Vous avez dit jubilatoire? Vous avez raison. (19/05/2009)
Heureusement, côté film noir, j’ai vu beaucoup mieux avec Jacques Audiard et «Un prophète», qui se passe dans le milieu pénitentiaire et raconte l’ascension criminelle de Malik, un jeune Arabe orphelin et analphabète, condamné à six ans. Tombé sous la coupe du vieux César, redoutable parrain corse qui règne sur les lieux avec potes, Malik a le choix entre plier, crever, ou faire marcher ses petites cellules grises…
Film transgenre aux accents oniriques «Un prophète» traite l’univers carcéral comme une métaphore de la société. «Dehors, dedans, finalement c’est pareil» remarque le réalisateur. «On apprend aussi à l’intérieur des choses qui peuvent vous servir à l’extérieur». Jacques Audiard, saute avec talent tous les obstacles. Il évite les clichés, la dénonciation, le côté documentaire en allant vers le fait de société et l’image de la prison créée par la série américaine.
Un long-métrage de deux heures trente qui passent comme un éclair. Dur, sombre, violent, fascinant, haletant, il est de surcroît superbement interprété par Niels Arestrup (César) et tahar Rahim (Malik). Pas de doute, il y a du prix dans l’air.
Le concurrence fortement, dans un tout autre style, «Taking Woodstock», une comédie absolument irrésistible d’Ang Lee. Elle raconte la mise sur pied par hasard, en été 1969, d’un gigantesque concert par Elliot, le fils gay d’un couple d’hôteliers au bord de la faillite. Ce sera… Woodstock, qui changera sa vie, marquera sa génération et celles à venir.
Une fantastique aventure adaptée du livre d’Elliot Tiber, où Ang Lee se lâche avec volupté pour évoquer le terrain de jeux politique et social qu’était le monde des hippies, en dépit de la guerre du Vietnam. Comme il était très difficile de reconstituer le concert, la musique n’est pas la réalité de l’événement. C’est Elliot, interprété par l’excellent Demetri Martin, qui en est le centre. Un tout petit centre évidemment face au mégaphénomène iconique.
Sex, drug, rock et humour, il y a tout pour s’éclater dans cet opus qui a rendu son réalisateur heureux et en paix. Comme les centaines de milliers de jeun qui ont envahi les champs à l’époque. «Pendant des années, j’ai fait des tragédies douloureuses. Là, je voulais une comédie dramatique sans cynisme. Et en 2008, j’ai découvert «Woodstock», Pour moi, cela symbolise la fin de l’innocence d’une génération, qui prend ses distances avec ses parents. Et au-delà de son aspect comique, cela provoque des émotions et des réflexions sur ce que signifie le changement pour les gens».
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