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  • Jeanne Balibar à la dérive dans "Im Alter von Ellen"

    Hôtesse de l’air, Ellen ne cesse de parcourir le monde dans des voyages qui ne la mènent nulle part. A l’image d’une existence toute tracée, sans intérêt et de relations aussi décevantes qu’insatisfaisantes. Et puis un jour, victime d’une crise de panique alors que son avion et sur le point de décoller de l’aéroport de Maputo, elle redescend soudain de l’appareil.

    Un geste symbolique dans la mesure où, en traversant la piste, elle se rend compte qu’elle va tout envoyer promener et se donner une chance de s’ouvrir à autre chose, de rencontrer d’autres gens, de vivre d’autres expériences. Après quelques errances, elle se joint d’abord à un groupe de jeunes défenseurs de la cause animale, avant de se retrouver au Mozambique.

    Même si l'oeuvre en lice pour le Léopard d'Or ne tient pas toutes ses promesses, il y a de la grâce et du talent dans Im Alter von Ellen, deuxième long-métrage de la réalisatrice allemande Pia Marais. Qui, après avoir longuement et vainement cherché une interprète dans son pays, s’est tournée vers Jeanne Balibar. Admirative du travail de Pia Marais, la comédienne française n’a pas hésité et du coup tient son premier rôle à l’écran dans la langue de Goethe.

    Une expérience dont elle se sort parfaitement pour l’avoir déjà fait deux fois au théâtre. «Cela m’amuse de jouer dans une langue qui n’est pas la mienne. Il est vrai qu'au cinéma c'est plus difficile parce qu’il faut comprendre tout de suite ce que disent les gens».

    Jeanne Balibar ne s’intéresse pas particulièrement aux animaux. «En tout cas je n’irais pas jusqu’à militer pour eux. En ce qui concerne le militantisme en général, c’est différent. J’ai vu arriver le sida et j’ai fréquenté des gens d’Act Up, qui ont la même approche que celle des activistes dans le film ».

    Mais la comédienne a évidemment surtout été attirée par le caractère d’Ellen, qui se trouve à un point de déséquilibre. C’est une figure émouvante, très présente dans l’histoire du cinéma. Je pense par exemple à Wanda, de Barbara Loden, Une femme sous influence de Cassavetes, Sue Lost In Manhattan, d’Amos Kollek. C’est très excitant de jouer... ou de ne pas jouer ce genre de personnage à la dérive».

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  • Pour Chiara Mastroianni, le cinéma c’est presque plus la vie que la vie

    Présente à Locarno dans deux films de Christophe Honoré, Homme au bain  l’un des prétendants au Léopard d’Or et Non ma fille tu n’iras pas danser dans la section Premi Speciali, Chiara Mastroianni  a aussi reçu vendredi soir, sur la Piazza, L’Excellence Award  Moët et Chandon. Un prix qui la gêne horriblement. «Quand j’ai vu la liste je me suis sentie coupable d’imposture», dit-elle avec modestie lors de la conférence de presse organisée par le directeur Olivier Père. Un admirateur de la fille du grand Marcello et de la belle Catherine Deneuve.   

    Des parents célèbres, mais classiques

    Charmante, Chiara parle avec un plaisir évident  de ses illustres parents. «Ils étaient plus classiques que leurs personnages et ils m’ont assez strictement élevée. J’ai eu une enfance raisonnable. Au lit à l’heure et pas de champagne à six ans…». Evoquant les films de son père, elle trouve que c’est une chance de pouvoir les revoir.  «Je les adore au-delà du fait qu’il joue dedans. Pour moi c’est vraiment un acteur»

    La jeune femme avoue aussi sa folle passion pour le cinéma. «Jouer c’est génial, comme entrer dans une autre dimension. C’est presque plus la vie que la vie. Cela me transporte tellement que j’ai de la peine à considérer ce métier comme un travail».

    Pourtant, contrairement à ce qu’on imagine, elle ne voulait pas être actrice très jeune. «C’est venu petit à petit. Ma mère, une cinéphile, m’a montré beaucoup de vieux films américains et italiens. Même si cela fait un peu cucul la praline de le dire, cela m’a ouvert  à un monde merveilleux. Mais comme je suis lente, le moment décisif, pour moi, fut la rencontre avec Melvil Poupaud, un copain d’école. Il m’a donné l’impulsion lors du bac ».

    Révélée par Xavier Beauvois

    Si son père était content qu’elle se lance dans la carrière, sa mère, inquiète, a plutôt cherché à l’en dissuader. «En même temps, elle est la première responsable. Elle m’a mis le pied à l’étrier en me laissant découvrir tous ces films. Donc il a bien fallu qu’elle se fasse à cette idée. Mère et fille se retrouvent dans Ma saison préférée, d’André Téchiné. «C’est ma première expérience auprès d’elle, mais nous n’avions pas de scènes ensemble. Le jeu à deux est venu plus tard. Dans Conte de Noël, où je suis sa belle-fille et où on se déteste».

    Chiara a beaucoup  travaillé avec de jeunes cinéastes, comme Arnaud Depleschin ou Xavier  Beauvois qui l’a révélée dans N’oublie pas que tu vas mourir, ainsi qu’avec des  grands, à l’image de Xavier Ruiz ou Manoel de Oliveira, qui l’a rendue célèbre avec «La lettre».  Heureusement qu’il y avait eu Xavier avant. J’ai toujours un peu mal au ventre au tournage et il a une façon de diriger très libératrice. Cela m’a énormément aidée, car  Manoel est terriblement exigeant. Il compose un tableau. Avec lui c’est se retrouver sur une autre planète Il est également d’une extrême précision, ce qui a contribué à m structurer.

    Presque toujours choisie

    Pour Chiara, ce sont les metteurs en scène qui font tout. «J’ai eu de la chance  à ce niveau-là". Et elle a presque toujours été choisie . «Avec Melvil, on a écrit une longue lettre à Coppola, mais on ne l’a jamais envoyée. Et j’ai sollicité deux réalisateurs. L’un c’était Vincent Paronnaud pour Persépolis. Comme c’était un dessin animé, je me suis montrée moins pudique. L’autre c’est Christophe Honoré pour Homme au bain.  Après Non ma fille tu n’iras pas danser,  j’ai appris qu’il avait un autre projet dont il ne m’avait pas parlé parce que c’était un film de garçons. Mais je l’ai persuadé qu’il avait besoin d’une femme. Cela dit, il faut se méfier des familles au cinéma. Cela peut vous rendre possessif des deux côtés».

    Côté envie enfin,  la comédienne, qui en dépit de son ascendance italienne, a toujours travaillé en France à l’exception d’un long-métrage avec Francesca Comencini, adorerait faire un film d’horreur avec Dario Argento.

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  • "L.A.Zombie" en compétition à Locarno, juste parce qu'il le vaut bien...

     Epineuse question existentielle, Olivier Père se moquerait-il ? Si je m’interroge, c’est parce qu’il a prétendu  n’avoir pas songé une minute à une éventuelle provocation et  donc sélectionné «L.A.Zombie» uniquement sur ses qualités artistiques. Après l’avoir vu, le doute n’est plus permis. Déjà après son bannissement du festival  de Melbourne, j’avais du mal à croire cette histoire. N’était-ce que par le ravissement de son réalisateur frétillant d’aise à l’idée de la publicité que cette interdiction allait lui faire pour Locarno, puis pour Toronto cet automne.

     A  propos de cette censure évidemment stupide, je me demande juste en passant pourquoi le Bureau australien de classification des films et de la littérature a cru bon de se justifier en disant que l’opus de Bruce La Bruce était «aux limites du porno».Elles  me paraissent pourtant  franchies. Olivier Père a  beau raconter qu’il s’agit d’un métrage d’art qui joue avec l’esthétique  des films d’horreur et du cinéma gay, c’est quand même un porno gore homo. Même si, outrageusement fabriqué, il en devient ridicule.

     La  chose, à peu près sans paroles heureusement, montre  une étrange créature  à la libido exacerbée  émergeant de l’océan sexe au vent, et qui se met à fouiller les blessures des morts de son immonde queue fourchue. Pour les arroser ensuite d’une semence tout aussi répugnante. Car c’est  un zombie compatissant. En réalité, il veut les ramener les malheureux à la vie. A commencer par un surfer victime d’un accident de voiture.

     Puis, traînant dans les endroits glauques de Los Angeles et se confondant avec un SDF schizophrène, notre zombie  tente de ressusciter un criminel en col blanc, un violeur, un drogué et un groupe de stars du X toxicomanes. Avant d’aller, fatigué des  dures réalités de la Cité des Anges, creuser une tombe dans un cimetière. Le tout sur fond d’hémoglobine et avec, dans le rôle principal, l’acteur de porno français François Sagat. Que l’on verra également aux côtés de Chiara Mastroianni dans « Homme au bain » de Christophe Honoré.

     Certes, tous les goûts étant dans la nature,  «L.A..Zombie» offre un intérêt pour les amateurs du genre qui y voient de la beauté visuelle et une certaine poésie. Mais le perturbant dans l’affaire reste, alors qu’il aurait pu par exemple faire l’objet d’un événement spécial, sa place en compétition. D’autant qu’il ne bénéficie pas du même traitement que les autres films en concours, montrés l’après-midi au FEVI, qui compte quelque 2500 places. Mais, celui-ci, interdit aux moins de dix-huit ans, a été projeté jeudi soir à 23 heures et le sera ce soir à 21 heures. Dans des petites salles de surcroît. Cherchez l’erreur. En effet quel dommage de priver une bonne partie du public d’un tel chef d’œuvre!

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