La Piazza Grande après la Croisette où, en mai dernier, Quentin Tarantino était carrément attendu comme le Messie. Malheureusement pour lui, Once Upon A Time… In Hollywood, événement le plus médiatique et le plus populaire du Festival de Cannes, ne lui avait pas permis de toucher au miracle, vingt-cinq ans après Pulp Fiction qui lui avait valu la Palme d’or.
Le réalisateur revisite une période mythique, en rendant un vibrant hommage à l’âge d’or de la pellicule. Il aborde cette époque révolue en compagnie de Rick Dalton (Leonardo DiCaprio), cow-boy star de la télévision qui a du mal à trouver sa place avec la nouvelle ère qui s'ouvre dans la Mecque du cinéma, et de sa doublure de toujours, le cascadeur Cliff Booth (Brad Pitt), qui lui sert aussi d’homme à tout faire.
Perdu, déprimé dans un monde qui change et annonce son déclin, le premier lutte pour avoir un rôle de plus, mais doit se contenter de partitions secondaires, tandis que le second, cool, qui vit à ses crochets, affiche une belle décontraction et se sent en paix avec lui-même. Au top, les deux comédiens ont eu beaucoup de plaisir à travailler ensemble, comme ils l’avaient d’ailleurs déclaré lors de la conférence de presse, Pitt le séducteur s’amusant à voler la vedette à DiCaprio.
Fasciné par l’assassinat de Sharon Tate
Ce l(trop) long film (2h45), ambitieux, triste, drôle, entre lettre d'amour, voyage nostalgique, western, comédie et analyse sommaire, voire paresseuse, de la prise de pouvoir du petit écran sur le grand, réserve des moments éblouissants mais aussi de grands tunnels, d'où son côté un peu décevant.
L’intrigue se déroule en 1969, l'année de la mort de Sharon Tate (Margot Robbie), starlette montante et femme enceinte de Roman Polanski, assassinée par la secte Manson, dont Tarantino esquisse la vie avec une visite au ranch de la famille maudite.
Ce fait divers tragique, marquant pour toute une génération et qui constitue la deuxième partie de l’opus, fascine Quentin Tarantino, qui nous emmène jusqu’à cette nuit fatale. «J'ai entrepris beaucoup de recherches. Mais plus on en lit sur le sujet, moins on comprend comment un tel acte a pu se produire. D'où mon attirance.», explique-t-il. On n'en reste pas moins dubitatif, sinon plus, en ce qui concerne le final, climax explosif cher à Tarantino, qui néglige la véracité du drame.
La version cinéma ne serait toutefois pas la vision finale de l’auteur. Il proposerait un montage plus long, comprenant des scènes coupées. Le tout diffusé en épisodes sur Netflix.
Film à l’affiche dans les salles de Suisse dès mercredi 14 août.