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Festival de Cannes: Almodovar de retour avec Banderas

Déclaré persona non grata au Festival, Lars Von Trier a été prié de boucler ses valises suite à ses propos antisémites jugés «inqualifiables». Son film Melancholia reste en lice pour la Palme d’Or mais au cas où il recevrait un prix, le trublion danois ne pourrait venir le chercher sur scène dimanche soir.

 

Pendant ce temps, Pedro Almodovar, pour la cinquième fois sur la Croisette, présentait en compétition La piel que habito (La peau que j’habite). Adaptant très librement un roman de Thierry Jonquet lu il y a une dizaine d’années, le cinéaste montre un chirurgien esthétique  devenu fou suite à la mort de sa femme, et qui se venge du garçon qui a violé sa fille en le soumettant à ses délires du scalpel. Pour ne pas dévoiler l’intrigue plus avant, on dira simplement que mêlant art et science, elle évoque le transfert de gênes.

 

Après la comédie et le mélodrame, Almodovar investit pour la première fois le thriller, qui correspond à sa vie actuelle. Mais avec son habitude de réinventer et de revisiter des univers pour se les approprier, il s’amuse à bousculer les règles et les codes du genre et fait sa cuisine à lui, dans un style un peu indéfini.

 

Déployant des trésors d’imagination, soignant aussi bien la construction, l’esthétique et les décors que le grain de peau de la sublime Elena Ayana découverte dans Parle avec elle, ce 18e opus marque les retrouvailles de l’auteur avec Marisa Paredes, l’une de ses actrices fétiche. Et surtout avec Antonio Banderas, vingt-deux ans après Attache-moi. Plus séduisant que jamais, le comédien est parfait en psychopathe cliniquement glaçant, personnage extrême ne manifestant aucune empathie pour la douleur des autres.

 

Titillé au début par l’idée, rapidement abandonnée, de tourner un muet en noir et blanc à la Fritz Lang, Almodovar dit avoir été en revanche clairement influencé par Les Yeux sans visage du Français Georges Franju (1959). Mais sans le côté fantastique. «On est déjà dans la réalité avec les expériences transgéniques et le décodage du génome humain, des travaux heureusement encadrés par les lois sur la bioéthique. Mon frère et moi avons fait de nombreuses recherches sur la fabrication de la peau artificielle».

 

Avec un tel sujet porté par un maniaque de l’incision, on pouvait craindre des flots d’hémoglobine. Ce n’est pas le cas. Pour Almodovar, l’important, c’était avant tout de maintenir le suspense. «Je ne voulais pas de spectacle gore et brutal. Les gens comprennent ce qui se passe sans que je sang coule».

 

Antonio Banderas: «Merci Pedro»

 

Visiblement ému, Antonio Banderas a tenu à rendre hommage à son réalisateur. «Ce film m’a fait réfléchir sur la création, rendue possible dans l’espace sans complaisance qui nous est laissée. J’ai travaillé ce rôle à l’économie pour intérioriser mes sentiments. Sans grands gestes inutiles. On découvre à quel point le personnage est névrosé au fur et à mesure du déroulement de l’histoire. Pedro m’a interdit de sourire et d’aller là où je vais d’habitude. Je l’en remercie aujourd’hui».

 

L’acteur se déclare également reconnaissant de la place qu’occupe le cinéaste dans sa vie. «Il a fait mon éducation artistique. Revenir vers lui c’était aussi retrouver mes racines, Marisa et toute cette génération qui représente l’avenir du cinéma espagnol».

Lien permanent Catégories : Cinéfil

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