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La griffe du léopard - Page 4

  • Festival de Locarno: "La voie royale", nouveau récit d'apprentissage de Frédéric Mermoud sur la Piazza Grande

    Après Complices et Moka, Frédéric Mermoud,  captivé par ce moment-clé où les jeunes doivent faire des choix qui vont définir leur existence et désireux de traiter à nouveau le sujet, revient avec La voie royale, un récit d’apprentissage qui a eu les honneurs de la Piazza Grande. Elève brillante passionnée par les mathématiques, Sophie Vasseur 18 ans, est poussée par son prof qui a perçu son potentiel, à quitter la modeste ferme familiale pour suivre à Lyon une classe préparatoire aux Grandes Ecoies, qui forment les futures élites françaises. 

    Au début, émerveillée, Sophie ne sait pas très exactement pourquoi elle veut rentrer dans cette filière, contrairement aux autres élèves qui ont plus ou moins tous déjà un plan. Car les barrières subsistent, Que se passe-t-il pour une fille d’èleveur qui n’a pas les codes, face à une certaine condescendance, voire moquerie  de la part de ses camarades et des enseignants ? Au fil de rencontres, d’échecs cuisants, face à une concurrence féroce, elle réalise que rien n’est jamais acquis et qu’elle va devoir se battre comme jamais pour trouver sa voie et atteindre son objectif: intégrer la prestigieuse Polytechnique

    On pourrait imaginer qu’il faille être calé en maths et en physique pour apprécier le film, mais ce n’est pas le cas. On suit, sans problème, sans  savoir comprendre ni résoudre de redoutables équations, le dur cheminement de Sophie vers l’excellence. Avec cette obligation de ne pas baisser les bras. De bosser comme une dingue tout en s’émancipant du formatage et en faisant preuve de créativité, pour relever un vrai défi d’ascension sociale. 

    Tout en évoquant la lutte des classes en évitant de tomber dans la caricature, Frédéric Mermoud raconte l’éveil de cette jeune fille sur différents plans, universitaire, sentimental, politique., mêlant sa quête d’identité à un désir de changer les choses de l’intérieur. Il est servi par l’interprétation impeccable de Suzanne Jouannet., vue dans Les choses humaines d’Yvan Attal .Solaire, spontanée, joyeuse, énergique, elle incarne une Sophie qui ne se pose jamais en victime en dépit de nombreux revers. 

    Elle forme avec Marie Colomb, personnage à qui au contraire tout réussit sansapparemment fournir le moindre effort, un joli duo aussi crédible que complice. Leur donne la réplique Maud Wyler, également parfaite dans le rôle de la prof, pur produit de cette culture. Dure, terriblement exigeante («je ne suis pas responsable d’une crèche»), elle  est du genre qui aime bien châtie bien. Et ne s’en prive pas. 

    Choisir d’aimer dans la chaleur de "La bella estate"

    Toujours sous les étoiles, l’Italienne Laura Luchetti nous a projeté dans le Turin de 1938. Ginia, 16 ans, vient  de quitter sa campagne et trouve du travail, dans un atelier de mode. En quête d’aventure, elle est captivée par le monde des artistes dans les quartiers bohèmes de la ville que lui fait découvrir la sulfureuse Amelia. Libre, provocante, un peu plus âgée et expérimentée, différente, elle sert de modèle aux peintres.

    Alors que Ginia tombe amoureuse de l’un d’eux dans sa volonté d’exister, d’être vue, Amelia lui offre une perspective différente sur la vie. Submergée par ses émotions, l’adolescente s’abandonne à son premier grand amour. dans son bel été Languissant, ce film qui se veut sensuel est vaguement inspiré par le roman de Cesare Pavese.. 

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  • Festival de Locarno: avec "Yannick", Quentin Dupieux donne dans un réalisme social déconcertant

    La course au Léopard d’or, souvent tacée de parent pauvre du festival devait prendre un envol dès le deuxième jour avec Quentin Dupieux, iconoclaste attendu du cinéma français.  Là il nous propose  un huis-clos tourné en six jours dans un théâtre parisien. On y  joue Le Cocu, un très mauvais vaudeville évoquant l’éternel trio ccnjugal. Les trois acteurs, Blanche Gardin, Pio Marmai et Sébastien Cassagne lâchent  paresseusement leurs répliques nazes devant une poignée de spectateurs très moyennement enthousiastes.
     
    Soudain l’un d’eux se dresse, ce qui ne se fait jamais  et interpelle directement les comédiens. Il s’appelle Yannick, est gardien de parking et a posé un jour de congé pour venir voir le spectacle de Melun, ce qui lui a bien pris une plombe.  Mais alors qu’il voulait juste se détendre en passant un bon moment, il est tellement dégoûté par les niaiseries débitées et le jeu débile des protagonistes qu’il les prend en otage, ainsi que le public. Interrompant ainsi le spectacle sous la menace de son pistolet. 
     
    Et pendant une heure Yannick tient à faire entendre son avis sur l’art, tout en écrivant une pièce de son cru. Dans la peau de ce marginal bizarre, inquiétant, déprimé, frustré, ignoré, nous balançant ses thèses carrément poujadiste, on découvre Raphaël Quenard (photo) Qualifié de révélation 2023 par la critique française, il se taille la part du lion avec son insolence, sa gouaille et son drôle de phrasé. 

    Comme toujours chez Quentin Dupieux, l’idée est excellente. Mais l’héritier d’un cinéma burlesque remanié à sa sauce qui nous a habitués à des farces aussi délirantes que féroces, flirte avec un réalisme social déconcertant. Ce qu’il avait plus ou moins déjà fait avec Le Daim et  Fumer fait tousser. Sauf que Yannick n'a pas la tenue de ces deux derniers métrages. Curieusement convenu, l’auteur semble ne pas trop savoir où aller, au fil d’un scénario assez peu inspiré, Et finit en quelque sorte à l’image de son personnage, par nous prend en otage. 

    Manga D’Terra, le musical de Basil da Cunha

    Autre prétendant à la médaille le Vaudois Basil da Cunha. Cet habitué de Locarno nous emmène une nouvelle fois dans le bidonville lisboète de Reboleira pour y tourner un musical qui n’aurait pu exister sans l’union de tout le quartier. Il raconte l’histoire de Rosalinda. Agée de 20 ans, elle a laissé ses deux enfants à sa mère dans son au Cap-Vert natal pour s’établir à Lisbonne en espérant leur offrir une meilleure vie.
     
    Très vite en butte aux violences quotidiennes de la police ou des caïds du coin, jetée à la rue, elle trouve un peu d’affection auprès des femmes de la communauté, Mais ce qui va vraiment la sauver, c’est la musique.
     
    Pour le cinéaste, débarqué avec toute une équipe qui a mis une chaude ambiance à la conférence de presse, ce film sur fond d’immigration est en quelque sorte le hors champ des précédents, surtout peuplé de garçons, Là Basil da Cunha donne la parole aux femmes, des battantes. Avec toujours le désir de fabriquer des mythes, mais sans cacher la réalité, 'auteur monte plus particulièrement celle de sa jeune héroïne. 

    Rosalinda n’a pratiquement personne pour la soutenir, mais sa force dont elle a si besoin pour survivre, lui permet de surmonter les obstacles, Elle est incarnée par la magnifique, savoureuse  et magnétique Eliana Rosa, chanteuse avant d’être actrice, venue au Portugal pour faire des études de théâtre. Elle a heureusement croisé la route de Basil da Cunha.

     

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  • Festival de Locarno: en route pour la 76e célébration du cinéma, avec 210 films au programme

    Le Festival de Locarno s’apprête à célébrer le cinéma du 2 au 12 août. Une 76 édition touchée par la grève des acteurs et scénaristes à Hollywoood. En effet, certaines personnalités attendue au Tessin ne feront pas le voyage, à l’image de l’acteur britanique Riz Ahmed, lauréat cette année de l’Excellence Award Davide Campari. 

    De son côté le comédien suédois Stellan Skarsgard, qui avait accepté le Leopard Club Award 2023 le 16 juin dernier, a décidé d’y  renoncer par solidarité. Il sera donc à Locarno uniquement pour présenter What Remains, le film de Ran Huang paru en 2022, proposé dans la section Fuori concorso.

    Par ailleurs, la coréalisatrice et actrice de Theater Camp Molly Gordon ainsi que les protagonistes Ben Platt et Noah Gavin ne seront pas présents à Locarno En revanche le coréalisateur Nick Lieberman.sera de la partie. Le festival discute également avec l’équipe de Shayda de Noora Niasari produit par Cate Blanchett pour délfinir les modalités de sa participation. 

    Compétition internationale

    Mais revenons au programme, toutes les projections étant confirmées. Comme d’habitude, il s’annonce copieux avec au total de 210 films montrés dans 11 sections, dont celle consacrée aux enfants. On commencera par la compétition internationale. Un jury présidé par le charismatique comédien français Christophe Lambert choisira le lauréat du Léopard d’or parmi les 17 films en lice, ainsi que les autres récompenses. A cet égard, dans la foulée de la Berlinale,  des prix d'interprétation non genrés seront décernés pour la première fois au Tessin. 

    Selon le directeur artistique Giona A. Nazzaro. cette 76e édition entend sonder les nouveaux champs de l'art cinématographique, tout en montrant "un spectre ample" du cinéma d'aujourd'hui. S’y croisent notamment  le Français Quentin Dupieux, le Philippin Lav Diaz, le Roumain Radu Jude, l’Ukrainienne Maryna Vroda. La Suisse est représentée par l’original Vaudois Basil Da Cunha avec Manga D'Terra.

    Un mot encore sur le volet Cinéastes du présent, une sélection compétitive de premiers ou seconds films réalisés par des talents émergents. On aura l’occasion de découvrir une quinzaine de métrages dont huit ont été réalisés par des femmes.

    Sur la Piazza Grande
     
    Pilier du festival, la prestigieuse place devrait accueillir chaque soir sous les étoiles quelque 8000 spectateurs. Leur sont offerts 17 œuvres, dont 9 premières mondiales. Alors que L’étoile filante de Dominique Abel et Fiona Godon fera l’ouverture, on mentionnera plus particulièrement Anatomnie d’une chute l’excellent film de Justine Triet, Palme d’or en mai dernier. Autre film en provenance de la Croisette The Old Oak de Ken Loach. A découvrir également Theater Camp et Shayda, cités plus haiut  Côté suisse Frédéric Mermoud propose La voie royale. A redécouvrir enfin aussi des classiques restaurés, La citta delle donne de Federico Fellini ou encore La Paloma de Daniel Schmid.
     
    Rétrospective mexicaine

    Pour ce cru 2023, Espectaculo a diario nous plonge dans la production  mexicaine des années 1940 à 1960, avec 36 opus à  se mettre sous la pupille, dont de nombreux inédits. Il s’agit d’une riche tradition de cinéma populaire qui passionne au Mexique, alors qu’il est méconnu ou rarement étudié à l’étranger. 

    La rétrospective est organisée par Olaf Möller, écrivain, programmateur et critique de cinéma, avec la participation de Roberto Turigliatto, également critique de cinéma,. Après ses débuts à Locarno, les oeuvres voyageront dans d’autres lieux avec l’aide de plusieurs institutions suisses et internationales.

    La dernière de Solari

    A signaler enfin qu’après 23 ans de présidence Marco Solari va quitter ses fonctions, souhaitant laisser les commandes à une nouvelle génération. Maja Hoffman, fondatrice de la Fondation LUMA, dédiée au soutien de la création artistique contemporaine, a été désignée pour lui succéder. 

    Festival de Locarno, du 2 au 12 août. 

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