Foule des grands jours et minettes hystériques aux hormones en folie, piaillant frénétiquement son nom à chacune de ses remarques, l’accueil réservé au Forum à Gael Garcia Bernal a autant ravi que surpris le comédien mexicain.
Tout guilleret, le joli sex symbol de poche qui plaît aux femmes de 7 à 77 ans, adore la boxe et s'y entraîne régulièrement, histoire de se détendre et d’apprendre à encaisser, se sent toujours un débutant en dépit de ses 20 ans de carrière. Resté fidèle à l'industrie latino-américaine malgré l'ouverture des portes hollywoodiennes, il considère le cinéma comme un processus permettant de s’ouvrir au monde, de voyager, de connaître des gens et des lieux. Comme Locarno, où il n’aurait jamais pensé venir un jour.
A 34 ans, le plus jeune à avoir eu cet honneur, il a reçu dans la foulée et à l'image de la "magnificent enigma" Charlotte Rampling, un Excellence Award en forme de léopard sur la Piazza Grande. Avant la projection de No de Pablo Larrain, déjà présenté en mai dernier à Cannes. Tête d’affiche Bernal incarne, caractère fictif, un publicitaire à succès dans ce film sur le référendum qu’avait été contraint d’organiser, sous la pression, le dictateur Augusto Pinochet. Et qui avait conduit à son éviction le 5 octobre 1988.
"Celui qui doit me séduire, c’est le metteur en scène"
"J’ai adoré le scénario et j’ai rencontré le réalisateur en Bolivie. On a pas mal picolé. Faire un film c’est un peu comme coucher. Et pour coucher, il faut boire un coup. Ce qui me convainc, c’est le réalisateur. Je peux aimer l’histoire, mais celui qui doit d’abord me séduire, c’est le metteur en scène. No est une réflexion profonde sur la démocratie, un système plein de contradictions. Ce n’est jamais blanc ou noir et le personnage central prend conscience petit à petit qu’il peut changer les choses".
Le rôle est taillé sur mesure pour Bernal, militant à l'image de son glorieux aîné Harry Belafonte, en faveur de la justice sociale et qui fait ses choix de comédien en fonction de son engagement. "Beaucoup d'acteurs ne sont pas d'accord avec ça, mais je pense qu'on est responsable de tous ses films. Je suis intéressé par des projets qui posent des questions subversives, dangereuses".
Cela ne l'empêche pas de trouver Men in Black 3 très bien. "Je le dis parce que j'aimerais jouer dans le 4", plaisante-t-il, déclenchant une nouvelle vague de hurlements frénétiques...
La célébrité grâce à Pedro Almodovar et Walter Salles
Né à Guadalajara en 1978, ce fils d’acteurs qui se voyait docteur ou philosophe, tourne à 11 ans déjà dans des séries télévisées, fait du théâtre. Deux longs métrages mexicains le révèlent au grand public, Amours chiennes d’Alejandro Gonzales Inarritu en 2000. "Je ne savais rien du cinéma, mais je trouvais l’histoire excellente. Ce film a changé la vie de tous ceux qui y ont participé".
Puis on le découvre dans Et…ta mère aussi d’Alfonso Cuaron. Mais c’est en 2004 qu’il atteint la célébrité, faisant coup double à Cannes. Homo mal assumé dans La mauvaise éducation de Pedro Almodovar et Ernesto Guevara, avant qu’il devienne le Che dans Carnets de voyage de Walter Salles.
Passant lui-même en 2007 derrière la caméra pour Déficit, pour porter un regard sur la société mexicaine, il retrouvait l'année d'avant Inarritu avec Babel aux côtés de Brad Pitt et Cate Blanchett et jouait également dans La science des Rêves de Michel Gondry. A signaler que ce dernier opus ainsi que La mauvaise éducation ont été programmés à Locarno.