« Il a perdu les pédales… Cette fois, il a franchi la limite… Il faut être un pervers pour aimer ça…L’art n’excuse pas tout… » Il flottait comme une odeur de scandale à l’issue de la projection d’ «Antichrist », pendant laquelle les rires nerveux le disputaient aux sifflets. Ce qui n’empêche pas certains de crier au chef-d’œuvre, évidemment. Ca aurait pu être le cas d’ailleurs, un sublime prologue ouvrant l’œuvre divisée en chapitres. Avec des gros plans au ralenti et en noir et blanc sur un couple (Charlotte Gainsbourg et Willem Dafoe, uniques protagonistes ) faisant l’amour. Et puis, alors qu’ils atteignent la jouissance, leur enfant tombe par la fenêtre.
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Vous avez dit jubilatoire? Vous avez raison.
Heureusement, côté film noir, j’ai vu beaucoup mieux avec Jacques Audiard et «Un prophète», qui se passe dans le milieu pénitentiaire et raconte l’ascension criminelle de Malik, un jeune Arabe orphelin et analphabète, condamné à six ans. Tombé sous la coupe du vieux César, redoutable parrain corse qui règne sur les lieux avec potes, Malik a le choix entre plier, crever, ou faire marcher ses petites cellules grises…
Film transgenre aux accents oniriques «Un prophète» traite l’univers carcéral comme une métaphore de la société. «Dehors, dedans, finalement c’est pareil» remarque le réalisateur. «On apprend aussi à l’intérieur des choses qui peuvent vous servir à l’extérieur». Jacques Audiard, saute avec talent tous les obstacles. Il évite les clichés, la dénonciation, le côté documentaire en allant vers le fait de société et l’image de la prison créée par la série américaine.
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Ce Johnny-là n'est pas terrible. Audiard et Ang Lee oui
L’affaire était pourtant bien mitonnée à grand renfort de dithyrambes dans des quotidiens et magazines spécialisés français. On imaginait donc des lieux pris d’assaut pour la conférence de presse et une ruée d’enfer sur Johnny. Eh bien dans le genre non-événement on a été servi. Rarement même la salle n’avait été aussi désertée par les critiques. Mortifiant pour la légende du rock, qui n’intéressait que les photographes, pros ou amateurs, et quelques chasseurs d’autographes. Avant la montée des marches, certes…
Rien de très étonnant d’ailleurs à cette indifférence journalistique que laissait présager l’accueil assez mou, sur fond de rires et d’applaudissements moqueurs réservé à «Vengeance» lors de la projection du matin.