Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

- Page 3

  • Festival de Locarno: Le Léopard d'Or au réalisateur philippin Lav Diaz

    fullsizephoto99687[1].jpgA Locarno comme à Cannes en mai dernier, le plus long film de la compétition a produit sur le jury l’effet de la cape rouge sur le taureau…  Tandis que le Turc Nuri Bilge Ceylan remportait la Palme sur la Croisette avec Winter Sleep (3h16) le Philippin Lav Diaz (photo) a fait encore mieux, en raflant le Léopard d’Or avec Mula sa kung ano ang soon (5h38).

    Une durée qui n’a pas rebuté le président Gianfranco Rosi et ses petits camarades, tant ils ont vécu avec ce «chef d’oeuvre», une «intense expérience de cinéma». Ils admettent toutefois s’être accordé une «pause pipi» avant de reprendre la cours de l’œuvre.

    Filmée en noir et blanc, elle se déroule en 1972 dans un petit village isolé théâtre de mystérieux événements, avant que le président Ferdinand Marcos ne promulgue la loi martiale. Le début d’une période sanglante.

    Dans le PardoLive, le journal du festival, Lav Diaz manifeste sa joie. «C’est incroyable, merci Locarno, je reste sans voix». L’auteur, qui part du particulier pour atteindre l’universel, explique que son film est basé sur ses propres souvenirs d’enfance, «tout est réel, j’ai juste changé les noms», deux ans avant «la période la plus noire de notre histoire »

    Il dédie ce film historique à son père, un cinéphile fou qui lui a transmis le virus, au peuple philippin pour sa lutte et à tous les cinéastes sérieux de ce monde, notamment Pedro Costa, «mon frère dont j’adore le travail».

    Pedro Costa meilleur réalisateur

    Le Portugais figure  d’ailleurs aussi au palmarès. Il a reçu le prix du meilleur réalisateur pour son oppressant Cavalo Dinheiro dont le format carré ajoute encore à la sensation d’étouffement. On y suit Ventura, maçon de Lisbonne né au Cap Vert dans d’étranges souterrains, tandis que de jeunes capitaines mènent la révolution des Œillets dans la rue.

    453389864[1].jpgCes deux choix convenus se justifient certes sur le plan cinématographique, même si je ne partage pas le fol enthousiasme du jury et des fans présents. Comme imaginé donc dans mon précédent billet, pas de Léopard d’Or pour Durak (Le fou) du Russe Yury Bykov, mon favori et celui d’une grande partie des critiques, 

    Sa dénonciation de la corruption en Russie est toutefois un peu récompensée par l’attribution du prix masculin d’interprétation à son héros Artem  Bystrov (photo), excellent en plombier d’une rare intégrité, se lançant au péril de sa vie à l'assaut des bureaucrates pourris. Côté féminin, la Française Ariane Labed est sacrée meilleure actrice dans le médiocre Fidelio, l’odyssée d’Alice de sa compatriote Lucie  Borleteau. Plus pour ses charmes dont elle abuse en mer que pour son talent…

    Le prix spécial du jury est allé au banal et verbeux Listen Up Philip de l’Américain Alex Ross Perry et une mention à Ventos de Agosto du Brésilien Gabriel Mascaro. Quant au Vaudois Fernand  Melgar, auteur de L’Abri, évoquant le quotidien sordide de SDF dans un centre d’hébergement d’urgence à Lausanne,  il est hélas à nouveau reparti les mains vides. Mais moins n’a-t-il pas été insulté comme pour Vol spécial par le président du cru 2011, Paulo Branco...

    La Piazza Grande en chute libre

    get[3].jpgS’il a fallu racler les fonds de tiroir pour dénicher six prix dans la grisaille d’un concours languissant réunissant dix-sept prétendants dont la majorité distillait un rare ennui, que dire de la programmation d’une Piazza Grande en chute libre... si l’on excepte les films vus et revus de Luchino Visconti ou Agnès Varda, La Vénus à la fourrure de Roman Polanski et Sils Maria d'Oliver Assayas (avec Juliette Binoche, photo), tous deux rescapés de Cannes

    A sauver également Marie Heurtin de Jean Améris, l’histoire vraie d’une adolescente de 14 ans sourde muette et aveugle qu’une religieuse sort de son obscurité,  Dancing Arabs, d’Eran Riklis évoquant un garçon israélo-palestinien déchiré entre deux cultures. Un mot encore sur Pause du Lausannois Mathieu Urfer, un premier film prometteur dont on aura l’occasion de reparler lors de sa sortie en salles.

    A part ça, ce n’était pas loin du petit musée des horreurs. Pêle-mêle on a vu le décervelé Lucy de Luc Besson, le calamiteux Love Island de Jasmila Zbanic, le laborieux Hundred-Foot Journey de Lasse Hallström ou encore l’écoeurant A la vie de Jean-Jacques Zielbermann. Moins navrant, ce n'était pas difficile, mais téléphoné en diable, Schweizer Helden lauréat du Prix du public.

    Sauvé par les stars et la rétrospective

    rocco-e-i-suoi-fratelli[1].jpgComme toujours le festival, un rien perturbé par la pluie qui a découragé quelques spectateurs et l’annulation de la visite de Roman Polanski mal vécue par ses admirateurs, a surtout été en partie par une pléiade de stars qui, de Melanie Griffith à Juliette Binoche en passant par Mia Farrow et Agnès Varda, se sont gracieusement pliées aux traditionnelles conversations au Spazio Cinema.

    Il a surtout séduit par son excellente rétrospective, forte d’une cinquantaine d’œuvres, consacrée à la plus ancienne maison de production italienne Titanus fondée en  1904. Merci aux Fellini, Rossellini, Visconti, De Sica, Commencini, Monicelli, Lattuada, que les cinéphiles retrouveront aux Cinémas du Grütli à Genève du 20 août au 2  septembre et à la Cinémathèque suisse à Lausanne, du 28 août au 4 octobre.

    Lien permanent Catégories : La griffe du léopard
  • Festival de Locarno: qui va capturer le Léopard d'Or 2014?

    images[3].jpgLa 67e édition du festival de Locarno touche à sa fin. A la veille du palmarès, on ne peut hélas pas dire que ce cru 2014, par ailleurs perturbé par des événements extérieurs comme la pluie ou l’annulation de la Masterclass de Roman Polanski pour cause de polémique liée à sa visite, ait atteint des sommets.

    Notamment en compétition où la majorité des dix-sept films en compétition s’est révélée d’une qualité très moyenne pour ne pas dire carrément médiocre. Une bonne nouvelle tout de même. L’an dernier, je vous racontais que si la décision ne tenait qu’à moi, j’aurais remballé le Léopard d’Or...

    Bonne nouvelle, au moins en ai-je déniché un cette année dont je vous ai d’ailleurs déjà parlé. Il s’agit de Durak, du Russe Yury Bykov, qui évoque la corruption chez Sa Majesté le tsar Poutine. Le héros de l'histoire entame courageusement une course contre la montre, voire contre la mort, pour sauver des habitants suite à une explosion dans un vieil immeuble dont l’écroulement menace.

    6038513[1].jpgPour les Léopards d'argent et de bronze, il y a L’Abri du Vaudois Fernand Melgar (photo), qui nous parle du sort tragique des SDF dans un hébergement d’urgence à Lausanne. Ou Mula sa kung ano ang du Philippin Lav Diaz, un très honorable opus de 5h38 qui nous emmène dans un village isolé en 1972, où se produisent d’étranges événements.

    On peut aussi évoquer La sapienza d’Eugène Green. Parisien né aux Etats-Unis, cet habitué de Locarno met en scène un architecte d’origine suisse, Alexandre Schmidt, qui a derrière lui une carrière brillante, mais a perdu l’inspiration et veut retrouver ce qui l’a poussé à faire ce métier quand il était jeune. Sa femme Aliénor partage les mêmes inquiétudes en ce qui concerne sa profession et tous deux décident de partir, d'abord au Tessin puis à Rome. 

    images[11].jpgPour le reste c’est la bouteille à encre, même si certains ne jurent que par Cavalo Dinheiro du Portugais Pedro Costa, un "chef- d'œuvre" ou Alive (3 heures) du Sud-Coréen Park Jungbum. Cure-The Life Of Another de la Suissesse Andrea Staka (photo) ou le bavard Listen Up Philip de l’Américain Alex Ross Perry ont également leurs fans.  

    A oublier en tout cas Fidelio, l’odyssée d’Alice de la Française Lucie Borleteau, où son héroïne saute sur tout ce qui bouge dans un tanker, Dos Disparos évoquant un jeune homme qui se tire deux balles dans la peau, l’une ayant diparu et l'autre, restée dans son corps le faisant mal jouer de la flûte. Sans compter l’hystérique A Blast du Grec Syllas Tzoumerkas et le languissant Perfidia de l’Italien Bonifacio Angius.

     Comme d'habitude, il serait étonnant que le jury, présidé par le réalisateur Gianfranco Rosi, me donne raison. Mais sait-on jamais? Verdict demain.  



     

    Lien permanent Catégories : La griffe du léopard
  • Lauren Bacall, la mort d'une légende, icône de l'âge d'or hollywoodien

    Lauren-Bacall-legende-d-Hollywood-est-decedee_portrait_w532[1].jpgBelle, envoûtante, un visage aux traits aigus, élégante, drôle, la voix grave aux intonations un peu rauques, un côté garçon, un tempérament de feu. Et surtout ces yeux magnifiques, profonds, ce fameux regard en-dessous, mystérieux, insolent empreint de sensualité, qui lui valut le surnom de "The Look".
     
    Vraie personnalité, à la fois indépendante, séductrice, bonne camarade et femme fatale, icône de l’âge d’or hollywoodien, Lauren Bacall qui a régné sur le cinéma américain pendant soixante ans, est morte le 12 août à New York d’une attaque. Elle avait 89 ans.

    Née Betty Joan Perske dans le Bronx le 16 septembre 1924, fille unique d’immigrants juifs roumano-polonais, cousine de l’ancien premier ministre israélien Shimon Peres, elle s’essaye très jeune au mannequinat et à l’art dramatique.
     
    Une couverture du Harper’s Bazar et quelques photos de mode à l’intérieur du magazine la font remarquer par la femme d’Howard Hawks qui incite vivement son mari à auditionner cette beauté de 19 ans. Elle drague la caméra et le réalisateur lui confie immédiatement le rôle d’aventurière de Marie Browning, alias Slim, face au patron du bateau Harry, alias Humphrey Bogart, dans Le port de l’angoisse

    La naissance d'un couple mythique à l'écran et à la ville 

    Une rencontre en forme de coup de foudre et cette réplique devenue culte: "If you want anything all you have to do is whistle…" Bogart a 44 ans. Il est marié et divorce pour épouser Bacall en 1945. Alors que ce premier film la révèle au public, un couple mythique est né au cinéma comme à la ville. Parents de deux enfants, les stars tiendront l’Amérique et le reste du monde sous le charme pendant douze ans, jusqu’à la mort de Bogart d’un cancer en 1957.

    891819-lauren-bacall-humphrey-bogart-film[1].jpgHoward Hawks les réunit de nouveau en 1946 dans Le Grand Sommeil (photo) d’après Raymond Chandler. Ils tourneront encore deux films noirs ensemble, Les Passagers de la nuit de Delmer Daves (1947) et Key Largo de John Huston (1948). Remariée en 1961, avec l'acteur Jason Robards dont elle a un fils, Lauren Bacall le quittera huit ans plus tard.

    Dans les années cinquante, l'actrice se tourne vers la comédie. Comment épouser un millionnaire (1953) et Les femmes mènent le monde (1954), de Jean Negulesco, La Femme modèle 1957) de Vicente Minnelli où elle joue une dessinatrice de mode mondaine. Après la mort de Bogart, on la voit également sur scène à Broadway, à la télévision, notamment dans la série des Soprano où elle tient son propre rôle.

    Le grand écran la réclame encore pour Le crime de l'Orient-Express de Sydney Lumet (1974), Le dernier des géants de Don Siegel 1976), son vrai dernier grand rôle et l’ultime de John Wayne atteint d’un cancer. On se rappelle ses apparitions en agent littéraire dans Misery de Rob Reiner (1990), Prêt-à-porter de Robert Altman (1994), Dogville et Manderlay de Lars Von Trier en 2003 et 2005.

    Côté récompenses, Lauren Bacall, auteure par ailleurs de deux biographies, By Myself (1979) et Now (2005) a été nominée à l’Oscar et au Golden Globe du meilleur second rôle pour sa prestation dans Leçons de séduction de Barbra Streisand (1996) où elle interprète la mère de l’actrice réalisatrice. En 2009, elle a reçu un Oscar pour l’ensemble de sa carrière.

    Lien permanent Catégories : Cinéfil