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La griffe du léopard - Page 13

  • Festival de Locarno: la Piazza Grande entre enfance, procès et catastrophe aérienne

    magar-francesca-fago.jpgAnnoncée, la pluie menaçait de gâcher les projections sur la très convoitée Piazza Grande, Mais suite à des débordements torrentiels, le ciel se faisait plus clément et permettait mercredi soir, l’ouverture du festival sous les étoiles avec Magari, premier long-métrage de la réalisatrice italienne Ginevra Elkann.

    Une présentation entre les gouttes qui avait de quoi combler la nouvelle directrice Lili Hinstin à la tête de la 72e édition, qui a privilégié sa propre approche sur la fameuse place en laissant se succéder cinéma d’auteur et grand public.

    Ginevra Elkann, petite-fille du grand Gianni Agnelli, retrace l’enfance, dans les années 80, de deux frères et une sœur, enfants de parents divorcés qui vivent à Paris avec leur mère (Céline Sallette). Fatiguée par une quatrième grossesse, elle les envoie passer Noël en Italie chez leur père Carlo (Riccardo Scamario), un séducteur qui remanie inlassablement son scénario dont le producteur ne veut pas, en compagnie de son amie du moment Benedetta (Alba Rohrwacher)

    Alma, 9 ans, jean, 12 ans et Sebastien 14 ans, unis par le même désir d’être une famille, débarquent ainsi à Rome en tenue de ski. Mais au lieu de les emmener à la neige comme prévu Carlo, plutôt fauché, les embarque dans une villa au bord de mer. Et voici la smala partie pour une bien étrange semaine de vacances, où les tensions remontent.

    Entre non-dits et futur incertain idéalisé

    Avec ses comédiens rompus au jeu qui se confrontent à trois débutants, la réalisatrice analyse des non-dits, une difficulté à communiquer, un futur incertain idéalisé. Tout en observant avec finesse les états d’âme de ses protagonistes, elle livre une oeuvre pleine de grâce, de douceur, d’émotion et de poésie où se mêlent les différences de langues, de culture, de religion.

    En fait partie le titre Magari (Si seulement en français), illustrant l’espoir que les parents redeviennent un couple. Un mot très éloquent qui n’existe qu’en italien, évoquant à la fois le bonheur, la mélancolie, le désir.

    maxresdefault.jpgLa fille au bracelet

    Le Français Stéphane Demoustier a lui aussi profité de la bienveillance céleste pour La fille au bracelet. Lise, 18 ans, vit dans un quartier résidentiel sans histoire et vient d'avoir son bac. Mais depuis deux ans, elle porte un bracelet car elle est accusée d'avoir assassiné sa meilleure amie. Le film s’inspire du scénario d’Acusada un film dramatique argentin de Gonzalo Tobal réalisé à partir d’un fait divers, en compétition à la dernière Mostra et sorti en 2018. 

    La comparaison s’arrête là. Au spectaculaire et aux effets de manches, Stephane Demoustier privilégie l’épure, les joutes verbales en forme de duels, tout en faisant du spectateur un juré. Par ailleurs, contrairement à son collègue sud-américain, il adopte le point de vue de ceux qui entourent l’accusé et ses proches. Dans ce film à procès, en gros celui de la jeunesse et du fossé des générations où la vie secrète de Lise est dévoilée, on tente de discerner ou non la révélation d’une vérité.

    En dépit de quelques incohérences scénaristiques, les comédiens portent bien le film. Pour incarner l’adolescente, Stéphane Demoustier a choisi la jeune Mélissa Guers, à la fois intense, mystérieuse et mutique. Ses parents sont incarnés par Roschdy Zem (qui ne cesse de se bonifier) et Chiara Mastroianni. La sœur du réalisateur, Anaïs Demoustier, au jeu un rien raide, a elle enfilé le costume de l’avocat général.

    7500, tous dans le cockpit

    L’Allemand Patrick Vollrath, à son tour béni des cieux, a tenté la catastrophe dans 7500, son premier long métrage et nous enferme, claustrophobes s’abstenir, dans l'étroit cockpit d’un Airbus A319 avec le copilote Tobias Ellis, alias Joseph Gordon-Levitt.

    Menacé par un groupe de terroristes, il va tenter de faire atterrir l’appareil détourné en sauvant un maximum de passagers dont certains sont sauvagement assassinés par les attaquants. Le comédien séduit, le suspense s’amorce, mais ne dure malheureusement pas, le métrage ne tardant pas à se traîner pour virer dangereusement au ridicule. Et comme on sait, il tue.

    Pour terminer, un petit mot de la compétition qui promet d’intéressantes découvertes. Mais on aura l’occasion d’en reparler.

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  • Festival de Locarno: c'est parti pour le cru 2019 de Lili Hinstin, sa nouvelle directrice

    Locarno, un festival mondial qui s’autorise de gros risques, qui secoue, surprend, dérange, interroge... Un festival où, après avoir été découverts, les artistes entament régulièrement une carrière internationale... Un festival hors norme avec l’écran géant de la Piazza Grande, la liberté de sa programmation, le mélange de stars, de grands auteurs et de jeunes cinéastes assumant avec détermination son rôle de phare et de tête chercheuse…

    C’est par ces mots que la nouvelle directrice, la Française Lili Hinstin, successeure de Carlo Chatrian parti s’occuper de la Berlinale, a présenté la 72 édition locarnaise. Elle est dédiée à Freddy Buache, le cofondateur de la Cinémathèque suisse disparu en mai dernier, avec notamment la projection .du court-métrage Lettre à Freddy Buache (1981) de Jean-Luc Godard.

    Magari de la réalisatrice italienne Ginevra Elkann (photo ci-dessus) ouvrira les feux mercredi 7 août sur la Piazza Grande, l’un des piliers de la manifestation tessinoise. Elle se terminera le 17, toujours sous les étoiles, avec To The End Of The Earth du Japonais Kiyoshi Kurisawa. Entre les deux se succèderont action, thriller, comédie romantique, dont deux films de Cannes, Once Upon a Time… in Hollywood de Quentin Tarantino avec Leonardo DiCaprio et Brad Pitt au top, ainsi que le passionnant documentaire d’Asif Kapadia, Diego Maradona.

    Innovation sur la célèbre place avec Crazy Midnight, une sélection d’une demi-douzaine de films montrés en deuxième partie de soirée. En fait partie Die Fruchtbaren Jahre sind vorbei, une comédie absurde de la Suissesse Natasha Beller.

    Compétition et rétrospective

    Deuxième point fort de ce cru 2019, la compétition comptant 17 longs métrages en provenance du Brésil, de Syrie, d’Allemagne, de France, des Etats-Unis, d’Islande, d’Italie, d’Espagne, de Suisse... Ils se disputeront le Léopard d’or sous l’oeil du jury présidé par la réalisatrice Catherine Breillat. Le concours, qui marque le retour du Portugais Pedro Costa, verra comme d’habitude alterner réalisateurs confirmés et débutants.

    Importantes aussi les autres sections du festival, dont Cinéastes du présent. Moving Ahead (volet expérimental), Léopards de demain, Histoire(s) du cinéma, Open Doors Screenings. Sans oublier bien sûr la traditionnelle rétrospective. Intitulée Black Light, elle reflète le cinéma noir international du XXe siècle, tout en allant au-delà des frontières déjà connues et dépassant le problème identitaire ou social.

    Touchant l’Europe, l’Amérique du Nord, du Sud ou les Caraïbes, elle se compose de 47 métrages réalisés par Zozimo Bulbul, Sidney Poitier, Ousmane Sembene, Med Hondo… Premier rendez-vous le 6 juillet avec Do The Right Thing de Spike Lee à l’occasion de la soirée pré-festival. 

    Artistes à l’honneur

    Le Léopard d’honneur sera décerné à John Waters, auteur de Pink Flamingos, Hairspray, Cry Baby, Serial Mother, mais surtout de Polyester que les spectateurs auront l’occasion de (re)découvrir. Ainsi que Female Trouble et Dirty Shame, dernière fiction en date du cinéaste de Baltimore.

    Hilary Swank, grande invitée de la soirée du vendredi 9 août sur la Piazza Grande recevra elle le Leopard Club Award. L'hommage sera accompagné de la projection de Boys don't Cry de Kimberly Peirce (1999) et de Million Dollar Baby de Clint Eastwood (2004). Deux films qui lui ont valu l’Oscar de la meilleure actrice,

    Egalement honorés Fredi M. Murer, réalisateur, scénariste, photographe, dessinateur suisse, avec le Pardo alla carriera, et son compatriote l'acteur l’acteur Bruno Ganz décédé en février dernier.

    Locarno du 7 au 17 août.

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  • Festival de Locarno: le Léopard d'Or au Singapourien Yeo Siew Hua pour "A Land Imagined". Sitôt vu, sitôt oublié...

    20180811163807306.jpgComme d’habitude, le critique propose et le jury dispose… C’est ainsi que Le film A Land Imagined, du réalisateur singapourien Yeo Siew Hua, sitôt vu sitôt oublié étant donné son intérêt mineur, a reçu le Léopard d'or au 71e Festival de Locarno. Le film se déroule dans l'univers impitoyable des travailleurs immigrés trimant pour des clopinettes sur les gros chantiers de Singapour.

    Après avoir noué une amitié virtuelle avec un mystérieux joueur, Wang, un maçon chinois est porté disparu. Un enquêteur doit découvrir la vérité pour le retrouver. On se perd rapidement et on s’ennuie aussi vite dans ce polar compliqué à l’intrigue inutilement tarabiscotée.

    "M", documentaire choc primé

    Heureusement, le jury a eu la bonne idée de donner un Prix spécial à M, le remarquable, bouleversant, nécessaire documentaire coup de poing de Yolande Zauberman, de retour sur grand écran. La réalisatrice française nous emmène dans un voyage en enfer en suivant un jeune homme violé dans son enfance par les rabbins et autres membres d’une communauté ultra-orthodoxe aux portes de Tel-Aviv.

    Il a aussi daigné récompenser le réalisateur Sud-Coréen Hong Sang-soo par le biais du Prix d’interprétation à son acteur KI Joo bong for Gangbyun Hotel. (Voir nos notes élogieuses du 10 août pour ces deux films). Côté féminin Andra Guti, la comédienne d’Alice T. du Roumain Radu Muntean l’emporte pour un opus se penchant sur des relations mère-fille problématiques.

    Le Prix de la mise en scène, a été décerné à la Chilienne Dominga Sotomayor pour Tarde para morir jueven , évoquant trois adolescents, leur premier amour et leur peur au cours de l’été 1990 au Chili. Contre toute attente La Flor, métrage fleuve de 14 heures de l’Argentin Mariano LLinas est reparti bredouille. Enfin le Prix du public est allé sans surprise à BlaKkKlansman de Spike Lee.

    Succès pour Coincoin et la rétrospective McCarey

    La dernière du directeur artistique Carlo Chatrian, en partance pour la Berlinale, n’a pas atteint des sommets, en euphémisme, en ce qui concerne la compétition et la programmation sur la Piazza Grande. A part ou deux films comme L’ordre des médecins de David Roux, Un nemico che ti vuole bene de Denis Rabaglia, on retiendra avant tout le plébiscité BlaKkKkansman venu de la Croisette et le magistral Seven de David Fincher datant de 1995. Ainsi que les aventures jubilatoires de Coincoin et les Z’inhumains signées Bruno Dumont, et dont la sortie annoncée en salles a malheureusement été annulée.

    Cette mini-série a été bien suivie, à l'instar du point extrafort du Festival, la grande rétrospective Leo McCarey. Conçue par Roberto Turigliatto,  elle nous a permis de découvrir des joyaux dans les courts et longs métrages. Rappelons qu’elle sera accueillie en partie par la Cinémathèque suisse à Lausanne et les Cinémas du Grütli à Genève à la rentrée. A ne manquer sous aucun prétexte.

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