Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

- Page 5

  • Grand écran: "Babysitting 2", une resucée bête,vulgaire et paresseuse

    babysitting-2-bande-a-fifi-947448[1].jpgSuite au carton de Babysitting qui a rameuté près de 2,5 millions de spectateurs, il était clair que Philippe Lacheau et Nicolas Benamou n’allaient pas attendre pour se remplir les poches en surfant sur un succès aussi inespéré. Et nous ont donc affligés d’une resucée qui se déroule au Brésil.

    Sonia souhaite présenter son fiancé Franck à son père, Jean-Pierre, directeur d’un hôtel écolo, il faut le dire vite, où la bande imagine  passer des vacances de rêve. Mais les choses tournent rapidement au cauchemar. Un matin les garçons partent en excursion dans la forêt amazonienne flanqués d’Yvonne, l’insupportable et acariâtre mère de Jean-Pierre, puis de deux bimbos à un neurone. Le lendemain, ils ont tous disparu…
     
    Babysitting2, qui aurait dû s’intituler Mammyitting vu que la troupe des pieds-nickelés doit s’occuper cette fois du vieux boulet en déambulateur électrique, a repris le principe de l'épisode précédent, à savoir révéler l'histoire grâce à la vidéo qu’ont tournée les protagonistes avant de s’évanouir dans la nature. Alors que la petite caméra a été récupéée (dommage !), on va pouvoir retrouver leur trace.   

    Croyant carburer à l’humour déjanté, Lacheau et Benamou sont animés d’une volonté manifeste d’amuser. C’est raté avec cette comédie de potes lourdingue, poussive, paresseuse, d’une indigence crasse qu’il s’agisse des dialogues ou des gags faisandés à quelques exceptions près..

    En fait l’opus mise avant tout sur la bêtise et la vulgarité. Et là c’est particulièrement réussi tant on atteint des sommets dans le genre. Vous me rétorquerez peut-être qu’il en faut, de l’imagination, pour en arriver là… Côté casting, on prend les mêmes et on recommence. Avec une variante, Christian Clavier en père de la future mariée remplaçant Gérard Jugnot dans la mouture originale. Pour nous gratifier d’une nouvelle et pesante caricature de lui-même.
     
    Bien que généralement qualifié de très inventif et de follement rigolo, le premier Babysitting  ne cassait pas franchement des briques. C’est dire le côté calamiteux du second. Il ne reste qu’à espérer que les auteurs s’arrêteront là. Un voeu pieux s’il fait lui aussi tinter le tiroir-caisse!

    A l'affiche dans les salles de Suisse romande dès mercredi 2 décembre.

    Lien permanent Catégories : Sorties de la Semaine
  • Grand écran: Nanni Moretti séduit avec "Mia madre". Pudique, èmouvant, sans pathos

    maxresdefault[1].jpgEn plein tournage d’un film sur la fermeture d’une usine à laquelle s’opposent les ouvriers, Margherita, réalisatrice engagée, doit gérer une star américaine incapable de retenir ses répliques ou de les prononcer correctement, une fille en pleine crise d’adolescence et, bien plus grave, affronter la terrible réalité de la mort prochaine de sa mère. A laquelle elle rend visite à l’hôpital entre deux journées de plateau en compagnie de son frère toujours irréprochable et dont elle est un peu jalouse, ne se sentant pas à la hauteur.  

    Tout en traitant à nouveau du deuil, de la perte d’un être cher après La Chambre du fils qui lui avait valu la Palme d’or en 2001, Nanni Moretti parle, entre fiction et réalité, du cinéma en brossant le portrait d’une femme obsessionnelle, fragile, nerveuse, angoissée, en panne d’inspiration, trouvant que tout sonne faux dans sa manière d’aborder son nouveau long métrage censé prendre la défense des travailleurs. Une manière de s’interroger sur la pertinence actuelle de films militants dans une Italie où la conscience politique fait de plus en plus défaut.

    La cinéaste en proie au doute à des questionnements existentiels et artistiques n’est autre que l’alter ego de Nanni Moretti, qui a cette fois préféré se mettre en retrait en jouant le frère dévoué et attentionné de son héroïne. Remarquablement interprétée par Margherita Buy. On est un peu moins fan de John Turturro , qui certes détend l’atmosphère, mais en fait des tonnes dans le rôle de la vedette fantasque, mégalomane et survitaminée tout juste débarquée des Etats-Unis.

    Mais outre la performance des acteurs, ce qui séduit surtout c’est la pudeur, la simplicité, la sobriété avec lesquelles Moretti a empoigné son sujet. Sans pathos, le maestro italien déclare son amour à sa mère et au cinéma, tous deux confondus dans cette émouvante, belle et triste chronique d’une mort annoncée.

    A l’affiche dans les salles de Suisse romande dès mercredi 2 décembre.

    Lien permanent Catégories : Sorties de la Semaine
  • Grand écran: "Le pont des espions", Spielberg plonge Tom Hanks au coeur de la guerre froide

    le_pont_des_espions_1[1].jpgTom Hanks seul contre tous. Les Soviétiques, la CIA, les Allemands de l'Est, ses collègues, l'opinion publique. Un homme ordinaire ou presque qui se mue en héros au destin hors du commun. Comme Steven Spielberg les aime et nous les a fait aimer dans Munich, Il faut sauver le soldat Ryan, Attrape-moi si tu peux, La liste de Schindler. Avec Le pont des espions, cet amoureux d’histoire, de retour trois ans après Lincoln, un film centré sur le courage politique, nous plonge au cœur de la guerre froide. Une histoire vraie, encore que dans le genre, on ne sait trop où s’arrête la réalité et où commence la fiction.
     
    Toujours est-il que Spielberg s’intéresse à l’étonnante carrière de James Donovan, brillant avocat spécialisé en droit des assurances dans un grand cabinet newyorkais. En 1957, il est engagé pour défendre l’indéfendable, en l’occurrence Rudolf Abel, artiste tranquille et discret accusé d’être un espion soviétique. Ce qui est le cas.
     
    Le pays enter attendant une condamnation, ses associés, à l’instar du gouvernement, incitent Donovan à s’en tenir au minimum. Mais en avocat consciencieux, il prend l’affaire très à cœur, provoquant la détestation de ses concitoyens et ira jusqu’à la Cour suprême. S’il perd le procès, il évite la mort à son client qui écope de 30 ans de prison. En 1962, un an après l’édification du Mur de Berlin, un avion espion américain est abattu et son pilote fait prisonnier par les Soviétiques.  Les services secrets étatsuniens demandent alors à Donovan de négocier l’échange de leur ressortissant contre Rudolf Abel.
     
    Arrivé sur place, l’avocat apprend qu’un étudiant américain a été arrêté à Berlin-Est. Balayant les instructions de la CIA, Donovan exige de les échanger tous les deux contre l’espion. L’opération aura lieu au célèbre pont de Glienicke, qui reliait à l’époque le secteur américain de Berlin-Ouest à Postsdam en ex-RDA, et où l’agence américaine et le KGB troquaient leurs hommes de l’ombre. De préférence sous l‘oeil des caméras.

    Spielberg montre sa virtuosité
     
    La virtuosité du réalisateur se révèle dès l’ouverture avec cette scène métaphorique dévoilant un homme aux trois visages, le sien, celui que lui renvoie le miroir et celui de l’autoportrait qu’il est en train de peindre. Puis lors d’une haletante séquence de filature, magistralement découpée, dans un Brooklyn des fifties incroyablement réaliste, qui se conclut par l’arrestation du chétif Rudolf Abel en sous-vêtements. Et dont la principale préoccupation en cette heure gravissime pour lui est de récupérer son dentier… 

    193450[1].jpgUne touche burlesque des frères Coen, auteurs du scénario. Ils en produiront d’autres, plus ou moins cyniques, dans leur apport remarqué à l’univers spielbergien. Mais surtout, avec ce vingt-huitième long métrage intelligent, fin, élégant à l’atmosphère intimiste, le réalisateur propose un récit historique captivant et puissant, un drame humain au suspense efficace ainsi qu’une bluffante reconstitution d’époque où on revit comme si on y était l’édification du Mur de la honte (photo). Il recrée également non sans un certain humour les tensions de ces années aux Etats-Unis et les moyens sécuritaires déployés pour faire face à la hantise du fléau communiste.

    Un thriller qui dépasse le film d'espionnage
     
    Spielberg l’humaniste poursuit ainsi son exploration de l’identité américaine dans ce thriller classique qui, dépassant le simple film d’espionnage, porte haut les valeurs de justice et de liberté, exalte la prépondérance de l’individu, l’amour du droit garantissant à chacun y compris à l’ennemi une défense digne de ce nom. Le tout enrobé d’un patriotisme parfois excessif, où l’on comprend bien que tout est un peu mieux qu’ailleurs outre-Atlantique.
     
    Impressionnant enfin le jeu des acteurs. Celui bien sûr de Tom Hanks le comédien fétiche de l’auteur, formidable héros malgré lui et père de famille adulé par les siens. Un personnage hollywoodien un peu trop cliché malgré tout, qui se fait du coup voler la vedette par le Britannique Mark Rylance, exceptionnel dans son rôle d’espion  d’une retenue et d’une sobriété rares, saupoudrées d’un détachement et d'un fatalisme irrésistibles, répondant invariablement "Est-ce que çela aiderait?", chaque fois que son avocat compatissant et finalement complice lui demande s’il est inquiet. A leurs côtés, on trouve Amy Ryan, Alan Alda ou encore Sebastian Koch, le principal protagoniste de l’excellent La vie des autres.
     
    A l’affiche dans les salles de Suisse romande dès mercredi 2 décembre.

     

    Lien permanent Catégories : Sorties de la Semaine