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Cinéfil - Page 30

  • Festival de Cannes: Terrence Malick Palme d'Or, comme prévu

    Une bonne demi-douzaine de films pouvaient prétendre cette année à la Palme d’Or. Sauf qu’elle était destinée à Terrence Malick depuis la sélection de L’arbre de vie (The Tree Of  Life) en compétition. Le maestro l’a donc logiquement obtenue lors de la cérémonie de clôture de la 64e édition du Festival de Cannes présidée par la charmante Mélanie Laurent. Le cinéaste n’a bien entendu pas daigné venir la chercher.

     

    Malick tourne autour d’un tragique événement  familial dans le Texas des années 50 pour nous emmener dans un trip halluciné et hallucinant. Une Odyssée 2011 où l’auteur questionne la vie, l’origine du monde, l’histoire de l’humanité, tout en filmant la nature et ses éléments déchaînés. Une symphonie poético-délirante formellement parfaite avec de belles images. Mais bon… En l'occurrrence, le jury a plutôt décidé de consacrer l'icône que son oeuvre.

     

    De nombreux critiques avaient audacieusement prévu la chose… Ce n’était toutefois pas mon choix, comme le reste du palmarès d’ailleurs, à une exception près. Mais peu importe. Et en gros beaucoup de films cités dans ma chronique précédente se retrouvent primés, plus ou moins dans le désordre.

     

    Un double Grand Prix

     

    Outre la Palme, Robert De Niro et ses "champignons" (comme il a appelé comiquement ses "compagnons" dans un français balbutiant)ont décerné leur Grand Prix à deux films: Le gamin au vélo des frères Dardenne  qui font quand même l’événement dans la mesure où ils n’ont jamais quitté la compétition cannoise sans une médaille. L’autre a été remporté par Il était une fois l’Anatolie, du Turc Nuri Bilge Ceylan, dernier prétendant en lice. Pendant près de 2h30 la police judiciaire et deux suspects recherchent, au milieu des steppes, le corps de la victime d’un meurtre. Dur, dur pour les non cinéphiles.

     

    Presque une surprise, le Prix de la mise en scène a été décerné au Danois Nicolas Winding Refn, pour Drive, l’histoire d’un cascadeur, pilote hors pair au service de la mafia la nuit. Jusqu’au jour où  un braquage tourne mal et l’entraîne dans une poursuite infernale avec meurtres à la clé. L’auteur le mérite, tout comme Maïwenn, qui décroche le Prix du jury avec Polisse, immersion brutale et passionnante chez les flics de la Brigade des mineurs. J’espère que la réalisatrice en larmes a retrouvé sa respiration.

     

    Un petit et un gros couac

     

    Les candidats se bousculaient au portillon pour l’interprétation masculin. C’est Jean Dujardin qui l’a reçu des mains de Catherine Deneuve,  pour son excellente prestation dans le muet en noir et blanc de Michel Hazanavicius The Artist. Sa joie faisait plaisir à voir « On m’a dit d’en profiter, j’en profite. Merci Michel, depuis que je tourne avec toi, je ne fais que des films de gosse où je m’éclate…»

     

    Côté féminin, la médaille est allée à Kirsten Dunst, l’une des deux héroïnes de Melancholia, de Lars Von Trier. Tant mieux pour elle, mais j’avoue regretter infiniment qu’il ait échappé à Tilda Swinton, formidable interprète d’Eva, la femme qui n’aime pas son enfant dans We Need To Talk About Kevin.

     

    Question couac, il est vrai qu’il y a eu nettement pire. Il a fallu que l’Israélien Joseph Cedar rafle le prix du scénario grâce à Footnote, le film le plus mauvais et le plus ennuyeux du concours, avec un père et son fils qui s’affrontent autour de l’enseignement du Talmud. A croire que le jury voulait en quelque sorte réparer les inqualifiables propos antisémites du trublion danois. C’est d’autant plus rageant qu’Aki Kaurismäki ou Pedro Almodovar sont repartis les mains vides.

     

    Vingt-deux, voilà les femmes!

     

    Deux mots encore pour clore cette édition, piratée par le crapoteux épisode de New York Unité spéciale avec DSK dans le rôle principal, jusqu’à ce que Lars Von Trier fasse des siennes. Et réussisse à devenir, avec son faible pour Hitler et sa détestation d’Israël,  le premier excommunié de la Croisette.

     

    Un record donc. Dans le genre pourtant, il y a beaucoup mieux: le nombre de femmes derrière la caméra. Sur les 86 longs-métrages proposés toutes sections confondues, elles étaient vingt-deux, dont quatre dans la plus prestigieuse, la compétition. Jamais elles n’ont été aussi représentées. Pourvu que ça dure.

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  • Festival de Cannes: à qui la Palme d'Or 2011?

    Dernière célébrité à attirer la grande foule sur la Croisette, Sean Penn. Alors que Terrence Malick lui avait réservé un rôle mineur dans L’arbre de vie, il porte sur ses épaules le film de Paolo Sorrentino, This Must Be the Place, un titre tiré d’une chanson des Talking Heads.

    Deuxième réalisateur italien en compétition avec Nanni Moretti, Sorrentino a choisi Sean Penn pour incarner une ex-star du rock au bout du rouleau et au bord de la déprime. Looké Robert Smith des Cure mâtiné de Marilyn Manson, le comédien maquillé à outrance, coiffé pétard, affligé d’une sciatique, d’une démarche traînante de petit vieux et d’une voix atone de bébé , Cheyenne a tout de l’ectoplasme sous sédatif.

    A la faveur d’une traque au bourreau nazi de son père qui vient de mourir, il entreprend un voyage à travers les Etats-Unis. Périple en forme de réparation de l’humiliation paternelle qui le fera enfin parvenir à l’âge adulte. Insolite, parfois drôle, ce road-movie n’est toutefois pas de nature à changer les pronostics des critiques. On ne voit pas non plus les deux derniers films encore en concours bouleverser la donne.

    Entre Terrence Malick, Aki Kaurismäki et les Dardenne

    Si l’on considère le nombre de palmes distribuées par la presse tricolore dans «Le film français», c’est L’arbre de vie de Terrence Malick qui décroche la timbale avec une demi-douzaine d’entre elles. The Artist, le muet en noir et blanc de Michel Hazanavicius en récolte cinq, tandis que Polisse de Maïwenn en obtient quatre.

    Au-delà de ce trio de tête, on trouve Le gamin au vélo des frères Dardenne, Le Havre d’Aki Kaurismäki, ainsi qu’ex-aequo La Piel que habito de Pedro Almodovar et Melancholia de Lars Von Trier. Celui qui divise le plus, provoquant autant d'admiration que de détestation, c'est Drive, du Danois Nicolas Winding Refn. Qui a par ailleurs taclé son compatriote Lars Von Trier pour ses propos "inacceptables". A l'actif de l'opus montrant un jeune solitaire qui joue au cascadeur le jour et pilote son bolide la nuit pour des truands, une mise en scène vrtuose et le comédien Ryan Gosling. Sulfureux, il rappelle un peu Steve McQueen et Clint Eastwood. A son débit, de complaisantes explosions d'une rare violence.

    On touille un peu l’ensemble pour retrouver plus ou moins les mêmes dans la revue «Screen», qui regroupe les avis de la presse internationale. Nous avons donc Le Havre en tête, talonné par Le gamin au vélo, puis à égalité The Artist et L’arbre de vie précédant Melancholia et We Need To Talk About Kevin de Lynne Ramsey. Le mal aimé c’est L’Apollonide, souvenirs de la maison close, de Bertrand Bonello.

    Mon palmarès complet

    Des pronostics que je partage. Mais voici mes favoris pour les différents prix :
    Palme d’Or : Le gamin au vélo des frères Dardenne
    Grand prix du jury: Le Havre d’Aki Kaurismäki
    Mise en scène: Melancholia, de Lars Von trier
    Scénario: La piel que habito, de Pedro Almodovar
    Prix du jury: ex-aequo Polisse de Maïwenn et The Artist de Michel Hazanavicius
    Interprétation masculine: Thomas Doret dans Le gamin au vélo
    Interpréptation féminine: Tilda Swinton dans We need To Talk About Kevin

    Le président Robert De Niro et ses complices nous donneront-ils raison? Rien n'est moins sûr. Comme on dit dans ces cas-là, le critique propose et le jury dispose. Verdict dimanche soir.

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  • Festival de Cannes: Almodovar de retour avec Banderas

    Déclaré persona non grata au Festival, Lars Von Trier a été prié de boucler ses valises suite à ses propos antisémites jugés «inqualifiables». Son film Melancholia reste en lice pour la Palme d’Or mais au cas où il recevrait un prix, le trublion danois ne pourrait venir le chercher sur scène dimanche soir.

     

    Pendant ce temps, Pedro Almodovar, pour la cinquième fois sur la Croisette, présentait en compétition La piel que habito (La peau que j’habite). Adaptant très librement un roman de Thierry Jonquet lu il y a une dizaine d’années, le cinéaste montre un chirurgien esthétique  devenu fou suite à la mort de sa femme, et qui se venge du garçon qui a violé sa fille en le soumettant à ses délires du scalpel. Pour ne pas dévoiler l’intrigue plus avant, on dira simplement que mêlant art et science, elle évoque le transfert de gênes.

     

    Après la comédie et le mélodrame, Almodovar investit pour la première fois le thriller, qui correspond à sa vie actuelle. Mais avec son habitude de réinventer et de revisiter des univers pour se les approprier, il s’amuse à bousculer les règles et les codes du genre et fait sa cuisine à lui, dans un style un peu indéfini.

     

    Déployant des trésors d’imagination, soignant aussi bien la construction, l’esthétique et les décors que le grain de peau de la sublime Elena Ayana découverte dans Parle avec elle, ce 18e opus marque les retrouvailles de l’auteur avec Marisa Paredes, l’une de ses actrices fétiche. Et surtout avec Antonio Banderas, vingt-deux ans après Attache-moi. Plus séduisant que jamais, le comédien est parfait en psychopathe cliniquement glaçant, personnage extrême ne manifestant aucune empathie pour la douleur des autres.

     

    Titillé au début par l’idée, rapidement abandonnée, de tourner un muet en noir et blanc à la Fritz Lang, Almodovar dit avoir été en revanche clairement influencé par Les Yeux sans visage du Français Georges Franju (1959). Mais sans le côté fantastique. «On est déjà dans la réalité avec les expériences transgéniques et le décodage du génome humain, des travaux heureusement encadrés par les lois sur la bioéthique. Mon frère et moi avons fait de nombreuses recherches sur la fabrication de la peau artificielle».

     

    Avec un tel sujet porté par un maniaque de l’incision, on pouvait craindre des flots d’hémoglobine. Ce n’est pas le cas. Pour Almodovar, l’important, c’était avant tout de maintenir le suspense. «Je ne voulais pas de spectacle gore et brutal. Les gens comprennent ce qui se passe sans que je sang coule».

     

    Antonio Banderas: «Merci Pedro»

     

    Visiblement ému, Antonio Banderas a tenu à rendre hommage à son réalisateur. «Ce film m’a fait réfléchir sur la création, rendue possible dans l’espace sans complaisance qui nous est laissée. J’ai travaillé ce rôle à l’économie pour intérioriser mes sentiments. Sans grands gestes inutiles. On découvre à quel point le personnage est névrosé au fur et à mesure du déroulement de l’histoire. Pedro m’a interdit de sourire et d’aller là où je vais d’habitude. Je l’en remercie aujourd’hui».

     

    L’acteur se déclare également reconnaissant de la place qu’occupe le cinéaste dans sa vie. «Il a fait mon éducation artistique. Revenir vers lui c’était aussi retrouver mes racines, Marisa et toute cette génération qui représente l’avenir du cinéma espagnol».

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