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La griffe du léopard - Page 8

  • Festival de Locarno: Le "Paradis sale" de Mandico aura-t-il un "effet Titane" sur le jury?

    Après Les garçons sauvages (2017), Bertrand Mandico s’est fait attendre. Le voici en compétition locarnaise avec son fascinant deuxième long métrage After Blue (Paradis sale). Des communautés ont quitté la Terre pour une autre planète. Un monde qu’elles espèrent meilleur, sans informatique, sans machine, préconisant une osmose avec une nature où des plantes mystérieuses interagissant avec les humains. 

    Dans ce nouvel endroit également sans hommes, éliminés par un virus, les femmes sont inséminées pour donner la vie. C’est là que vit Roxy (appelée aussi Toxic),  remarquablement incarnée par Paula Luna Breitenfeld, une jeune actrice inconnue d’origine allemande. Roxy comment la fatale erreur de libérer une femme ensevelie sur une plage qui, à peine dégagée de sa prison de sable, abat froidement plusieurs personnes. 

    Roxy et sa mère Zora, tenues pour responsables du meurtre, sont bannies et condamnées à traquer la tueuse pour l’éliminer. En compagnie d’un cheval, elles sillonnent les lieux à sa recherche. Les deux femmes ont une trajectoire différente. Tandis que Zora s’empêtre dans un rapport communautaire, Roxy a tous les sens en éveil. Mais elles finissent par se retrouver, 

    Inspiré par un rêve de Fellini, Bertrand Mandico bouscule à nouveau toutes les normes, Il propose un western cosmique, futuriste, érotique, sensuel mais pas sexuel, formellement et visuellement exubérant, sur fond d’utopie biologique, de fable ésotérique. Un récit sombre dans l’ensemble, fourmillant d’étrangetés, tout en laissant de la place à l’humour absurde qu’affectionne son auteur. 

    Son double titre anglo-français est révélateur. After Blue, c’est le monde d’après la Terre et Paradis sale, un nouvel Eden inévitablement destiné à devenir un paradis perdu, dans la mesure où il y a des humains qui vont forcément le tacher, Cela dit, si Bertrand Mandico nous invite sur sa planète écolo sans hommes où les femmes sont inséminés, ce n’est pas du tout ainsi qu’il voit le monde de demain, explique-t-il en conférence de presse. 

    «Pour moi, c’est un jeu, J’ai imaginé des règles peu habituelles, en ouvrant mon histoire pour concevoir un univers singulier qui tienne la route. Je suis parti d’un western dont j’avais laissé le scénario de côté. Je l’ai repris en l’adaptant à ce que je suis aujourd’hui. Beaucoup plus baroque, Mon regard est celui d’un animal  qui regarde une espèce qu’il ne connaît pas». Tout cela va-t-il avoir un « effet Titane » sur le jury ?

    Soul Of A Beast, du Suisse Lorenz Merz

    On reste du côté des bêtes avec Lorenz Merz, seul Helvète en concours. Il opère un retour à Locarno avec Soul Of A Beast après son  premier film Cherry Pie en 2013. Dans la chaleur de l’été, on suit Gabriel (Pablo Caprez), un père adolescent qui tombe amoureux de Corey (Ella Rumpf) la petite amie de son meilleur ami.  Entre la volonté de prendre soin de son fils et son désir de suivre Corey au Guatemala, il nous entraîne dans un trip hallucinatoire (une dose de mescaline n’y est pas étrangère) à travers Zurich et son zoo.

    Créant un univers à l’aide d’effets spéciaux, assez captivant dans sa forme et sous influence japonaise dans son récit, le réalisateur livre une œuvre personnelle, physique, où il faut rentrer sans intellectualiser les choses ou se poser trop de questions. Bref, se laisser aller à la magie du cinéma.

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  • Festival de Locarno: "Petite Solange" marque la compétition et révèle une actrice

    La chasse au Léopard d’or ne fait que commencer, mais on a déjà un coup de cœur pour Petite Solange d’Axelle Ropert. Après La famille Wolberg (2009), Tirez la langue, Mademoiselle (2013), déjà en compétition à Locarno en 2016 avec La prunelle de mes yeux, la réalisatrice française propose cette fois le portrait d’une adolescente de 13 ans, un peu timide, fragile, mais gaie, enthousiaste, curieuse de tout. 

    Par ailleurs, elle adore ses parents. Mais tandis qu’ils viennent de fêter leurs vingt ans de mariage, ils se disputent et commencent à s’éloigner l’un de l’autre. La séparation menace. Pour Solange, c’est le coup de massue. Trop tendre, trop sentimentale, elle voit son monde idéal s’effondrer. Elle qui voudrait tant que l’amour dure toujours, va faire l’expérience de la douleur.  

    Axelle Ropert propose un joli film, simple et riche, moins léger qu’il n’y paraît, au parfum vintage et à la mise en scène rigoureuse de chaque situation. Une obsession pour la cinéaste qui avoue être allée piquer une idée dans Une étoiile est née de George Cukor... Petite Solange se déroule à Nantes avec un plus italien venant du temps où l'auteure regardait les longs métrages de Raffaello Matarazzo sur les enfants perdus. Sans oublier bien sûr L’incompris de Luigi Comencini. 

    Jade Springer, une découverte 

    L'oeuvre est portée par l’étonnante Jade Springer, une révélation de 14 ans qui séduit dès son apparition à l’image. Elle n’avait jamais joué mais, complètement liée à l’émotion du personnage sans toutefois aucune connivence autobiographique, elle s’en sort comme une pro. Face à elle ses parents incarnés par l’excellente Léa Drucker et l’inclassable Philippe Katerine. Amoureux du monde et des gens, sentant intensément les choses, il est en osmose parfaite avec cette très jeune fille à fleur de peau en proie à ses tourments intérieurs..

    «C’est le vieillissement qui m’a poussée à la  réalisation de cette histoire», confie Axelle Ropert. «A presque 50 ans j’avais envie de me pencher sur mon enfance, de montrer quelque chose que je n’avais pas perçu à l’époque. Il y a eu un grand bouleversement dans les familles, on commençait à divorcer. Ce que je raconte est d’une banalité totale. Mais c’est un sujet important, périlleux, délicat, évoquant des adultes qui se font du mal, qui aiment qui trahissent et qui font souffrir leur progéniture».

    Rose avec Françoise Fabian sur la Piazza Grande

    Toujours côté français, on est moins emballé par Rose, signé Aurélie Saada. Projeté sur la Piazza Grande, il se déroule dans le milieu juif tunisien de Paris. Rose, 78 ans, vient de perdre un mari quelle adorait. Mais quand l’amour de la vie et ses pulsions l’emportent sur son chagrin, l'équilibre de la famille et de ses trois enfants (Aure Atika, Grégory Montel et Damien Chapelle) en est complètement chamboulé

    Si le film peine à nous convaincre, on aime en revanche la solaire Françoise Fabian, 88 ans, immense figure du septième art hexagonal avec plus de 70 films à son actif. Elle nous émeut dans le rôle principal de cette vieille dame un rien indigne, qui se retrouve et se redéfinit femme entre l’institut de beauté et les bras de Pascal Elbé. S’émancipant ainsi de l’insupportable tutelle d’un fils installé chez elle à demeure et qui ne cesse de vouloir la contrôler.

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  • Festival de Locarno: "Beckett", chasse à l'homme sur fond de complot politico-mafieux

    Ouverture dans l’action du 74e Festival de Locarno avec Beckett thriller italo-brésilien de Fernandino Cito Filomarino, qui revient au Tessin 11 ans après Diarchy, Projeté sur la Piazza Grande, ce film Netflix qui sortira sur la plateforme le 13 août, commence par le batifolage amoureux d’un jeune couple américain en vacances en Grèce, formé de John David Washington et Alicia Vikander.

    Les deux touristes visitent ensuite quelques vestiges antiques dans les montagnes et reprennent la route, de nuit. Fatigué, Beckett s’endort au volant, la voiture s’envole et s’écrase dans une maison en contre-bas. Un accident aussi spectaculaire que tragique. Sa compagne meurt et il se réveille dans un lit d’hôpital. Anéanti par la nouvelle, il répond aux questions d’un policier du coin, lui disant notamment avoir vaguement vu une femme blonde avec un gamin aux cheveux roux.  

    Indication funeste. Soudainement le malheureux se retrouve mêlé à un redoutable complot politico-mafieux sur fond de kidnapping d’enfant, et devient la cible d’une impitoyable chasse à l’homme par les flics véreux déterminés à l’abattre. Complétement perdu, Beckett ne voit qu’une seule issue à ce cauchemar, gagner l’ambassade américaine pour demander de l’aide.

    Dans la surenchère 

    Alors il se met à courir. Mais les chemins pour y parvenir sont plus que tortueux. Et c’est là que si on avait pu par exemple imaginer une comparaison avec l’hitchcockien North By Northwest, l'opus malheureusement s’égare. Sans cesse dans la surenchère en sortant chaque fois son héros cabossé de partout, de manière façon hautement improbable de situations des plus invraisemblables, il gâche ce qui aurait pu être un excellent film. Il reste toutefois divertissant, même si John David Washington, en homme traqué constamment ahuri, séduit moins qu’en policier infiltrant le Ku klux Klan dans BlacKkKlansman de Spike Lee.

     

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