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La griffe du léopard - Page 5

  • Festival de Locarno: "Paradise Highway" sur la Piazza Grande. Un film d'action qui tient la route, avec Juliette Binoche au volant

    Depuis que son frère adoré (Frank Grillo) purge une peine de prison, Sally (Juliette Binoche), une camionneuse dure à cuire, accepte à contrecoeur de faire de la  contrebande de marchandises pour lui. Alors qu’il est sur le point de sortir, elle effectue ce qui est censé être un dernier travail.   

    Elle entame alors un voyage dangereux à travers les Etats-Unis pour se rendre compte qu’il s’agit en fait de livrer Leila (Hala Finley)une gamine de 11 ans, à des trafiquants sexuels. Face à cette abomination, Sally décide de la racheter. Parallèlement, deux agents du FBI (dont l’un campé par Morgan Freeman) se lancent à la poursuite du réseau, déterminés à sauver la fillette. 

    Dans une volonté de réalisme, la réalisatrice Anna Gutto a opéré une plongée dans le milieu des chauffeuses routières grâce à l’organisation Real Women In Trucking et à sa dirigeante Desiree Wood. S’inspirant de leur vie, de leur façon de s’entraider, elle propose, à l’exception de son dénouement, un captivant road movie d’action. Bien documenté, Il tient la route en brassant plusieurs thèmes, dont l’un des principaux réside dans le développement de la relation entre Sally et Leila, qui débute de façon particulièrement orageuse.   

    Les deux comédiennes sont irréprochables. Juliette Binoche, qui a véritablement appris à conduire un semi-remorque, se révèle très crédible en routière vieillissante, costaude, aguerrie, têtue et laconique, abîmée dans son enfance et qui a dû apprendre à se défendre. De son côté, Hala Finley, surprenante de maturité, se montre plus qu’à la hauteur dans le rôle de la maigrichonne Leila, à la fois terrorisée et rebelle, laissant deviner à travers son regard tout ce qu’elle déjà subi.

    Juliette Binoche raconte son expériemce

    On les a retrouvées en compagnie d’Anna Gutto à la conférence de presse. Chapeau noir à large bord, chemisette blanche, paraissant dix ans plus jeune avec dix kilos en moins que dans le film, Juliette Binoche raconte son expérience. "J’ai rencontré Desiree Wood. J’ai fait la route avec elle et j’ai eu le temps de lui poser des questions, de me rendre compte des dangers de ce métier, des heures interminables passées sur la route, de la malbouffe, de la nécessité de se montrer malignes pour se protéger, de ne pas avoir peur, se méfier des hommes. Certaines femmes ont été violées quand elles ont passé l’examen, qui prend beaucoup de temps, pour obtenir leur permis". 

    Juliette évoque bien sûr sa partition, la manière de toucher les spectateurs en se mettant au service d’un personnage de plus en lus grand. Elle parle des conditions éprouvantes, de la chaleur encore plus intense qu’ici, de la fatigue, des moustiques. Mais surtout elle évoque l’importance du travail d’équipe et ce qui l’a vraiment frappée : l’extrême générosité d’Hala, comme  tout ce qu’Anna a préparé seule avant le tournage.  

    Par ailleurs elle a fait une déclaration d’amour à Locarno. «C’est un grand festival qui me laisse des souveniirs extraordinaires et qui permet de découvrir des pépites». 

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  • Festival de Locarno: la compétition démarre bien, avec notamment "Bowling Saturne", de Patricia Mazuy

    Ayant souvent un peu de mal à exister entre la Piazza grande et la Réptrospective, la compétition locarnaise a bien démarré avec notamment deux métrages qui semblent déjà se dégager. On s’arrêtera plus particulièrement sur Bowling Saturne de Patricia Mazuy, qu’on peut qualifier d habituée du festival. En 1994 elle remportait un Léopard de bronze avec Travolta et moi, un épisode de la série Arte Tous les garçons et les filles de leur âge, et en 2011 invitait le public sous les étoiles avec Sport de filles, mettant en scène la gracieuse Marina Hands.

    Après Paul Sanchez est revenu, thriller de 2018 où Laurent Laffite se glisse dans la peau d’un criminel, la réalisatrice française reste dans la brutalité et la noirceur. A la mort de son père, Guillaume (Arieh Worthalter), commissaire de police ambitieux , hérite du bowling familial et le donne en gérance, pour l'aider,  à Quentin. son demi-frère (Achille Reggiani).   

    Un décision fatale. Quentin est un garçon marginal répudié par son père et sujet à de redoutables pulsions. Son comportement instable et sa gestion douteuse du lieu  perturbent Guillaume et l’empêchent de se consacrer véritablement à son enquête sordide sur une série d’horribles meurtres de jeunes femmes.

    Patrizia Mazuy propose un film d’une intensité tragique, marqué par une extrême violence, surtout dans une scène qui atteint son paroxysme au début de l’histoire. Il vous secoue en outre par sa vision noire de la réalité, son âpreté, son traitement aride, son manque total de rédemption et d’espoir. Il est parfaitement interprété par les deux protagonistes principaux.

    Réflexion sur la guerre aux accents métaphysiques 

    A noter également Naçao Valente du Portugais Carlos Conceiçao., situé en 1974, un an avant l’indépendance de l’Angola, dont le territoire est peu à peu reconquis par les séparatistes. peu à peu. Là encore, la violence s’invite dès l’ouverture. Tandis que des homes meurent et qu’une bonne sœur est chassée par les rebelles, une jeune Angolaise croise le chemin d’un jeune soldat portugais, qui la tue froidement après un accouplement ardent. On est sous le choc.. 

    Par ailleurs, Un peloton lusitanien barricadé à l'intérieur d'un mur devra en sortir, quand le passé ressurgit pour réclamer la justice tant attendue. Avec cet opus puisant aux accents métaphysiques et parfois surnaturels, Carlos Conceiçao livre, comme il le relève lui-même, une réflexion sur l’histoire, la guerre, la peur, la tyrannie. Une réflexion sur la nature cyclique du fascisme et la faćon dont il demeure une menace pour l’évolution. Cela vaut le détour.   

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  • 74e Festival de Locarno: l'Indonésien Edwin décroche le Léopard d'or

    Le cru locarnais 2021 a souri au réalisateur indonésien Edwin, cinéaste chéri des festivals européens, qui repart avec le Léopard d’or pour  Vengeance Is Mine, All Others Pay Cash. Situé dans la société machiste des années 1980, le film brosse le portrait d’un jeune voyou tourmenté par son impuissance qui, pour se venger, ne cesse de chercher la bagarre, y compris avec sa future femme. Et comme une bonne partie de l’opus consiste en une série longuette de tabassages en règle, on a un peu de mal à saisir le choix de lui offrir le précieux métal…

    Le prix spécial du jury est justement allé, lui, à A New Old Play, fresque grandiose et ludique du Chinois Qiu Jiongjong , évoquant 50 ans d’histoire tumultueuse de la Chine du XXe siècle. De son côté Abel Ferrara reçoit l'immérité prix de la mise en scène pour Zéros And Ones, tourné à Rome pendant la pandémie et où le héros va tenter de découvrir l’ennemi qui menace le monde. 

    Le prix de la meilleure actrice va à  Anastasiya  Krasovskaya pour Gerda de la Russe Natalya Kudryashhiva, tandis que celui du meilleur acteur est décerné ex-aequo à  Mohamed Mellali et Valero Escolar pour Sis dies Corrents de l’Espagnol Neus Ballus. Quant au Suisse Lorenz Merz (Soul Of A Beast) et l’Espagnol Chema Garcia Ibarra (Espiritu Sagrado), ils se voient remettre chacun une mention spéciale.

    Ce n’est rien de dire que nous ne partageons pratiquement aucun des goûts du jury. A part la médaille remportée par le Chinois Qiu Jiongjong et le lot de consolation décroché par Lorenz Merz, on n’aurait pas pu se tromper davantage dans nos pronostics. Il est vrai qu’ils servent surtout à rappeler les oeuvres que l'on a préférées, dans ce concours peu exaltant dans l’ensemble. 

    On regrette ainsi beaucoup que les Français comme notre  favori  Bertrand Mandico (After Blue/Paradis sale), ou Axelle Ropert (Petite Solange), soient repartis les mains vides, ou que le prix d’interprétation masculine ait récompensé deux acteurs d’un  long métrage calamiteux. Et enfin que l’abscons Zeros And Ones soit gratifié d’un prix pour la seule raison que son auteur s’appelle Abel Ferrara.  Un rien pathétique, cette soumission du jury… 

    Mais peu importe et vivement l’année prochaine, sans coronavirus, sans masque et autres mesures sanitaires, sans billetterie électronique! Un rêve qu’on espère voir devenir réalité dans la 75e édition, qui se tiendra du 3 au 13 août 2022.

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