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  • Festival de Cannes: "De son vivant", récit poignant face à l'inéluctable. Avec Catherine Deneuve et Benoît Magimel

    Après François Ozon  (Tout s’est bien passé), Catherine Corsini (La fracture), Emmanuelle Bercot nous immerge à son tour entre les murs d’un hôpital avec De son vivant, présenté hors compétition à Cannes.  

    La réalisatrice française livre le récit poignant d'une fin de vie. On y retrouve Catherine Deneuve, qui faisait sa première apparition publique 18 mois après son accident vasculaire. La Croisette lui a réservé un accueil follement enthousiaste, ainsi qu’au film où elle incarne la mère de Benjamin, un professeur de théâtre de 39 ans (Benoît Magimel).

    Atteint d’un cancer particulièrement agressif, il ne lui reste que peu de temps pour ranger le bureau de sa vie, l’expression favorite de son médecin, le dévoué, empathique, philosophe, Gabriel Sara. Véritable oncologue à la ville, il sait, avec son humour, sa douceur, son honnêteté devant l’inéluctable, transformer l’ambiance anxiogène des lieux en de joyeux et chaleureux instants.

    Sans détour ni pathos

    Emmanuelle Bercot aborde sans détour ni pathos la question de la maladie, de la mort, de la souffrance, de l’accompagnement et du soutien des proches engagés avec le malade dans un parcours des plus douloureux.

    Très réussi en dépit de quelques ficelles, ce mélodrame doit évidemment beaucoup à ses acteurs. Catherine Deneuve en mère courageuse mais inquiète, désemparée et démunie face à la détresse de son fils nous émeut, et on est surtout frappé au cœur par l’interprétation magistrale et déchirante, d’une rare intensité, de Benoît Magimel.

    Un moment fort

    Impossible de ne pas verser une petite larme en le voyant dans le déni, se révolter et lutter désespérément, avant d’apprivoiser sa mort-avec une rare dignité. On retiendra également la prestation de la toujours lumineuse Cécile de France, infirmière adorable, pleine de tendresse et de compassion.

    Pour Emmanuelle Bercot, ce film qui parle de la mort est un hymne à la vie. Même si elle dépeint un monde idéal où on peut y voir un conte si on en a envie, comme elle le dit elle-même, ce fut un moment fort du festival.    

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  • Festival de Cannes: de la Suède au Japon en passant par l'Italie

    Un couple de cinéastes américains, Chris et Tony (Vicky Krieps/Tim Roth) débarque sur l’île de Farö en Suède où vécut Bergman. Elle est devenue un lieu de culte pour les amoureux du cinéma et plus particulièrement pour les inconditionnels du maestro aux 60 films et aux neuf enfants de six femmes différentes… 

    Chris et Tony qui s’aiment depuis longtemps mais vivent plutôt comme des amis, voir des rivaux, s’installent pour écrire un scénario, chacun de leur côté. Ils dorment même dans la chambre où fut tourné Scènes de la vie conjugale, «le film qui a fait divorcer des millions de personnes...»

    Alors que leur histoire respective avance. Chris décide de raconter la sienne à Tony, une comédie romantique contrariée, qui prend forme à l’écran. Réalité du couple et fiction se mêlent, l’héroïne de Chris étant hantée par un premier amour qu’elle n’a jamais pu oublier. 

    On aurait pu craindre que ce film dans le film nuise à la fluidité du récit. Il n’en est rien, Avec Bergman Island, Mia Hansen-Love propose un magnifique opus limpide et plein de grâce. Il est en plus éclairé par la joyeuse et irrésistible Vicky Krieps, qui donne la réplique à un Tim Roth parfait dans le rôle du mari à l'air calme, désinvolte,  toujours maître de lui.  Un candidat sérieux au palmarès.

    Avec Tre Piani, Nanni Moretti déçoit un peu

    Si Mia Hansen-Love a sans doute signé son meilleur film, ce n’est pas le cas de Nanni Moretti, de retour en compétition avec Tre Piani, mélodrame choral, adapté d’un romande l’israélien Eshkol Nevo. On y suit la vie des habitants d’un immeuble romain, transformée de différentes façons par une série d’événements, à commencer par un accident de voiture mortel.
    En trois chapitres se déroulant sur dix ans, Nanni Moretti brasse plusieurs thèmes, une justice à deux vitesses, le deuil, la réparation, un soupçon d’abus sexuel. Si le réalisateur italien est une valeur sûre, on est quand même déçu. Il serait étonnant qu’il parvienne à décrocher une deuxième Palme d’or, vingt ans après La chambre du fils. 

    Drive my car, road movie envoûtant, romanesque et mystérieux

    Oto est scénariste. Elle invente des histoires, Yusuke Kafuku, acteur et metteur en scène de théâtre les transforme. Le couple apparaît indiscutablement et profondément lié. Un jour pourtant, l'homme surprend sa femme faisant l’amour avec un autre. Elle ne le voit pas, il garde la chose pour lui. Jusqu’au drame...  

    Alors qu'il n'arrive toujours pas à s’en remettre, Yusuke accepte de monter Oncle Vania dans un festival, à Hiroshima. Il y fait la connaissance de Misaki, une jeune femme modeste et réservée qu'on lui a assignée comme chauffeure. Entre Yusuke tourmenté en quête de vérité, de rédemption et Misaki, victime d'une enfance douloureuse, l'amitié naît au fil des trajets. Elle leur permettra de faire face ensemble à leur passé. . 

    Drive my car de Ryusuke Hamaguchi est adapté d’une novelle éponyme d’Haruki Murakami. Poursuivant sa quête esthétique, le réalisateur japonais nous emmène dans un voyage de trois heures qu'on sent à peine passer. Un road movie envoûtant à la fois romanesque et mystérieux qu’on souhaite voir remporter un prix.

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  • Festival de Cannes: Entre polémique Pio Marmaï et découverte d'une perle à la Semaine de la Critique

    Cannes tient son petit scandale. Lors de la conférence de presse sur La fracture, de Catherine Corsini, Pio Marmaï s'en est pris au président Macron. Le comédien français, qui incarne un manifestant blessé dans une manifestation de Gilets jaunes a notamment déclaré, reprenant une phrase du film: "Macron, j'aimerais bien aller chez lui en passant par les chiottes et les tuyaux et lui péter la gueule, ça évidemment  un peu comme tout le monde, dans l'absolu..." Du coup polémique sur les réseaux sociaux, tandis que les télés d'info continue en font leurs choux gras avec défilé de pour et de contre sur les plateaux. 

    Mais parlons plutôt cinéma. Comme d'habitude, certains films n'ont pas grand-chose, sinon rien à faire en compétition. Par exemple Flag Day de Sean Penn, même s'il n'atteint pas le ridicule de The Last Face en 2016  Le réalisateur-acteur y brosse laborieusement le portrait d 'une jeune femme qui lutte pour guérir des blessure de son passé, tout en essayant de reconstruire une difficile relation avec son père.

    Du coup on se demande pourquoi des perles découvertes dans les sections parallèles ne figurent pas en concours. C’est le cas de Petite nature, deuxième long métrage de Samuel Theis, présenté à la Semaine de la Critique.

    Il raconte l’histoire de Johnny (Aliocha Reinert), gueule d’ange frêle au look  féminin avec ses longs cheveux blonds bouclés. Il a dix ans, mais ne s’intéresse qu’aux histoires des adultes. Dans sa cité HLM de Forbach, en Lorraine, il observe avec curiosité la vie sentimentale triste et agitée de sa mère, aimante mais trop souvent entre deux vins.
    Cette année pourtant, quelque chose change quand il intègre la classe de Monsieur Adamski (Antoine Reinartz) venu de Lyon avec sa femme Nora (Izïa Higelin). Johnny noue un lien particulier avec ce nouvel enseignant qui croit en lui et lui ouvre d’autres horizons.

    On n’est pas loin de voir cette relation glisser sur une pente dangereuse, plus particulièrement à la faveur d’une scène dont le côté trouble est induit par le pré-ado. Il n’en n’est rien. Si l’auteur questionne et dérange, il explore avant  tout l’éveil confus de son héros aux perceptions amoureuses, son désir d’émancipation, la découverte de son identité.

    Intelligent, fort, tendre, « Petite nature » est porté de bout en bout par l’impressionnant Aliocha Reinert. Rebelle charismatique, il livre une étonnante prestation. 

     

     

     

     

     

     

     

     

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