénateur Joseph McCarthy.

    Créée en 1938 pour enquêter sur la propagande nazie, la commission des activités antiaméricaines s’est reconvertie dans l’implacable traque aux communistes. Au plus fort de cette effrayante campagne, symbole de la plus grande intolérance, McCarthy s’attaque à Hollywood. Les auditions de stars se multiplient. Dix-neuf personnalités "suspectes" sont sommées de s’expliquer. Dix d’entre elles (on les appellera les "dix d’Hollywood") auront le courage de refuser de répondre ou de dénoncer, dont le célèbre scénariste Dalton Trumbo.

    Emprisonné puis inscrit sur la Liste noire

    Virulent et d’une rare audace en cette période dangereuse, il sera condamné à onze mois de prison puis inscrit, avec les neuf autres également reconnus coupables d’appartenir au Parti communiste, sur la Liste noire. Il leur est désormais impossible de travailler. Mais Trumbo ne baisse pas les bras bien au contraire. Aidé par sa famille et grâce à son talent, il contourne l’interdiction d’exercer..

    atrumbo.jpgLe réalisateur Jay Roach, étonnant car plus porté sur la grosse sinon grasse comédie, raconte son long combat dans l’ombre vers la réhabilitation. Il utilise une foule de pseudonymes, mettant sa femme et ses enfants à contribution pour faire passer sa copie.

    Cigarette au bec, whisky à portée de main, il écrit tout le temps, particulièrement dans sa baignoire. Sa machine posée sur une planche, il va pondre une trentaine de scénarios au kilomètre pendant dix ans, du plus nul au meilleur, comme Vacances romaines en 1953 ou Les clameurs se sont tues en 1957 qui lui vaudront deux Oscars.

    C’est Kirk Douglas, en poussant en 1960 Trumbo à écrire Spartacus, réalisé par Stanley Kubrick, sous son vrai nom qui le sort de la clandestinité. A l’issue de la projection, les félicitations du président Kennedy, qui en fera même son film préféré, mettront fin au cauchemar des  "rouges" et à une décennie maudite,

    Formidable prestations d'acteurs

    Servi par une bonne reconstitution des années 50 et assorti d’images d’archives, le film séduit davantage par son ton caustique et son rythme que par sa mise en scène. Mais il vaut surtout pour cette terrible et fascinante page d’histoire, rappelant les heures très sombres d’Hollywood. Sans oublier les comédiens, à commencer bien sûr par le principal Bryan Cranston, nominé aux Oscars, mais coiffé par Leonardo DiCaprio.

    Mêlant, élégance, cynisme et drôlerie, le héros de Breaking Bad redonne vie au moustachu Trumbo, personnage hors du commun, charismatique et intelligent, maniant l’humour comme une arme, tout en se révélant provoquant, attachant, combatif, irascible, tyrannique.

    A ses côtés, on retiendra notamment Helen Mirren, excellente dans le rôle de la redoutable et perverse chroniqueuse Hedda Hopper, anticommuniste acharnée, soutien actif de McCarthy et Reagan, qui pouvait briser une carrière d’un trait de plume.

    A l’affiche dans les salles de Suisse romande dès mercredi 27 avril.

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  • Grand écran: "Dégradé", une autre façon de raconter la Palestine

    babass.jpgUn modeste salon de coiffure aujourd’hui dans la Bande de Gaza. On y propose tout, de la pose de bigoudis à l’épilation en passant par la manucure. Dans ce huis-clos interdit aux hommes où les femmes viennent bavarder et se détendre, treize d’entre elles ont été rassemblées par les jumeaux palestiniens Arab et Tarzan Nasser pour leur premier long-métrage, Dégradé.

    Un titre symbolique, évoquant à la fois une fameuse coupe de cheveux et une situation violente qui ne cesse de s’envenimer dans la région, rappelée par des coups de feu à l’extérieur de l’établissement. Un gang armé exhibe un lion enlevé au zoo de Gaza, que le Hamas entend récupérer de force.

    Aux affrontements hors champ des hommes des deux camps, les réalisateurs opposent l’atmosphère lourde qui règne d’abord dans le salon. Là aussi la tension monte…entre les lionnes. Critiques et remarques acerbes fusent parmi ces femmes à la langue bien pendue et au caractère bien trempé. De tous âges et de tous milieux (une religieuse, une divorcée, une droguée, une fiancée, une femme enceinte, une Russe…) elles sont représentatives des différentes tranches de la population féminine à Gaz. .

    Mais face à la brutalité qui s’accroît entre les mâles au-dehors, elles oublient petit à petit leurs crêpages de chignon et se rapprochent en évoquant les interdits et leurs craintes au sein de ce microcosme social qui les contraint à la cohabitation.

    abbass.jpgCette comédie noire rondement menée et pimentée d’humour raconte la Palestine d’une manière originale, tout en s’interrogeant sur la place qu’y tient la femme. Elle est portée par une belle brochette de professionnelles ou non. Parmi elles, la grande Hiam Abbass (au centre de l'image), attachante personnalité mi-orientale, mi-occidentale, actrice et réalisatrice pleine de projets. "Cette double casquette fait de moi ce que je suis. Chaque activité se nourrit de l’autre et de mes rencontres", nous confie-t-elle lors de son passage à Genève.

    Israélienne, née en 1960, elle a commencé très jeune. A neuf ans, elle fait partie d’un spectacle à l’école qui lui permet de goûter à la magie du métier. Elle suit des cours d’art dramatique jusqu’à la fin du lycée, puis tâte de la photographie avant de revenir par ce biais au théâtre. Elle découvre le cinéma avec Noces en Galilée de Michel Kheiti.

    Désormais, sa voie est tracée. En 1987, après un passage à Londres, elle s’installe à Paris, fait d’abord des enfants, deux filles, Lina et Mouna, puis tourne pour le petit et le grand écran. On la voit notamment dans Aime ton père du genevois Jacob Berger en 2002. Mais elle doit sa notoriété à Satin rouge de la Tunisienne Raja Amari en 2005. Elle a également joué sous la direction de Patrice Chéreau et Jean Becker.

    Très au fait du conflit israélo-palestinien, elle a été appelée pour un rôle dans Munich de Spielberg, sorti en 2006. Sur le plateau il insiste pour qu’elle coache les acteurs. Elle tergiverse. "Il me voulait pour quatre mois. Trop long pour moi... Finalement je l’ai fait. C’était dur mais intéressant. Une belle expérience. Et surtout cela m’a permis de côtoyer un homme adorable, de voir sa façon de travailler,de constater à quel point il était rapide". 

    Dans Dégradé, elle a aimé la capacité artistique et d’observation des frères Nasser, des peintres à la base. "Ils prennent une histoire vraie et la développent. Là ils ont choisi la métaphore pour raconter la vie des Gazaouis dans un huis-clos en ne racontant pas vraiment la souffrance à travers la guerre, mais en se préoccupant du conflit politico-social".
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    "Je voulais incarner un personnage nouveau pour moi"

    Et son rôle de femme mûre, désagréable, courant après une jeunesse enfuie? "C’est moi qui l’ai proposé. Au départ, on m’avait suggéré celui d’une mère. Mais je l’avais déjà incarnée et j’avais envie d’un personnage nouveau. C’était une première. J’avais l’impression de découvrir cette femme fragile qui se camoufle derrière une dureté de façade".

    Seule avec deux autres comédiennes à avoir une expérience de cinéma, elle a aidé ses amis réalisateurs à gérer les amatrices. "Cela leur a demandé une énergie considérable, une disponibilité constante. Il y a eu des scènes difficiles à refaire pour obtenir de l’authenticité dans leurs réactions, C’était presque du travail de théâtre. Au début on a perdu du temps …".

    Le film, qui avait été sélectionné à la Semaine de la critique sur la Croisette en 2015 a bénéficié de la célébrité de Cannes pour réaliser beaucoup de ventes à l’international. Il a par ailleurs été montré avec succès à Ramallah, ainsi qu’à Haïfa en janvier de cette année dans le cadre du festival de cinéma indépendant organisé par la fille de Hiam Abbass, Lina Soualem, et deux autres personnes.

    A l'affiche dans les salles de Suisse romande dès mercredi 27 avril.

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  • Grand écran: "Belgica", ambiance sexe, drogue et rock'n'roll

    belgica.pngHomme à femmes, Jo est un célibataire passionné de musique et Frank, qui ne voit que d’un oeil, un père de famille sans histoire aspirant à la sécurité. Ces deux frères que tout sépare s’associent et voient grand pour transformer le petit bar de Jo. C’est un triomphe. En quelques semaines, le Belgica devient le rendez-vous incontournable, le repaire libertaire des noctambules de Gand, quelle que soit leur origine sociale.

    Le Flamand Felix Van Groeningen nous plonge ainsi, à grand renfort de sons, de lumières et de fêtards sous coke surexcités, dans les vapeurs alcoolisées d’un monde parallèle euphorique. Un cocon à l’ambiance sexe, drogue et rock’n’ roll électrisée par la furia de l’explosif duo Soulwax. Voilà qui devrait enthousiasmer les fans.

    Mais dans cette nouvelle «babylone» belge, microcosme marginal, anarchique, prônant la mixité et la tolérance, le drame couve et les choses tournent au tragique pour Jo et Frank. Leur antagonisme profond, qui constitue en fait l’unique ressort dramatique du film, refait surface. Pris par la folie des grandeurs, dévorés par leur succès, ils s'opposent violemment et vont jusqu’à se trahir.

    Le scénario prévisible est la faiblesse de cette fable morale et hédoniste frôlant l’overdose et tombant peu à peu dans le mélo convenu. Par ailleurs trop long, Belgica finit par tourner en rond, l’auteur rechignant en somme à sortir de l’ivresse de la nuit gantoise. Felix Van Groeningen maîtrise moins bien son sujet que dans Alabama Monroe, qui lui avait valu le César du film étranger en 2014.

    En revanche, les comédiens se révèlent convaincants. A l’image de Stef Aerts même si, obligé de jouer avec un œil fermé, il laisse parfois filtrer un mince éclat de pupille. En jouisseur Tom Vermeir, musicien, grand fan de Soulwax et acteur de théâtre, se montre à la hauteur dans son premier rôle au cinéma.

    A l’affiche dans les salles de Suisse romande dès mercredi 20 avril.

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