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  • Grand écran: "Les filles du soleil ", hommage raté aux combattantes kurdes entre complaisance et pathos

    DpuIUY5V4AAUTaF.jpgAu Kurdistan, un bataillon féminin tente une offensive militaire contre les djihadistes. Violées, brutalisées, vendues comme esclaves, les maris tués sous leurs yeux, leurs enfants enlevés, ces ex-prisonnières dont la vie a basculé, sont devenues des guerrières d’exception après avoir réussi à échapper aux griffes de leurs bourreaux.

    Mathilde, une journaliste française jouée par Emmanuelle Bercot les suit, tandis que l’Iranienne Golshifteh Farahani interprète la commandante Bahar, qui se prépare à libérer la ville avec «Les filles du soleil». D’une grande actualité politico-sociale, le sujet est fort. Malheureusement Eva Husson en fait un film naïf, grossier, mal écrit, mal dialogué, pétri de clichés et de bons sentiments.

    Une partie du scénario s’attache plus particulièrement au passé récent douloureux de ces deux femmes, surtout celui, traumatique, de Bahar à grands coups de flash-backs démonstratifs, où la réalisatrice fait assaut de complaisance.

    L’autre relève du film de guerre traditionnel. Sauf qu’à part entendre les combattantes kurdes chanter en scandant le slogan «la femme, la vie, la liberté» et les voir se livrer à quelques échanges de coups de feu avec les islamistes, on n’en saura pas davantage sur le quotidien tragique de ces femmes courageuses, qui s’élèvent en rempart contre Daech entre la Syrie, l’Irak et la Turquie.

    Une tendance consternante au pathos et au tire-larmes

    En dépit d’une belle photographie, le film dysfonctionne à tous les étages et ne leur rend pas hommage. Bien au contraire. On cherche vainement le point de vue de la cinéaste, qui privilégie une approche consensuelle avec une tendance consternante à se vautrer dans le pathos et le tire-lames. Sans oublier une musique pompeuse et un happy end aussi laborieux que le monologue féministe de fin.

    Restent les comédiennes, qui ne contribuent pas franchement à relever le niveau. Avec son cache-œil noir (à l’image de la journaliste britannique Marie Colvin, tuée à Homs en 2012), Emmanuelle Bercot a l’air d’une pièce rapportée dès son apparition.

    Quant à la sublime Golshifteh Farahani, turban très seyant et impeccablement maquillée, elle semble mieux armée pour une exhibition dans une fashion week façon commando, que pour les affrontements sanglants sur le terrain.

    Eva Husson faisait partie des trois réalisatrices en lice pour la Palme d’or au dernier festival de Cannes. Elle est repartie on ne peut plus logiquement les mains vides.

    A l’affiche dans les salles de Suisse romande dès mercredi 21 novembre

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  • Grand écran: Yann Gonzalez nous plante "Un couteau dans le coeur". Avec Vanessa Paradis en productrice lesbienne de porno gay

    maxresdefault.jpgA l’image de Gaspar Noé, le Français Yann Gonzalez est un réalisateur clivant. En témoignent les critiques diamétralement opposées de son dernier film Un couteau dans le cœur. Cela va du chef d’oeuvre au navet. Entre les deux, il séduit sans toujours convaincre.

    Paris 1979. Anne (Vanessa Paradis) a fait carrière dans la production de porno gay de série Z. Lorsque Loïs, sa compagne et monteuse la quitte, elle tente désespérément de la reconquérir en tournant un opus beaucoup plus ambitieux, dont elle confie la réalisation à Archibald, son complice de toujours.

    Mais un mystérieux assassin contrarie ses plans. Précédé par le vol d’un oiseau, ce Belphégor queer psychopathe tue sauvagement les acteurs les uns après les autres, armé d’un godemiché à lame rétractable. Anne est alors entraînée dans une étrange enquête, plus kitsch que policière.

    Dans Les rencontres d’après minuit, Yann Gonzalez retrouvait la singularité du cinéma onirique et surréaliste français des années 70. Avec Un couteau dans le cœur, il persiste dans la nostalgie. Entre clins d’œil et  citations, il rend hommage au cinéma en général et au giallo en particulier. Mêlant thriller, horreur et érotisme, proposant fausses pistes et indices propres à diverses interprétations, ce genre italien eut ses heures de gloire dans les années 60-80, grâce à des réalisateurs comme Dario Argento ou Mario Bava.

    L’illustration d’un amour perdu

    En reprenant les codes et en les modernisant, Yann Gonzalez livre un film empreint de culture gay et de dérision, lyrique et amusant, poétique et bouffon, fétichiste et baroque. Maladroit parfois, poseur à l’occasion, il illustre un amour perdu, impossible, avec le portrait d’une femme désespérée et violente.

    Elle est interprétée par une Vanessa Paradis lookée cuir et aux cheveux platine. Très crédible, elle est douloureusement confrontée à la rupture déchirante avec l’amour de sa vie et à la mort de ses comédiens. A ses côtés on retrouve Nicolas Mury, Jacques Nolot ou Rohmane Bohringer.

    1273350.jpg-c_215_290_x-f_jpg-q_x-xxyxx.jpgRencontré à Genève à l’occasion du GIFF (Geneva International Film Festival), Yann Gonzalez, se décrivant comme un romantique, nous en raconte davantage sur cette proposition hédoniste particulière, esthétiquement réussie, imparfaite dans ses oscillations entre mélo et giallo, moins extrême qu’on pourrait s’y attendre.

    Quelle est la genèse d’Un couteau dans le cœur?

    J’avais envie de frayer avec le réel, la volonté d’offrir quelque chose de plus ouvert, de plus divertissant. Je suis parti d’une fascination pour cette femme brutale, alcoolique, inspirée d’un vrai personnage, Anne-Marie Tensi, étonnante pionnière. Productrice lesbienne de porno gay, amoureuse de sa monteuse, elle avait une cinquantaine de films à son actif, presque tous disparus. Tournés sur le même canapé, un peu crapoteux, ils montrent un aspect de la vie interlope parisienne de l'époque,

     

    Vous rendez hommage au giallo. Vous êtes nourri de métrages déviants, d’érotisme, d’horreur. De cinéma bis.

    Le giallo m’attire. C’est un cinéma de la catharsis, un miroir déformant de sa propre réalité. En revanche je n’aime pas trop ce terme de cinéma bis. Je le trouve réducteur et péjoratif à l’égard d'oeuvres qui charrient autant de beauté que de sensibilité.

    Un couteau dans le coeur traite en fait d’un désir de cinéma tout court.

    Absolument, un désir puissant, névrotique, qui puise dans les ténèbres de la psyché. C’est un cri d’amour, un hymne à la pellicule, au côté organique, à cette matière effacée par le numérique. Mais je brosse surtout un portrait de femme, amoureuse, névrosée, hostile, enragée.

    Vous aimez engager des célébrités. Là, vous avez fait appel à Vanessa Paradis

    C’est notamment une manière de rendre le film plus accessible. Mais ce qui m’intéresse c’est de réinventer quelque chose chez une vedette. Vanessa a un côté absolu, vibrant, une violence, une intensité magique, sombre, obscure. Je me suis également inspiré de sa part d’enfance. Les stars aujourd’hui sont trop exposées. Cela enlève du mystère. Vanessa se préserve de cela. Elle parvient à garder une sorte d’imaginaire. Et puis il y a sa voix un peu cassée, nerveuse, pleine de variations. Une voix pour l’artifice, le rêve.

    Est-ce pour cela que vous vous accordez, selon vous, comme deux musiciens?

    Oui. Mais j’écris surtout des paroles en anglais pour M38, le groupe de mon frère Anthony qui a composé la musique du film. Il est vrai que pour moi, un dialogue doit être musical Je dirais plutôt nous sommes deux mélomanes amateurs de musique.

    Vous êtes un réalisateur soit encensé, soit descendu en flammes, à l'image de ce qui s'est passé à Cannes en mai dernier. Comment le prenez-vous?

    Il y a des choses qui m’ont blessé. Comme le fond d’homophobie chez ce critique pour qui mon film était la honte de la compétition. Mais au fond, je suis ravi de faire un film qui divise. Je préfère cela au tiède.

    Pensez-vous déjà au prochain?

    Oui. Il sera question de voyage. On m’a fait découvrir l’œuvre d’Ursula K, cette écrivaine américaine qui décrit des mondes utopiques.

    A l'affiche à l'Empire. Vendredi et samedi à 23h30. Lundi et mardi à 12h15.

     

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  • Grand écran: avec "Blaze", Ethan Hawke redonne vie à un artiste méconnu de la country

    maxresdefault.jpgActeur, réalisateur et écrivain, Ethan Hawke s’est inspiré, pour sa quatrième réalisation, de la vie de Blaze Foley, légende méconnue du mouvement Outlaw Country texan des années 70-80.

    Né Michael David Fuller en 1949 en Arkansas, il grandit au Texas, joue dans un groupe évangélique, The Fuller Family, avec sa mère et ses sœurs avant de se produire à Atlanta, Chicago, Houston et Austin Auteur de chansons douloureusement intimes, il est mort tragiquement, tué par balle 40 ans plus tard.

    Hawke mêle trois époques avec des versions réinventées du passé, du présent et du futur de Blaze. Tout en évoquant les hauts et les bas vertigineux de l’artiste, sorte d’étoile filante de la musique touchée par la grâce mais abîmée par ses addictions à la drogue et à l’alcool, les différents volets évoquent son histoire d’amour impossible avec Sybil Rosen (Alia Shawkat), sa dernière nuit sur terre, l’impact de ses chansons et de sa mort sur ses fans, ses proches, ses ennemis.

    Dans le rôle de Blaze, on découvre le musicien Ben Dickey, acteur débutant, prix spécial d'interprétation à Sundance où l'opus a d'abord été présenté. Il y a de l’aventure, de la poésie, de la mélancolie et de la souffrance dans l’hommage à ce personnage aussi passionné qu’autodestructeur. Pourtant, bien que prometteur en sortant du schéma traditionnel du biopic, le film peine à séduire, notamment en raison de son manque de rythme qui le rend interminable.

    gettyimages-908919386.jpg"Nous avons tous une flamme à l’intérieur"

    Présent au dernier festival de Locarno où il avait reçu un Excellence Award, Ethan Hawke (photo), a notamment évoqué sa co-scénariste Sybil Rosen. "C’est une partie de la magie. Je suis tombé sur le livre qu’elle a consacré à Blaze. Elle a décidé de me rejoindre. Comme elle tenait un journal, cela a facilité le scénario, en rendant tout réel, visible".

    Il avoue se sentir très proche du film, profondément connecté. "J’ai par ailleurs été inspiré et influencé par beaucoup d’œuvres des années 70. On pourrait voir Ben Dickey chez Altman". En revanche il n’est pas comme son héros qui ne voulait pas devenir une star mais une légende. "Ce qui m’intéresse c’est de vivre. Je n’avais pas l’intention de mythifier Blaze. Au contraire. Je pense que nous avons tous une flamme à l’intérieur".

    C’est le cas de Hawke, personnage aux multiples facettes du cinéma américain et international. rarement voire jamais là où on l’attend, quatre fois nominé aux Oscars, acteur engagé pour qui tout est politique. "Notre vie à tous l'est. Lorsque nous racontons notre vie dans un film, nous sommes automatiquement politiques'.

    "J'adore les collaborations"

    Ethan Hawke débute à 14 ans dans le film Explorers (1985) et se fait connaître du grand public lors du triomphe de Dead Poets Society (Le Cercle des poètes disparus, 1989), de Peter Weir, en se glissant, au côté de Robin Williams, dans la peau de l’étudiant introverti Todd Anderson.

    En 1995, il rencontre Richard Linklater, qui le choisit pour jouer Jesse dans Before Sunrise, premier chapitre d’une trilogie pour laquelle il sera aussi scénariste. Les deux hommes ont travaillé ensemble sur huit films. Parmi les réalisateurs avec lesquels Hawke a également souvent collaboré, figurent Andrew Niccol et Antoine Fuqua. "Plus je vieillis, plus j'aime les collaborations", remarque-t-il

    Avant Blaze, il était passé à la réalisation avec Chelsea Walls (2001). Ont suivi l’adaptation de son deuxième roman The Hottest State (2006) et le documentaire Seymour: An Introduction (2014),

    A l’affiche dans les salles de Suisse romande dès le mercredi 14 novembre.

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