Dernière célébrité à attirer la grande foule sur la Croisette, Sean Penn. Alors que Terrence Malick lui avait réservé un rôle mineur dans L’arbre de vie, il porte sur ses épaules le film de Paolo Sorrentino, This Must Be the Place, un titre tiré d’une chanson des Talking Heads.
Deuxième réalisateur italien en compétition avec Nanni Moretti, Sorrentino a choisi Sean Penn pour incarner une ex-star du rock au bout du rouleau et au bord de la déprime. Looké Robert Smith des Cure mâtiné de Marilyn Manson, le comédien maquillé à outrance, coiffé pétard, affligé d’une sciatique, d’une démarche traînante de petit vieux et d’une voix atone de bébé , Cheyenne a tout de l’ectoplasme sous sédatif.
A la faveur d’une traque au bourreau nazi de son père qui vient de mourir, il entreprend un voyage à travers les Etats-Unis. Périple en forme de réparation de l’humiliation paternelle qui le fera enfin parvenir à l’âge adulte. Insolite, parfois drôle, ce road-movie n’est toutefois pas de nature à changer les pronostics des critiques. On ne voit pas non plus les deux derniers films encore en concours bouleverser la donne.
Entre Terrence Malick, Aki Kaurismäki et les Dardenne
Si l’on considère le nombre de palmes distribuées par la presse tricolore dans «Le film français», c’est L’arbre de vie de Terrence Malick qui décroche la timbale avec une demi-douzaine d’entre elles. The Artist, le muet en noir et blanc de Michel Hazanavicius en récolte cinq, tandis que Polisse de Maïwenn en obtient quatre.
Au-delà de ce trio de tête, on trouve Le gamin au vélo des frères Dardenne, Le Havre d’Aki Kaurismäki, ainsi qu’ex-aequo La Piel que habito de Pedro Almodovar et Melancholia de Lars Von Trier. Celui qui divise le plus, provoquant autant d'admiration que de détestation, c'est Drive, du Danois Nicolas Winding Refn. Qui a par ailleurs taclé son compatriote Lars Von Trier pour ses propos "inacceptables". A l'actif de l'opus montrant un jeune solitaire qui joue au cascadeur le jour et pilote son bolide la nuit pour des truands, une mise en scène vrtuose et le comédien Ryan Gosling. Sulfureux, il rappelle un peu Steve McQueen et Clint Eastwood. A son débit, de complaisantes explosions d'une rare violence.
On touille un peu l’ensemble pour retrouver plus ou moins les mêmes dans la revue «Screen», qui regroupe les avis de la presse internationale. Nous avons donc Le Havre en tête, talonné par Le gamin au vélo, puis à égalité The Artist et L’arbre de vie précédant Melancholia et We Need To Talk About Kevin de Lynne Ramsey. Le mal aimé c’est L’Apollonide, souvenirs de la maison close, de Bertrand Bonello.
Mon palmarès complet
Des pronostics que je partage. Mais voici mes favoris pour les différents prix :
Palme d’Or : Le gamin au vélo des frères Dardenne
Grand prix du jury: Le Havre d’Aki Kaurismäki
Mise en scène: Melancholia, de Lars Von trier
Scénario: La piel que habito, de Pedro Almodovar
Prix du jury: ex-aequo Polisse de Maïwenn et The Artist de Michel Hazanavicius
Interprétation masculine: Thomas Doret dans Le gamin au vélo
Interpréptation féminine: Tilda Swinton dans We need To Talk About Kevin
Le président Robert De Niro et ses complices nous donneront-ils raison? Rien n'est moins sûr. Comme on dit dans ces cas-là, le critique propose et le jury dispose. Verdict dimanche soir.