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La griffe du léopard - Page 12

  • Festival de Locarno: la chasse est terminée. A qui le Léopard d'or?

    1564261169800.jpgDemain tout sera dit avec le dévoilement du palmarès de la 72e édition du Festival de Locarno. Quel film aura l’heure de plaire au jury présidé par la Française Catherine Breillat? A nos yeux, aucun parmi les dix-sept en lice dans une compétition pourtant moins «parent pauvre du festival» que d’ordinaire, ne s’impose véritablement comme un Léopard d’or indiscutable.

    Certains se détachent pourtant, faisant plus ou moins le buzz parmi les festivaliers. Celui dont on parle le plus, c’est O Fim do Mundo (La fin d’un monde) de Basil da Cunha, représentant la Suisse.Dans ce film qui commence par un baptème et se termine par un enterrement, le réalisateur suit le jeune Spira (photo) qui, après avoir passé huit ans dans un centre pour mineurs, retrouve ses potes en revenant dans son quartier lisboète voué à la démolition, où les habitants se débrouillent comme ils peuvent.

    Le cinéaste en profite pour dresser le portrait d’une jeunesse meurtrie, à travers des personnages dont on a volé l’enfance, qui ont perdu leur innocence et prônent le crime à l’ancienne. « J’ai voulu faire un film de résistance, sur la fin d’un monde, représenté par cet endroit, un des derniers maquis où on peut vivre autrement. Une résistance à la modernité. Même si elle s’immisce, il y a une volonté de pas rester rivé à son ordinateur … »

    Pedro Costa pour les inconditionnels

    Cinéphilie oblige, il ne faut évidemment pas oublier le retour du vénéré portugais Pedro Costa, déjà présent à Locarno avec Dans la Chambre de Vanda en 2000. Il se rapproche de Basil da Cunha, du moins par le lieu, avec son neuvième long métrage Vitalina Varela. On y voit une quinquagénaire cap-verdienne, dont le mari vient de mourir, débarquer dans un bidonville de Lisbonne.

    Arrivée trois jours après les obsèques alors qu’elle a attendu son billet d’avion pendant 25 ans, elle va s’atteler à la gestion des affaires du défunt et à rebâtir le souvenir d’une solide maison au Cap-vert. Formellement parfaite, splendidement sombre, nous laissant ressentir la souffrance, magnifiant le visage, le corps et le regard de Vitalina, l’œuvre qui pourrait demeurer confidentielle à l’image des autres films de l’auteur, constitue un sommet pour les admirateurs inconditionnels.

    De Yokogao aux Enfants d’Isadora

    Dans un tout autre registre, on évoque aussi Yokogao, (A Girl Missing), notre préféré par ailleurs, du Japonais Koji Fukada. Il raconte l’histoire d’une infirmière, Ichiko, qui travaille dans une famille dont elle fait quasiment partie. Mais un jour c’est le drame. La fille cadette disparaît et les médias ne tardent pas à révéler que le ravisseur n’est autre que le neveu d’Ichiko. Tout se dérègle alors dans la vie de la jeune femme, piégée par une révélation qu’elle aurait dû garder secrète et qui déclenche une invraisemblable frénésie médiatique. Un film qui vaut surtout par la qualité de l’interprétation de sa principale protagoniste.

    The Last Black Man In San Francisco, de Joe Talbot, compte quelques fans. Il raconte l’histoire de Jimmie Fails qui, dans une ville en pleine mutation à force de boboïsation, rêve de récupérer la maison victorienne de son enfance, construite par son grand-père en plein cœur de la cité et que la famille n’a pas pu garder. Le film a été primé à Sundance au début de l’année. Aura-t-il la même chance?

    A noter enfin que certains ont été envoûtés par Les enfants d’Isadora du Français Damien Manivel, où il interprète à sa manière le solo intitulé La Mère, composé par la danseuse mythique après la mort tragique de ses deux enfants en avril 1913. Dans un geste d’une grande douceur, une mère y caresse et berce une dernière fois son enfant avant de le laisser partir.

    Un siècle plus tard, quatre femmes se confrontent à cette danse déchirante, qui laisse éprouver la sensation de la perte et du vide: une danseuse déchiffre la partition du solo qui l’émeut, une chorégraphe en prépare l’adaptation dansée par une adolescente trisomique, une vieille dame seule assiste à une représentation du spectacle qui la bouleverse. Dans ce film construit comme un ballet en trois actes, Damien Manivel rend hommage à une femme libre qui a révolutionné l’histoire de son art.

    Mais comme on a l’habitude de le dire, le critique propose, le jury dispose. Réponse samedi soir sur la Piazza Grande avant la projection de To The Ends Of The Earth, du Japonais Kiyoshi Kurosawa.

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  • Festival de Locarno: "Diego Maradona", gloire et décadence du roi de Naples

    image.jpgDeuxième perle de Cannes au menu de la Piazza Grande, Diego Maradona. Quatre ans après Amy, où il raconte la vie sulfureuse de la chanteuse fauchée à 27 ans, Asif Kapadia, qui a également retracé le destin exceptionnel du champion de F1 Ayrton Senna, se penche cette fois sur celui, hors norme, tumultueux, du footballeur le plus mythique de la planète. 

    Pour mieux brosser le portrait de ce fils d'un bidonville de Buenos Aires qui n’a cessé d'alimenter la chronique avec son talent et ses triomphes, de faire le buzz entre provocations, excès et scandales, le réalisateur se concentre plus particulièrement sur la folle période napolitaine du surdoué du ballon rond. Elle va de 1984, date à laquelle à Naples, et 1991, début de la décadence.

    Asif Kapadia évoque les rapports passionnels de Maradona avec des gens qui le vénéraient comme un dieu. Pas difficile d'en imaginer la raison. Pendant sept ans, le numéro 10 met le feu au terrain, menant son club, le SSC Napoli, en tête du championnat pour la première fois de son histoire. Sauvant ainsi l’honneur de cette ville pauvre et méprisée. Les tifosi chavirent, la fête dure et dure encore.

    Sexe, drogue et mafia

    Car le miracle se reproduit pour le nouveau roi de Naples qui, tant qu’il en accomplissait, pouvait tout se permettre. Mais s’il a connu l'apothéose, il a aussi vécu $l'inverse, passant du statut de messie à celui de brebis galeuse, entretenant des relations troubles avec la mafia qui le fournit en filles et en drogue. Une addiction qui sera l’une des causes de la descente aux enfers de Diego, piégé par le starsystem.

    Bientôt tous se détournent de lui. La ville, le club, les tifosi et même la Camorra pour qui il devient gênant. Sans compter l’humiliation suprême infligée par le mythe, En 1990, l’équipe argentine emmenée par Maradona gagne contre l’Italie en demi-finale de la Coupe du monde. Un match programmé au stade San Paolo de Naples qui l’avait sacré six ans plus tôt. L’affront ne lui sera jamais pardonné.

    Oscillant entre le génie de Maradona, sa fantastique science du jeu, evt les fêlures de Diego, le documentaire réalisé à partir de plus de 500 heures d’images inédites issues des archives personnelles du footballeur, est fascinant. Comme il sait si bien le faire, Asif Kapadia rend hommage à l’une des légendes vivantes du sport, à son parcours extraordinaire, en le montrant de l’intérieur. Un voyage propre à passionner tout le monde. Les connaisseurs, même s’ils ne découvriront pas la lune, et les autres.

    Le film sortira dans les salles le mercredi 21 août.

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  • Festival de Locarno: Tarantino revisite l'âge d'or du cinéma. Avec Brad Pitt et Leonardo DiCaprio au top

    3228a6a88a3b99970589f684c67ca982-dans-once-upon-time-hollywood-de-tarantino-le-portrait-fait-de-bruce-lee-provoque-la-colere-de-sa.jpgLa Piazza Grande après la Croisette où, en mai dernier, Quentin Tarantino était carrément attendu comme le Messie. Malheureusement pour lui, Once Upon A Time… In Hollywood, événement le plus médiatique et le plus populaire du Festival de Cannes, ne lui avait pas permis de toucher au miracle, vingt-cinq ans après Pulp Fiction qui lui avait valu la Palme d’or.

    Le réalisateur revisite une période mythique, en rendant un vibrant hommage à l’âge d’or de la pellicule. Il aborde cette époque révolue en compagnie de Rick Dalton (Leonardo DiCaprio), cow-boy star de la télévision qui a du mal à trouver sa place avec la nouvelle ère qui s'ouvre dans la Mecque du cinéma, et de sa doublure de toujours, le cascadeur Cliff Booth (Brad Pitt), qui lui sert aussi d’homme à tout faire.

    Perdu, déprimé dans un monde qui change et annonce son déclin, le premier lutte pour avoir un rôle de plus, mais doit se contenter de partitions secondaires, tandis que le second, cool, qui vit à ses crochets, affiche une belle décontraction et se sent en paix avec lui-même. Au top, les deux comédiens ont eu beaucoup de plaisir à travailler ensemble, comme ils l’avaient d’ailleurs déclaré lors de la conférence de presse, Pitt le séducteur s’amusant à voler la vedette à DiCaprio.

    Fasciné par l’assassinat de Sharon Tate

    Ce l(trop) long film (2h45), ambitieux, triste, drôle, entre lettre d'amour, voyage nostalgique, western, comédie et analyse sommaire, voire paresseuse, de la prise de pouvoir du petit écran sur le grand, réserve des moments éblouissants mais aussi de grands tunnels, d'où son côté un peu décevant.

    L’intrigue se déroule en 1969, l'année de la mort de Sharon Tate (Margot Robbie), starlette montante et femme enceinte de Roman Polanski, assassinée par la secte Manson, dont Tarantino esquisse la vie avec une visite au ranch de la famille maudite.

    Ce fait divers tragique, marquant pour toute une génération et qui constitue la deuxième partie de l’opus, fascine Quentin Tarantino, qui nous emmène jusqu’à cette nuit fatale. «J'ai entrepris beaucoup de recherches. Mais plus on en lit sur le sujet, moins on comprend comment un tel acte a pu se produire. D'où mon attirance.», explique-t-il. On n'en reste pas moins dubitatif, sinon plus, en ce qui concerne le final, climax explosif cher à Tarantino, qui néglige la véracité du drame.

    La version cinéma ne serait toutefois pas la vision finale de l’auteur. Il proposerait un montage plus long, comprenant des scènes coupées. Le tout diffusé en épisodes sur Netflix.

    Film à l’affiche dans les salles de Suisse dès mercredi 14 août.

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