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  • Le Léopard d'Or à "La fille de nulle part", de Brisseau. Consternant...

    teaserbreit[1].jpgJe ne le répèterai jamais assez, surtout ne pas faire de pronostics au festival de Locarno! Du moins en ce qui me concerne. Difficile en effet de tomber plus mal que lors de ce cru 2012. Tant pis, c’est le jeu. Ecartant donc pratiquement toutes mes suggestions, le jury officiel présidé par le Thaïlandais Apichatpong Weerasethakul a primé La fille de nulle part de Jean-Claude Brisseau.

    Un choix proprement sidérant. Pour ne pas dire atterrant. Mais pleinement assumé par des jurés en totale symbiose, si l’on en croit notamment la cinéaste française Noémie Lvovsky. En résumé, " il s’agit d’ un film tellement spécial, qui parle de cinéma, de son histoire… Ce n’est pas un film réalisé par un metteur en scène âgé, mais par un homme incroyablement jeune d’esprit qui nous montre son absolu besoin de faire…  Brisseau est le plus jeune de la nouvelle nouvelle vague".

    A l’évidence, ce Léopard d’Or récompense un auteur qui eut de la grandeur. Car l’ennui, c’est qu’on ne voit pas franchement à l’écran ce qui a provoqué un tel enthousiasme pour cet opus qui se veut fantastique. Enfin, sauf si le nec plus ultra consiste à tourner, avec des bouts de ficelle, un film dans son appartement, lieu dévolu à quelques références cinématographiques. Et devenu, entre deux intermèdes dissertatoires fumeux ou une scène saphique, le théâtre de phénomènes mystérieux après que le héros (en l’occurrence Brisseau lui-même), eut recueilli une jeune femme ensanglantée sur le pas de sa porte…

    Les autres prix

    Surprise également avec le prix spécial du jury à Somebody Up Likes Me, de l’Américain Bob Byington. Plus compréhensible, sinon très justifié voilà qui rassure, celui de la mise en scène décerné au Chinois Laing Ying pour When Night Falls, qui raconte une histoire vraie. Celle d’un meurtrier de six agents de Shangaï, après avoir été violemment molesté par la police pour avoir roulé sur un vélo non homologué. Sa tête d’affiche An Nai a par ailleurs été sacrée meilleure actrice.

    De son côté Le comédien Walter Saabel a décroché l’interprétation masculine pour son rôle dans  Der Glanz des Tages de Tizza Covi et Rainer Frimmel, seul et unique opus cité dans mes papables. A signaler encore une mention spéciale du jury pour le Portugais A Utima Vez Que Vi Macau. 

    En revanche Leviathan, puissant documentaire décrivant le formidable affrontement entre l’homme et la mer et son bateau n’a plu qu’au jury composé de critiques, tiens donc… Et parmi ceux que j’ai relevés, trois (Starlet, Mobile Home et Compliance) ont été distingués par le jury des jeunes. C’est déjà ça! Le public a lui curieusement aimé le laborieux Lore de Cate Shortland, tandis que le Variety Piazza Grande Award a décompensé Camille redouble de Noémie Lvovsky.

    Glamour et rétro de maître, des arbres qui cachent la forêt 

    Si le Léopard d’Or illustre la faiblesse de la compétition, force est de constater que côté Piazza Grande, ce n’est pas mieux. A l’exception de quelques opus comme Quelques heures de printemps,  Ruby Sparks, ou évidemment Bonjour tristesse, on s'est même trouvé face à la pire édition depuis longtemps.

    Une chose est sûre, le directeur artistique du festival, Olivier Père, ne pourra pas éternellement se réfugier derrière le glamour d’une pléiade de stars comme les Delon, Bernal, Carax, Belafonte, Muti et autres Rampling pour masquer cette évidence. Ni derrière une rétrospective consacrée à un maître du septième art, en l’occurrence donc le génial Otto Preminger. Même s’il est vrai qu’il justifiait à lui seul le déplacement au Tessin. Ne manquez surtout pas son oeuvre, prochainement programmée à la Cinémathèque.

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  • Festival de Locarno: qui va capturer le Léopard?

    Les années se suivent et se ressemblent à Locarno. A une journée de la fin du festival et donc de la chasse au Lépoard d’or, on se demande comme d'habitude qui aura l’honneur de le capturer. Autant vous le dire tout de suite, vu la faiblesse générale du concours, les dix-neuf prétendants ne se bousculent pas vraiment au portillon. 

    Particulièrement côté fiction. Du coup le fauve risque bien de revenir à Leviathan de Lucien Castaing-Taylor, directeur du Sensory Ethnography lab à Harvard et Véréna Paravel, ethnologue française. Ils livrent ainsi un puissant documentaire sur la pêche en forme de portrait impressionnant, voire de poème fantastique, de l’une des plus anciennes activités humaines.

    Tout en témoignant des réalités économiques et politiques du métier, de son extrême dangerosité, Leviathan décrit, Moby Dick n’est pas loin, l’affrontement monstrueux entre l’homme et la mer. Un flot d’images somptueuses sur fond de bruits insoutenables et de grincements métalliques insupportables. Bref sublime et infernal à fois. Un objet de festival par excellence, propre à faire délirer le cinéphile. Pourquoi pas le jury?

    Autre documentaire dont on vous avait d’ailleurs déjà parlé The End Of Time, du Canadien mâtiné de Suisse Peter Mettler, qui propose une variation fascinante sur le temps. De l’accélérateur de particules du CERN aux coulées de lave qui ont englouti Hawaï, en passant par Detroit, ville sinistrée qui fut la capitale de  l’automobile, il nous emmène dans un voyage vertigineux, mêlant à un propos docte un visuel foisonnant qui fait parfois penser à du Kubrick.

    La bouteille à encre

    Pour le reste, c’est la bouteille à encre. Parmi les films dont on a parlé durant cette quinzaine, il y a Mobile Home, sympathique opus belge de François Pirot. Un jeune trentenaire quitte sa petite amie et retrouve un ancien pote avec qui il cherche à réaliser un vieux rêve d’ado, partir à l’aventure dans un mobile home. En commençant comiquement par faire du surplace. Les comédiens contribuent à une certaine réussite de la chose.

    On citera aussi Compliance de l’Américain Craig Zobel, racontant l’histoire folle d’une patronne de fast food qui reçoit un coup de fil d’un prétendu policier. Ce dernier accuse une jeune et jolie employée de vol et lui demande de suivre ses instructions à la lettre. La suite dépasse l’imagination, alors que l’intrigue est inspirée de faits authentiques. Dommage que la réalisation s’enlise au bout d’une heure.

    Dans Museum Hours de Jen Cohen, un gardien du Kunsthistoriches Museum de Vienne se lie d’amitié avec une visiteuse débarquée de Montréal. Le lieu devient alors une sorte de point de départ vers une exploration à la fois de la ville et de leur vie respective, le tout lié aux différentes manières dont l’art reflète le monde. Un rien bavard, mais respectable.

    On reste en Autriche avec l’honorable, sans plus, Der Glanz des Tages de Tizza Ciovi et Rainer Trimmel, où un jeune comédien à succès passant son temps à apprendre de nouveaux textes, perd peu à peu le contact avec le quotidien. Jusqu’au jour où il rencontre un certain Walter, qui lui fait reprendre pied dans la réalité.

    Sans génie enfin, mais visible, Starlet de l’Américain Sean Baker où Jane, 21 ans, tente de sympathiser avec une veuve octogénaire pour soulager sa conscience. On va ainsi de révélation en révélation, jusqu’à la découverte du métier sulfureux de la jeune femme…

    Aux cinq jurés désormais, dont la Française Noémie Lvovsky et le Thaïlandais Apichatpong Weerasethakul, de nous livrer leur verdict samedi soir dès 21h30 sur la Piazza Grande. 

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  • Festival de Locarno: Gael Garcia Bernal, sex-symbol de poche...

    images[2].jpgFoule des grands jours et minettes hystériques aux hormones en folie, piaillant frénétiquement son nom à chacune de ses remarques, l’accueil réservé au Forum à Gael Garcia Bernal a autant ravi que surpris le comédien mexicain. 

    Tout guilleret, le joli sex symbol de poche qui plaît aux femmes de 7 à 77 ans, adore la boxe et s'y entraîne régulièrement, histoire de se détendre et d’apprendre à encaisser, se sent toujours un débutant en dépit de ses 20 ans de carrière. Resté fidèle à l'industrie latino-américaine malgré l'ouverture des portes hollywoodiennes, il considère le cinéma comme un processus permettant de s’ouvrir au monde, de voyager, de connaître des gens et des lieux. Comme Locarno, où il n’aurait jamais pensé venir un jour.

    A 34 ans, le plus jeune à avoir eu cet honneur, il a reçu dans la foulée et à l'image de la "magnificent enigma" Charlotte Rampling, un Excellence Award en forme de léopard sur la Piazza Grande. Avant la projection de No de Pablo Larrain, déjà présenté en mai dernier à Cannes. Tête d’affiche Bernal incarne, caractère  fictif, un publicitaire à succès dans ce film sur le référendum qu’avait été contraint d’organiser, sous la pression, le dictateur Augusto Pinochet. Et qui avait conduit à son éviction le 5 octobre 1988.

    "Celui qui doit me séduire, c’est le metteur en scène"

    "J’ai adoré le scénario et j’ai rencontré le réalisateur en Bolivie. On a pas mal picolé. Faire un film c’est un peu comme coucher. Et pour coucher, il faut boire un coup. Ce qui me convainc, c’est le réalisateur. Je peux aimer l’histoire, mais celui qui doit d’abord me séduire, c’est le metteur en scène. No est une réflexion profonde sur la démocratie, un système plein de contradictions. Ce n’est jamais blanc ou noir et le personnage central prend conscience petit à petit qu’il peut changer les choses".

    Le rôle est taillé sur mesure pour Bernal, militant à l'image de son glorieux aîné Harry Belafonte, en faveur de la justice sociale et qui fait ses choix de comédien en fonction de son engagement. "Beaucoup d'acteurs ne sont pas d'accord avec ça, mais je pense qu'on est responsable de tous ses films. Je suis intéressé par des projets qui posent des questions subversives, dangereuses".

    Cela ne l'empêche pas de trouver Men in Black 3 très bien. "Je le dis parce que j'aimerais jouer dans le 4", plaisante-t-il, déclenchant une nouvelle vague de hurlements frénétiques... 

    La célébrité grâce à Pedro Almodovar et Walter Salles

    Né à Guadalajara en 1978, ce fils d’acteurs qui se voyait docteur ou philosophe, tourne à 11 ans déjà dans des séries télévisées, fait du théâtre. Deux longs métrages mexicains le révèlent au grand public, Amours chiennes d’Alejandro Gonzales Inarritu en 2000. "Je ne savais rien du cinéma, mais je trouvais l’histoire excellente. Ce film a changé la vie de tous ceux qui y ont participé".

    Puis on le découvre dans Et…ta mère aussi d’Alfonso Cuaron. Mais c’est en 2004 qu’il atteint la célébrité, faisant coup double à Cannes. Homo mal assumé dans La mauvaise éducation de Pedro Almodovar et Ernesto Guevara, avant qu’il devienne le Che dans Carnets de voyage de Walter Salles. 

    Passant lui-même en 2007 derrière la caméra pour Déficit, pour porter un regard sur la société mexicaine, il retrouvait l'année d'avant Inarritu avec Babel aux côtés de Brad Pitt et Cate Blanchett et jouait également dans La science des Rêves de Michel Gondry. A signaler que ce dernier opus ainsi que La mauvaise éducation ont été programmés à Locarno.

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