Festival de Locarno: le Léopard d'Or au Singapourien Yeo Siew Hua pour "A Land Imagined". Sitôt vu, sitôt oublié... (11/08/2018)
Comme d’habitude, le critique propose et le jury dispose… C’est ainsi que Le film A Land Imagined, du réalisateur singapourien Yeo Siew Hua, sitôt vu sitôt oublié étant donné son intérêt mineur, a reçu le Léopard d'or au 71e Festival de Locarno. Le film se déroule dans l'univers impitoyable des travailleurs immigrés trimant pour des clopinettes sur les gros chantiers de Singapour.
Après avoir noué une amitié virtuelle avec un mystérieux joueur, Wang, un maçon chinois est porté disparu. Un enquêteur doit découvrir la vérité pour le retrouver. On se perd rapidement et on s’ennuie aussi vite dans ce polar compliqué à l’intrigue inutilement tarabiscotée.
"M", documentaire choc primé
Heureusement, le jury a eu la bonne idée de donner un Prix spécial à M, le remarquable, bouleversant, nécessaire documentaire coup de poing de Yolande Zauberman, de retour sur grand écran. La réalisatrice française nous emmène dans un voyage en enfer en suivant un jeune homme violé dans son enfance par les rabbins et autres membres d’une communauté ultra-orthodoxe aux portes de Tel-Aviv.
Il a aussi daigné récompenser le réalisateur Sud-Coréen Hong Sang-soo par le biais du Prix d’interprétation à son acteur KI Joo bong for Gangbyun Hotel. (Voir nos notes élogieuses du 10 août pour ces deux films). Côté féminin Andra Guti, la comédienne d’Alice T. du Roumain Radu Muntean l’emporte pour un opus se penchant sur des relations mère-fille problématiques.
Le Prix de la mise en scène, a été décerné à la Chilienne Dominga Sotomayor pour Tarde para morir jueven , évoquant trois adolescents, leur premier amour et leur peur au cours de l’été 1990 au Chili. Contre toute attente La Flor, métrage fleuve de 14 heures de l’Argentin Mariano LLinas est reparti bredouille. Enfin le Prix du public est allé sans surprise à BlaKkKlansman de Spike Lee.
Succès pour Coincoin et la rétrospective McCarey
La dernière du directeur artistique Carlo Chatrian, en partance pour la Berlinale, n’a pas atteint des sommets, en euphémisme, en ce qui concerne la compétition et la programmation sur la Piazza Grande. A part ou deux films comme L’ordre des médecins de David Roux, Un nemico che ti vuole bene de Denis Rabaglia, on retiendra avant tout le plébiscité BlaKkKkansman venu de la Croisette et le magistral Seven de David Fincher datant de 1995. Ainsi que les aventures jubilatoires de Coincoin et les Z’inhumains signées Bruno Dumont, et dont la sortie annoncée en salles a malheureusement été annulée.
Cette mini-série a été bien suivie, à l'instar du point extrafort du Festival, la grande rétrospective Leo McCarey. Conçue par Roberto Turigliatto, elle nous a permis de découvrir des joyaux dans les courts et longs métrages. Rappelons qu’elle sera accueillie en partie par la Cinémathèque suisse à Lausanne et les Cinémas du Grütli à Genève à la rentrée. A ne manquer sous aucun prétexte.
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