Festival de Locarno: qui va capturer le Léopard? (10/08/2012)
Les années se suivent et se ressemblent à Locarno. A une journée de la fin du festival et donc de la chasse au Lépoard d’or, on se demande comme d'habitude qui aura l’honneur de le capturer. Autant vous le dire tout de suite, vu la faiblesse générale du concours, les dix-neuf prétendants ne se bousculent pas vraiment au portillon.
Particulièrement côté fiction. Du coup le fauve risque bien de revenir à Leviathan de Lucien Castaing-Taylor, directeur du Sensory Ethnography lab à Harvard et Véréna Paravel, ethnologue française. Ils livrent ainsi un puissant documentaire sur la pêche en forme de portrait impressionnant, voire de poème fantastique, de l’une des plus anciennes activités humaines.
Tout en témoignant des réalités économiques et politiques du métier, de son extrême dangerosité, Leviathan décrit, Moby Dick n’est pas loin, l’affrontement monstrueux entre l’homme et la mer. Un flot d’images somptueuses sur fond de bruits insoutenables et de grincements métalliques insupportables. Bref sublime et infernal à fois. Un objet de festival par excellence, propre à faire délirer le cinéphile. Pourquoi pas le jury?
Autre documentaire dont on vous avait d’ailleurs déjà parlé The End Of Time, du Canadien mâtiné de Suisse Peter Mettler, qui propose une variation fascinante sur le temps. De l’accélérateur de particules du CERN aux coulées de lave qui ont englouti Hawaï, en passant par Detroit, ville sinistrée qui fut la capitale de l’automobile, il nous emmène dans un voyage vertigineux, mêlant à un propos docte un visuel foisonnant qui fait parfois penser à du Kubrick.
La bouteille à encre
Pour le reste, c’est la bouteille à encre. Parmi les films dont on a parlé durant cette quinzaine, il y a Mobile Home, sympathique opus belge de François Pirot. Un jeune trentenaire quitte sa petite amie et retrouve un ancien pote avec qui il cherche à réaliser un vieux rêve d’ado, partir à l’aventure dans un mobile home. En commençant comiquement par faire du surplace. Les comédiens contribuent à une certaine réussite de la chose.
On citera aussi Compliance de l’Américain Craig Zobel, racontant l’histoire folle d’une patronne de fast food qui reçoit un coup de fil d’un prétendu policier. Ce dernier accuse une jeune et jolie employée de vol et lui demande de suivre ses instructions à la lettre. La suite dépasse l’imagination, alors que l’intrigue est inspirée de faits authentiques. Dommage que la réalisation s’enlise au bout d’une heure.
Dans Museum Hours de Jen Cohen, un gardien du Kunsthistoriches Museum de Vienne se lie d’amitié avec une visiteuse débarquée de Montréal. Le lieu devient alors une sorte de point de départ vers une exploration à la fois de la ville et de leur vie respective, le tout lié aux différentes manières dont l’art reflète le monde. Un rien bavard, mais respectable.
On reste en Autriche avec l’honorable, sans plus, Der Glanz des Tages de Tizza Ciovi et Rainer Trimmel, où un jeune comédien à succès passant son temps à apprendre de nouveaux textes, perd peu à peu le contact avec le quotidien. Jusqu’au jour où il rencontre un certain Walter, qui lui fait reprendre pied dans la réalité.
Sans génie enfin, mais visible, Starlet de l’Américain Sean Baker où Jane, 21 ans, tente de sympathiser avec une veuve octogénaire pour soulager sa conscience. On va ainsi de révélation en révélation, jusqu’à la découverte du métier sulfureux de la jeune femme…
Aux cinq jurés désormais, dont la Française Noémie Lvovsky et le Thaïlandais Apichatpong Weerasethakul, de nous livrer leur verdict samedi soir dès 21h30 sur la Piazza Grande.
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