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Cinéfil - Page 33

  • Festival de Cannes: Woody aime Paris et on aime Allen

    Comme prévu, Woody Allen a rameuté la grande foule sur la Croisette en ouvrant le festival. Mais au moins ne se sera-t-on pas fait écraser les orteils pour rien. Ce qu’on eût pu craindre avec les mystères et les rumeurs autour de l’œuvre depuis le premier tour de manivelle, la nouvelle de la participation de Carla Bruni, de son retrait du générique, de sa présence puis de son absence à Cannes.

    Mais on oublie tout ça en découvrant Minuit à Paris le dernier-né très réussi du plus célèbre des New-Yorkais. Un début façon carte postale inquiète un brin, mais c’est pour mieux nous surprendre et nous séduire en offrant à la Ville-lumière, une déclaration d’amour teintée d’admiration, de respect et de dérision. Voilà qui donne une comédie irrésistible, subtile et très enlevée que les spectateurs du monde entier découvrent en même temps, selon les désirs du maestro, que les festivaliers.

    En voyage pré-nuptial dans la Ville-lumière avec sa pimbêche de fiancée, Gil Pender, scénariste américain à succès, rêve d’une autre vie. Et veut écrire un roman dans la lignée des idoles de sa jeunesse. C’est ainsi que se mettent à resurgir de prestigieux fantômes des années vingt, pour lui l’âge d’or.

    Un voyage dans le temps

    Woody Allen nous emmène alors dans un va et vient entre deux époques. Le présent où on croise l’espace de trois plans Carla Bruni en guide du musée Rodin et ce passé fantasmatique qui fait rêver Gil. Et dans lequel ce poète idéaliste et nostalgique plonge chaque soir avec délices dès les douze coups de minuit.

    Il y rencontre Hemingway, plaisante avec Scott et Zelda Fitzgerald, montre son manuscrit à Gertrude Stein, s’amuse des pitreries de Dali, séduit la muse de Picasso, suggère une idée de film à Bunuel et écoute la musique de Cole Porter. Autant de personnages dont Woody Allen brosse de savoureux portraits, écrivant pour eux des dialogues non pas profonds, mais humoristiques et légers.

    Cette vision subjective d’un Paris que le cinéaste adore par tous les temps, surtout quand il pleut, est soutenue par d’excellents comédiens, à commencer par Owen Wilson en Californien cool et relax, tout le contrôle d’un intello de la Côte Est et la belle Rachel McAdams, parfaite en redoutable peste. A leurs côtés, Marion Cotillard joue les ensorceleuse, Adrien Brody se révèle plus surréaliste que Dali et Michael Sheen pédant à souhait.

    Une pointe de morale


    Enveloppé de couleurs chaudes, Minuit à Paris est empreint d’insouciance, de romantisme, d’un zeste de gravité et d’une pointe de morale. «Croire que c’était mieux avant est un leurre», déclarait le cinéaste à la conférence de presse. Le passé a l’air séduisant quand vous y pensez, mais vous n’en retenez que les bonnes choses. Alors qu’il n’y avait pas ni novocaïne, ni air conditionné…»

    Lors des nombreuses questions sur sa manière d‘écrire, de voir, de diriger, de choisir ses acteurs, est évidemment venue sur le tapis celle qui brûlait toutes les lèvres: Pourquoi Carla Bruni? «A l’occasion d’un petit-déjeuner avec Nicolas Sarkozy, elle a traversé la pièce. Je l’ai trouvée belle, charismatique et je lui ai demandé si elle voulait jouer dans mon film. En ajoutant que cela ne lui prendrait pas trop de temps. Elle m’a répondu oui et que ça lui plairait de le raconter plus tard à ses petits-enfants.»

    Woody Allen la juge bonne actrice, très naturelle. «C’est normal, ce n’est pas une avocate. Elle vient du showbiz et a tenu avec grâce un rôle qui l’a beaucoup amusée».

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  • Festival de Cannes: en attendant Woody Allen

    La Croisette frémit avant les encombrements, le Palais est encore en chantier,  les touristes commencent à prendre position aux abords des célèbres marches, les photographes campent déjà devant le Majestic tous objectifs dehors. Et sur la terrasse du cinq étoiles, il faut se délester de 25 euros sans le pourboire pour une coupe de champagne. L’un des signes les plus tangibles que le 64e Festival de Cannes est lancé. Dans les restos de luxe du genre, la courgette atteint le prix du caviar. Quand au caviar, mieux vaut ne pas y penser…

     

    Côté pellicule, l’impatience croit en vue d’un cru 2011 qui s’annonce des plus relevés. Particulièrement en compétition avec les plus grands auteurs actuels comme Nanni Moretti, Pedro Almodovar, Terrence Malick, les frères Dardenne, Lars von Trier, Alain Cavalier ou Aki Kaurismäki. Sans oublier le record historique de quatre réalisatrices en lice pour la Palme d’Or.

     

    Le tout est évidemment assaisonné d’une pluie de stars planétaires à voir devant la caméra et sur tapis rouge. A commencer par le président du jury Robert De Niro. Et bien sûr Woody Allen qui va faire l’ouverture avec le fameux et ô combien mystérieux Minuit à Paris. Car en principe personne ne l’a vu. Et les spectateurs de Genève à Londres en passant par Berlin pourront se croire à Cannes mercredi soir, puisqu’ils le découvriront en même temps que les festivaliers dans le plus prestigieux des auditoriums.

     

    A en juger par le dossier de presse, ce film est une déclaration d‘amour à la capitale française, qui a séduit  le grand réalisateur à l’époque du tournage de Quoi de neuf Pussycat en 1965. Il considère même qu’elle est la plus belle ville du monde, à égalité avec New York. Et celui qui a longtemps rechigné à quitter son nid, a été jusqu’à déclarer que s’il n’habitait pas Big Apple, il vivrait à Paris.

    L’histoire évoque deux jeunes Américains, Gil un scénariste hollywoodien et sa fiancée Inez qui doivent se marier en automne. Avant de convoler, ils se rendent pour quelques jours dans la Ville-lumière.La magie ne tarde pas à opérer sur l’écrivain, qui aspire à une autre vie que la sienne.

     

    L’opus sera-t-il à la hauteur de l’attente fébrile? A juger sur pièce. Toujours est-il qu’au casting on retrouve Kathy Bates, Adrien Brody, Marion Cotillard, Rachel Mc Adams, Owen Wilson, Michael Sheen, Léa Seydoux. Et Carla Bruni, qui a donc renoncé à participer au raout avec les autres comédiens pour des raisons personnelles et professionnelles. Elle le regrette infiniment. Moi un peu moins je l'avoue. Simplement s’assurer d’un fauteuil pour admirer la chose suffira largement à rendre les journalistes à l’état sauvage. A n'en pas douter, gros pilonnage de doigts de pieds en perspective!    

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  • Un jury audacieux pour une première Palme d'Or thaïlandaise

    J’en avais émis l’hypothèse sans trop y croire. Et pourtant, ça y est. L’ovni d’Apichatpong Weerasethakul a décroché la première Palme d’Or thaïlandaise, face à l’ennuyeux «Another Year» de Mike Leigh, encensé par la critique, mais seul  hyperfavori finalement reparti les mains vides. Preuve qu’il fallait faire davantage confiance à l’audacieux Tim Burton.

    Logique dans le fond. Le cinéaste qui nous a enchantés  avec «Edward aux mains d’argent» ne pouvait qu’être sensible aux scènes parfois délirantes du beau, surnaturel et poétique «Oncle Boonmee celui qui se souvient de ses vies antérieures» . Le genre d’opus exigeant et non commercial qu’on s’attend à découvrir dans le plus important festival de cinéma du monde. Cannes avait d’ailleurs déjà donné un prix à Weerasethakul en 2004 pour «Tropical Malady». Reste désormais à espérer qu’ "Oncle Boonmee »  délie le portemonnaie des acheteurs…

    Autre première avec le prix du jury attribué au Tchadien Mahamat-Saleh Haroun pour "Un homme qui crie". Dans un pays dévasté par la guerre civile, le réalisateur évoque la relation père-fils en plein conflit. Une fable intemporelle et universelle à la mise en scène épurée.

    Binoche, Beauvois, Amalric, les Français cartonnent

    Le reste du palmarès est conforme aux prévisions.  «Des hommes et des dieux» de Xavier Beauvois, racontant les derniers jours de sept moines trappistes français massacrés en Algérie en 1996, a obtenu le Grand Prix du jury. L’auteur n’en revenait toujours pas une demi-heure après. « C’est un tel bonheur que je vais vous dire n’importe quoi. Je ne suis pas dans mon état normal. J’ai peur de me réveiller… »

    Quant à «Biutiful» d’Alejandro Gonzales Inarritu, également dans les préférés, il est récompensé à travers Javier Bardem, sacré meilleur acteur. Ex-aequo et j'en suis ravie, l’Italien Elio Germano pour «La Nostra Vita» de Daniele Luchetti. Détruit par la mort de sa femme, Claudio va rageusement affronter l’injustice intime et sociale qui le touche.  Elio Germano a dédié son prix à l’Italie et aux Italiens qui font tout pour améliorer le pays malgré la classe dirigeante. Berlusconi ne lui dit pas merci…

    Côté féminin, c’était  du tout cuit pour Juliette Binoche, juste menacée par Lesley Manville, l’héroïne dépressive et hystérique de Mike Leigh. Emue aux larmes,  comme toujours, l’actrice française de «Copie conforme» réalisé par Abbas Kiarostami a affirmé croire à l’amour, remercié du fond du cœur les hommes qui l’ont aimée et su la supporter, avant de montrer une pancarte au nom de Jafar Panahi, le cinéaste emprisonné en Iran.

    J’avais aussi un peu misé sur le délicat "Poetry" de  Lee Chang-dong et sa craquante mamie passionnée de vers. Il emporte le prix du scénario. Enfin, Mathieu Amalric, que j’avais oublié dans mes pronostics en raison de son passage en tout début de festival, a gagné celui de la mise en scène pour «Tournée». Derrière et devant la caméra, il revisite l’univers du striptease avec des filles aussi déjantées que plantureuses et décomplexées. Un spectacle «new burlesque extravagant» qui devait à l’évidence titiller Tim Burton et se complices.

    N’oublions pas Carlos

    Toutes ces médailles ne doivent pas occulter le fait que Cannes 2010 n’a pas décoiffé la Croisette. Honnête mais un rien mou. Du moins en ce qui concerne la compétition. Et comme d’habitude, quelques perles méritant amplement d’y être, se nichaient dans les sections parallèles.

    Sans oublier l’un des plus formidables moments du marathon cannois, la présentation de «Carlos», signé Olivier Assayas. Une époustouflante fresque de 5h33 sur les traces du terroriste international, magnifiquement interprété par Edgar Ramirez, que seuls les festivaliers ont eu la chance de voir intégralement sur grand écran. Ce passionnant film politique a été bêtement mis hors concours pour cause de «produit télé». C’eût pourtant été une belle Palme d’Or.

     

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