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  • Grand écran: "Les chatouilles", danse de la colère pour dénoncer la pédophilie. Bouleversant

    3686922.jpg-r_1920_1080-f_jpg-q_x-xxyxx.jpgViolée dans son enfance, Andréa Bescond continue, dans son premier film, à raconter son histoire déchirante. La réalisatrice s’est risquée à mettre en scène la pédophilie dans Les chatouilles, adaptant avec Eric Métayer son spectacle autobiographique de théâtre et de danse. Un joli titre évidemment trompeur, car c’est bien d’abus sexuels sur une enfant qu’il s’agit. Répétés mais cachés, parce qu’il est impossible à la victime d’en parler.

    Le film ouvre sur une danseuse, avant de nous emmener dans une chambre où une ravissante fillette au teint de porcelaine dessine. Elle nous serre le coeur quand elle est interrompue par un monsieur qui veut jouer à la poupée et l'emmène dans la salle de bain… Vers la fin on reverra la danseuse en transes qui se tord, tremble, tombe, se relève, s’effondre encore, se remet debout.

    Au fil de l’intrigue, on comprend le côté salvateur de la danse pour Odette (Andréa Bescond) qui, adulte, cherche à se reconstruire et déboule chez une psy (Carole Franck), déterminée à briser enfin la loi du silence. Car elle a été régulièrement violée dans son enfance par Gilbert, un papa de trois garçons, le meilleur ami de ses parents qui l’admirent, l’invitent à déjeuner le dimanche et lui sont si reconnaissants d’emmener la gamine en vacances.

    Avec la psy, Odette remonte le temps. On la voit à huit ans, fragile et sage blondinette (Cyrille Mairesse) qui murmure «non», mais dont on sent la rage et l’envie de hurler lorsque l’odieux Gilbert au sourire mielleux lui impose ses «chatouilles» dévastatrices.

    Audacieuses trouvailles

    Agitée, emportée, parfois prostrée, Odette revit un parcours où elle s’étourdissait entre drogue, alcool et brèves rencontres, dit pourquoi elle s’est tue si longtemps, comment elle a tenté de gérer son traumatisme en l’enfouissant sans succès le plus profondément possible.

    Parlant des violences subies, puis surtout de résilience, les deux réalisateurs traitent pudiquement mais sans voile, avec une certaine légèreté et une pointe d’humour, ce sujet délicat. Se permettant d’audacieuses trouvailles de mise en scène où les lieux et les époques s’emboîtent se superposent, sur fond de décalage psychanalytique et de fantasmes thérapeutiques.

    32205051_0_0.jpgDe leur côté, les comédiens (photo) sont tous remarquables. A côté de l’excellente Andréa Bescond bouillonnante de colère et d'énergie, le surprenant et inquiétant Pierre Deladonchamps, glaçant de justesse, campe l’odieux pédophile tandis que Clovis Cornillac, père doux et aimant, bouleverse dans ses remords de n’avoir rien vu lorsqu’il apprend la vérité et demande pardon à sa fille.

    Quant à Karine Viard, incapable d’affronter la honte, elle est parfaite en mère détestable, rigide, dans le déni, ambiguë quand elle se plaint amèrement d’avoir eu une vie autrement dure que celle d’Odette qui, pour elle, fait un drame de rien…

    A l’affiche dans les salles de Suisse romande dès le 14 novembre.

     

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  • Grand écran: "Kursk", la tragédie du sous-marin nucléaire russe revisitée par Thomas Vinterberg

    830x532_kursk-thomas-vinterberg.jpgOn n’attendait pas franchement Thomas  Vinterberg, auteur en 1998 du brûlot Festen suivant les principes de Dogma 95, aux manettes de Kursk, blockbuster franco-belgo-luxembourgeois produit par Luc Besson. Même si le réalisateur danois s’était affranchi des règles du manifeste d’opposition à l’esthétique hollywoodienne créé avec Lars Von Trier, notamment avec La chasse en 2012, portrait à charge de la bonne société danoise. Ou, en 2015, avec Loin de la foule déchaînée, sixième adaptation du roman de Thomas Hardy.

    Toujours est-il que Vinterberg, notamment entouré des plutôt convaincants Mathias Schonaerts, Léa Seydoux et Colin Firth, a accepté la commande, en se chargeant de relater une vraie tragédie humaine. Le 12 août 2000, le sous-marin nucléaire russe Kursk sombre avec 118 hommes à bord dans la mer de Barents à la suite d’une explosion. Vingt-trois survivants se réfugient alors dans le compartiment arrière, en attendant les secours. Mais, faute de bon matériel, les tentatives de sauvetage à la limite du ridicule face à l'immensité du désastre, échouent les unes après les autres.

    A terre les proches s’insurgent, les femmes crient leur colère, se battant désespérément contre les mensonges et les blocages bureaucratiques qui ne cessent de compromettre l’espoir de secourir les marins pris au piège des profondeurs. Niant l’évidence, l’incurie à tous les niveaux, l’état-major refuse l’aide internationale, pour finalement autoriser la Navy à intervenir. Mais c’est trop tard. Tous mourront.

    S’inspirant du livre de Robert Moore, Sauvez le Kursk!, le cinéaste alterne très classiquement action et émotion dans cette inutile course contre la montre qui avait tenu en haleine la planète pendant neuf jours. On a beau connaître l’issue fatale, Thomas Vinterberg ne fait pas moins fait monter la tension, l’effet Titanic, en nous plongeant dans le ventre du sous-marin échoué et gravement endommagé. On est au bord de l’asphyxie, quand deux naufragés traversent en couloir inondé et plongent à la recherche de cartouches d’oxygène…

    On regrettera toutefois que Thomas Vinterberg, efficace dans la dimension documentaire, les séquences de survie au fond de la mer et le portrait des familles au sol, ne développe pas suffisamment l’aspect politique du drame et ne se montre pas plus critique vis-a-vis du pouvoir. Par ailleurs, on se demande pourquoi tout le monde parle anglais…

    A l’affiche dans les salles de Suisse romande dès mercredi 7 octobre. 

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  • Grand écran: "Mario", drame d'amour gay dans le football. Un thème tabou

    mario.tif-h_2018.jpgLe réalisateur Marcel Gisler, notamment auteur de F. est un salaud, Electroboy, ose une love story gay dans le foot d’élite suisse. Mario (Max Hubacher), est bien parti sur le chemin de la première équipe des Young Boys qu’il rêve d’intégrer. Et pour la première fois de sa vie, il tombe amoureux. Non d’une fille mais de son coéquipier, le beau et sexy Leon (Aaron Altaras), un nouveau venu d’Allemagne.

    C’est réciproque. Les deux amants (photo) tentent d’abord de se cacher, mais un joueur les voit s’embrasser et l’info ne tarde pas à faire le tour du club. La carrière de Mario est en danger. En même temps, il ne veut pas perdre Leon. Tous deux sont convoqués et nient leur relation.

    Cela convient aux dirigeants qui ne les croient pas, mais sont déterminés à ne pas faire de vagues, inquiets de la réaction des sponsors, des fans, de l’équipe. Un coming-out, ce n’est pas bon pour les affaires. S’il révèle son homosexualité, Mario ne pourra pas atteindre le haut niveau. Cela nuit à la valeur marchande d’un joueur.

    Tous décident de soigner les apparences, car il faut éviter ce qui peut alimenter la rumeur. Ne pas s’afficher en public, sauf avec une femme. En l’occurrence, ce sera avec l'amie d’enfance, Jenny. Un rapport de façade auquel quelques-uns ont recours dans le domaine… La pression s’intensifie sur Mario. A son corps défendant, poussé par son père par son agent, il va devoir choisir.

    Un long chemin vers la tolérance de la diversité sexuelle

    Ce film inspiré dans sa réalisation, pudique mais révélateur dans son traitement, a valu à Max Hubacher le Quartz de l’interprétation au dernier Prix du cinéma suisse. Marcel Gisler a rencontré des managers, des joueurs, dont un a arrêté sa carrière pour se dévoiler. Il a été même été aidé par les Young Boys et le club hambourgeois de Sankt Pauli qui lui ont ouvert leurs portes et donné des conseils. Il a aussi pu assister à des briefings dans les vestiaires.

    Et pourtant. Alors que de nombreux pays ont introduit le mariage gay l’homophobie reste très présente dans le football professionnel. Davantage par exemple que dans le rugby, où certains sont sortis du placard et ont continué à jouer.

    Avec Mario, drame d’amour sur un thème tabou, Marcel Gisler montre que le chemin est encore long vers la tolérance de la diversité sexuelle en sport. Plus particulièrement dans le monde du crampon, qui demeure un domaine très largement masculin, en véhiculant des images stéréotypées de la virilité.

    Comme le dit lui-même le réalisateur, c’est une affaire énorme, un produit mondial notamment vendu à des pays peu gay friendly, un euphémisme. A l’image de la Russie où a eu lieu la dernière Coupe du monde, ou pire au Qatar qui accueillera la suivante, et où les homosexuels sont punis de 15 ans d’emprisonnement ou de 90 coups de fouet.

    A l'affiche dans les salles de Suisse romande dès mercredi 7 novembre.

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