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Cinéfil - Page 28

  • Festival de Cannes: le diable au couvent...

    aaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaacollines[1].jpgComme partout le soleil joue à cache-cache sur la Croisette depuis deux ou trois jours. Pour ne pas dire qu'il fait un temps de chien. De quoi se précipiter avec délices dans les salles obscures. D’autant que ce qu’on y découvre fait parfois polémique. Par exemple Au-delà des collines du Roumain Cristian Mungiu, à la fois hué et applaudi par la critique.

    Palme d'or en 2007 pour 4 mois, 3 semaines et 2 jours, il nous plonge cette fois pendant 2h40 dans le quotidien d’un couvent chrétien orthodoxe. Alina, une jeune Roumaine de 25 ans, tente de convaincre Voichita, avec qui elle a entretenu à l’orphelinat une relation teintée d’homosexualité de repartir avec elle en Allemagne. Mais la vie de Voichita a pris un autre chemin, notamment sur l’influence d’un prêtre ultra rigoriste aux méthodes d’un autre âge. Depuis leur séparation, c’est à Dieu qu’elle s’est donnée.

    Minée par le désespoir et la frustration, Alina se laisse aller à des comportements qui font penser aux moines qu’elle est habitée par le mal. Il s’agit dès lors de protéger la communauté avec la fin tragique que cela suppose. L’histoire se base sur des faits authentiques qui s’étaient déroulés en Moldavie en 2005 et où une jeune nonne schizophrène fut retrouvée morte suite à un exorcisme pratiqué par  quatre religieux.

    Surfant sur les thèmes qui avaient fait le succès de 4 mois, 3 semaines et 2 jours, Cristian Mungiu livre un film original, dense, sous tension. Un vrai objet de cinéma auquel  il apporte la puissance de sa mise en scène.

    Bons auteurs pour propos convenus

    On n’en dira pas autant des autres métrages montrés en compétition et qui frappent plutôt par leur côté formaté et leur propos convenu, en dépit de l’habileté, voire de la virtuosité de leurs auteurs. A l’image de La chasse de Danois Vinterberg, de retour sur la Croisette pour nous raconter sans surprise la descente aux enfers d’un homme faussement accusé de pédophilie.

    Après le sulfureux Gomorra, le cinéaste italien Matteo Garrone déçoit avec Reality, une critique de la téléréalité qui se voudrait une fable cruelle. Non seulement le genre décrié dépasse de loin la fiction proposée, mais celle-ci arrive avec deux ans de retard.

    Rien de bien nouveau non plus avec Lawless, western certes plaisant de l’Australien John Hillcoat, mais énième resucée de ploucs trafiquants d’alcool au temps de la prohibition, et leurs affrontements violents avec des agents fédéraux corrompus.

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  • Festival de Cannes: une quinqua dodue prise au piège du tourisme sexuel

    aaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaparamour.jpgCougars occidentales défraîchies et flasques, elles tentent d’oublier leurs rides et leurs bourrelets dans les bras musclés d’éphèbes kényans. Mais l’illusion du bonheur se paie au prix fort.

    Le provoquant cinéaste autrichien Ulrich Seidl ne s’embarrasse pas de circonvolutions politiquement correctes pour souligner le triste état de nos sociétés. Adepte de la radicalité, il s’attaque frontalement aux sujets les plus scabreux.

    Après Dog Days montré à la Semaine de la critique en 2002 et Import/Export présenté en concours en 2007, l’auteur s’aligne à nouveau en compétition avec Amour, le premier volet d’une trilogie cyniquement intitulée Paradis, dans laquelle trois personnages féminins de tous âges tentent vainement de s’extraire de leur condition.

    L'opus initial voit des Autrichiennes vieillissantes sans scrupule, avides de "renifler la peau d’un nègre et admirant leurs belles dents", se transformer en sugar mamas qui entretiennent des beachboys kényans pour leur plaisir. Ulrich Seidl suit plus particulièrement Teresa (photo), une quinquagénaire aux chairs tombantes.

    L'exotisme ravageur du lieu la poussant à imaginer un prince charmant jeune et costaud, elle se laisse prendre au piège du tourisme sexuel. Plus naïve qu’une adolescente amoureuse, elle finit par croire aux déclarations enflammées de Gabriel beau comme un Dieu, qui n’en veut évidemment qu’à son argent, comme tous ses congénères. Avant de partir à l’assaut d’une nouvelle proie facile.

    En quête d’esclave sexuel, l’exploiteuse devient l’exploitée. Le paradis se mue en enfer et l’illusion de bonheur des premiers jours se transforme en une rage et une souffrance à la hauteur de l’humiliation subie.

    Entre documentaire et fiction, Ulrich Seidel ne recule devant rien, traitant sans concession de la misère sexuelle et affective. Dans une mise en scène froide excluant toute émotion, il balaye les tabous, qu’il s’agisse de la libido marchande du Noir pauvre et lubrique, ou celle de la Blanche sur le retour dont il met impitoyablement le corps lourd et gras à nu.

    A l'image de celui de la comédienne Margarethe Tiesel, qui se livre elle aussi sans limite, avec un naturel confondant, à la caméra crue et dérangeante du réalisateur. A noter que les protagonistes masculins sont de vrais beachboys. A commencer par Gabriel, le bourreau des cœurs du coin qui se vante, paraît-il, d’avoir tombé trois sugar mamas.

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  • Festival de Cannes: Jacques Audiard ampute Marion Cotillard...

    aaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaacotillard.jpgTrois ans après Un prophète, qui lui avait valu le Grand Prix du jury, Jacques Audiard revient sur la Croisette avec De rouille et d’os. Une histoire puisée dans un recueil de nouvelles du Canadien Craid Davidson où on croise deux cabossés de la vie, dont Marion Cotillard, en infirme bluffante.   

    Très casse-gueule, le sujet. Imaginez la rencontre improbable, dans une boîte de nuit  du sud de la France, entre Stéphanie, belle jeune femme dresseuse d’orques et Ali, boxeur de rue déjeté, sans le sou,  engagé comme videur. Il la tire d’une bagarre et la raccompagne. Mais elle le prend de haut.  

    Un peu plus tard, elle le rappelle. Les choses ont changé. Elle est amputée des deux jambes à la suite d’un accident dans un parc aquatique. Quant à lui, handicapé du langage, pourvu d’un môme de cinq ans, il se fait massacrer dans des combats clandestins pour gagner quelques sous. Et ces deux cabossés de la vie, tentant chacun de s’extraire de leur condition difficile, vont tenter de renaître à travers une histoire d’amour.

    On imagine du coup la romance pleine de bons sentiments à faire sangloter dans les chaumières. Mais Jacques Audiard, sans atteindre l’excellence du Prophète,  même si  la presse hexagonale en fait déjà à l’un des sérieux prétendants à la Palme d’Or, en profite pour revisiter brutalement le genre. Et propose un mélo eliptique, à la fois trash, noir et cru sur fond de drame social actuel plus esquissé qu'approfondi.

    Sa réussite tient surtout à l’interprétation des deux protagonistes principaux. Beauté ravagée et spectaculairement  estropiée par les effets spéciaux,  Marion Cotillard se montre particulièrement convaincante dans son fauteuil roulant.

    A l’entendre à la conférence de presse, ce n’était cependant pas gagné. "En lisant le scénario, j’étais à la fois bouleversée et excitée. Sauf que quand je découvre une histoire qui va me toucher, j’ai une compréhension immédiate du personnage que je vais interpréter.  En revanche, avec Stéphanie , je suis arrivée à la fin et je ne savais pas du tout qui elle était. J’ai craint de ne pas être à la hauteur. J’en ai alors parlé avec Jacques qui m’a rassurée, ne me disant qu’il ne savait pas non plus… »

    Matthias Schoenaerts en armoire à glace fascinante de puissance physique se révèle lui aussi très crédible. Le jeune comédien flamand, belle gueule à la Ryan Gosling mais en plus costaud, a été découvert il y a quelques mois dans le film de gangster  coup de poing Bullhead.  Sa carrière s’annonce brillante. Avec pourquoi pas des propositions du côté de Hollywood…

    Le film est dès aujourd’hui à l’affiche dans les salles romandes

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